Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

573

NICOLAS D’AUTRECOURT

574

4. Quod universum est per/ectissimum… et propter hoc oportet tam totum quant parles esse eterna nec transire de non esse in esse, nece converso. L., p. 38*, 1. 18. — La perfection suprême de l’univers exige l’éternité des choses, soustraites à la génération et à la corruption. — Nous voici à la seconde partie du Iractatus primus : non seulement nous ne sommes pas certains de la corruption, mais les choses même n’y sont point sujettes. Déjà le premier argument procède de ce principe : illud est ponendum in universo ex quo apparet major per/eclio in universo, si ad positionem illius sequitur nulla impossibilitas. Comme il est meilleur et n’est point impossible aux choses permanentes d’être éternelles, elles le sont en effet. Bodl., fol. 6 v°, col. A. Le troisième argument introdiit la notion eu Tout et de sa perfection suprême : totum perfeclissimum per inclusionem omnis pcrfecli nis et per exclutionem omnis imperfectionis, in quo nulla estdifjormilas. Arislote même accorde que l’univers est un Tout parfait. Mais la perfection du tout exige la perfection des parties : une maison en ruines fait une ville imparfaite, in deformitate civitalis videtur redundare ruina contingens circa domum aliquam illius civilatis ; de même, dans l’univers : deformitas circa partem contingens ndundat in deformitatem tocius. Mieux vaut éternité que non-éternité ; la perfection du Tout, en soi et dans ses parties, c’est l’éternité. Bodl., fol. 6 v°, col. B. Génération et corruption feraient l’univers imparfait. Il faut se référer ici au premier prologue de notre manuscrit, seconde partie, texte que nous allons examiner bientôt. Bcdl., fol. 2 r°, col. B ; fol. 2 v°, col. A. Voir ci-dessous 7.

5. Quod quicquid est in universo est melius ipsum quam non ipsum. L., p. 38*, 1. 24. — Quelque aspect de l’univers que l’on considère, il est meilleur qu’il en soit ainsi qu’autrement. — Cela suit la considération du Tout et de sa perfection. Considérons les pcities de l’univers : l’une peut être imparfaite par comparaison à une autre, mais aucune, prise absolument, n’est imparfaite, d’une imperfection telle qu’il vaudrait mieux qu’elle ne soit point, nihil est in universo quod sit simpliciter inperfeclum quin sit iprum melius non esse. Il faut, en effet, prendre le bien comme mesure des choses, constiluere in universo bonum promensura, et, pour rendre raison, reddere caus m quare, que cela soit, et pas l’opposé, dire que c’est mieux, melius est hoc esse quam suum oppositum. Bodl., fol. 6 v°, col. B. Nous reparlerons de ce principe du meilleur, cidessous 7.

6. Quod duo individuel ejusdem speciei, cum veniunt ad sensum et tntelleclum ut eadem res omnino, sunt eadem omnino. L., p. 38, 1. 26. — Voici deux blancheurs : ici, celle de Pierre, là, celle de Jean ; l’une et l’autre me sont données comme du blanc ; je dois les considérer comme une même blancheur, malgré la dualité des lieux et des sujets. — Après avoir déduit de la perfection de l’univers l’éternité de ses paities, Nicolas renc r ntre une objection : ce qui fait la perfection de l’univers, ce ne sont pas les individus, mais les espèces ; aussi bien, celles-ci sont éternelles, mais ceux-là peuvent naître et mourir. A cette vision aristotélicienne du monde, Nicolas oppose un dilemme : qu’entendez vous par espèces ? des concepts ou des réalités ? S’il s’agit de simples concepts, extérieurs à la nature des choses, les espèces ne peuvent faire la perfection de l’univers. Il faut donc entendre par espèces une réalité : cliquid unum omnino de se, realiter inexistens omnibus individuis ipsius speciei. Dans la perspective commune, cette réalité spécifique est « individuée » par des différences surajoutées, per difjerentias individuales superaddilas. Mais Nicolas n’a que faire de ces différences : les choses de même espèce viennent au sens et à l’intellect, in prima ejus cemprehensione,

distinguées seulement par leurs places : ila quod intellectus non distinguerel nisi esset diversitas silus. Bodl., fol. 6 v, col. B ; fol. 7 r°, col. A. — Nous retrouvons ici un point de vue de la première partie du primus Iractatus, où notre proposition se lit presque textuellement : il s’agit de montrer qu’il n’y a pas corruption des qualités sensibles ; nous en venons à la troisième voie : il disparaît une chose colorée ; je vois la même couleur sur un autre objet ; la couleur n’est donc pas corrompue, si c’est la même. Objection : il n’y a que similitude, pas identité, simile et id’m specie, sed non idem numéro. Nicolas va faire l’espèce absolument une : a rébus que veniunt apud sensum et intellectum ut eedem omnino, ita quod… intelleclus non ponil distinctionem, non debes negare aliquem gradum ijd(mptitalis… La diversité tient uniquement à la position dans l’espace. Bodl., fol. G r°, col. B. — Notre proposition place les qualités sensibles dans une perspective platonicienne, où, soustraites à la conuption, leurs sujets et leurs places leur sont extérieurs : la blancheur devient une blancheur séparée, albedo separala, Bodl., fol. 6 r°, col. B ; la blancheur ne se corrompt pas, elle cesse de se communiquer à un sujet, en un lieu : non corrumpitur…, sed solum discommunicatur. Bodl., fol. 7 r°, col. A.

7. Quod premialio benorum et punilio malorum per hoc fit… L., p. 38*, 1. 31. — Nicolas propose, en fonction de son atomisme, deux manières de concevoir que les bons soient récompensés et que les méchants soient punis : M. Gilson donne une analyse complète de cette proposition, op. cit., p. 118-119. —Nous quittons, avec cet article, le Iractatus primus pour la secunda pars primi prologi. Il s’agit de prouver l’éternité des choses à partir de la perfection de l’univers. Nicolas pose cemme une nécessité d’ordre, une exigence de justice que les bons soient récompensés et les mauvais punis : illa conclusio videtur verior secundum quam potest salvari reprimacio bonorum et punicio malorum. Or, du point de vue aristotélicien, l’homme qui meurt passe au néant, et ne peut recevoir ni récompense ni peine : secundum positionem Arislotelis de corrupeione rerum non potest salvari, quia, cum unusquisque homo transiat ad non esse simpliciter quanlun ad omne sibi proprium, non videtur intelligibile quod unus participel plus de bono quam alius. Au contraire, du point de vue de l’éternité des choses, Nicolas propose la double explication que notre article a retenue. Bodl., fol. 2 v°, col. B. — Nous remettons à plus tard l’examen de l’artifice dont se sert ici Nicolas pour échapper à l’hérésie ; c’est Vexcusalio vulpina qui suit, dans la Discussio et le traité. L., p. 39*, 1. 8 ; Bodl., fol. 2 y, col. B.

Note sur le principe du meilleur dans le premier prologue, première partie, de P « Exigil ordo… ». — Le texte De reprimatione bonorum et punilione medorum est précédé rar un exposé des principes qui permettent de déduire de la perfection de l’univers l’éternité de ses parties. A propos de l’argument que nous lisons dans le primus iractatus : omne totum perfectum, (cf. supra, 4) et de l’objection qu’on lui a faite : quod parlicularia non sunt de perfectione univers, (cf. supra, G), Nicolas nous découvre les principes de son argumentation. Cette declaralio principiorum nous donne quatre principes. Bcdl., fol. 2 r°, col. A.

a) Premier principe. — Qucd bonum est apud intellectum pro mensura in quanti ficandoentia, et universaliler in determinando disposiliones contingentes in eis, ut accipial ( ?) quo^ enlia universi sunt rectissime disposita, et quod sic res sunt sicut bonum est eas es-se, et sic non sunt sicut malum esset eas esse. — Cette proposition s’impose, une fois considérée les choses de l’art et celles de la nature : inspecto eo quod conlingit in retus nature et in rébus arlis.