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74 ; ’NOMI.N AI.ISME. PROBLEME DE I, A RELATION

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que la pensée divise ce que la réalité unit, intellectus

est natus dividerc adunalu in re in ea ex qui bus componitur, q. ni, G.

Diviser, pour l’intellect, c’est concevoir l’un s ; ins l’autre, intelligere unum non intelligendo reliquum, ibid., H.

Une telle division est possible entre objets réellement distincts quoique unis dans la réalité, tels que matière et forme, substance et accident : adunala in re sunt aliqua mulla distincla realiter facientia, tamen unum in re, sicut se habent materia et forma, subjectum et accidens et Iwjusmodi, ibid.

Une telle division est impossible à l’intérieur d’un objet dont l’unité exclut la distinction réelle : quod tamen a et b sint una res et a non distinguatur realiter a b, et tamen quod intellectus dividat a a b, intelligendo a et non intelligendo b, vele converso, est impossibile, ibid.

La distinction réelle est comme l’articulation des choses que suit la pensée en les divisant.

d) Du point de vue de la foi, la distinction réelle sépare des choses que Dieu peut créer à part.

Nous devons accorder à Dieu de pouvoir faire tout ce qui ne nous paraît pas contradictoire, ainsi de pouvoir séparer des choses distinctes : ce qui est séparable devant notre pensée est séparable par la puissance divine. Nous retrouverons cela ; cf. infra, col. 764 sq.

Interprétée théologiquement, la distinction réelle nous mène du réel au possible.

Le problème de la relation : l’idée d’absolu.

La théorie des distinctions est un centre, d’où les perspectives doctrinales apparaissent très nettes et simples.

Jetons un regard en arrière, sur le problème de l’universel : s’il n’y a ni distinction formelle, ni distinction de raison, les questions vi et vu sont résolues aussitôt ; quant aux questions iv et v, où l’universel et le singulier ont entre eux une distinction réelle, ils y paraissent deux choses dont chacune peut être conçue et exister même à part de l’autre : absurdité ; cf. loc. cit., q. v, D : si in individuo essent talia duo realiter distincta non videtur includere contradictivnem quin unum istorum possel esse sine allero.

Envisageons maintenant un nouveau problème, celui de la relation, problème capital : « Une philosophie particulière de la relation contient, en effet, en abrégé tout un système, une conception de l’univers et de ses rapports et même une métaphysique religieuse, puisqu’elle trouve des applications les plus délicates dans les mystères de la Trinité et de l’Incarnation ». E. Longpré, La philosophie du B. Duns Scot, dans Études franciscaines, nov.-déc. 1923. p. 589 ; cf. infra, col. 777. Nous allons pouvoir donner de la position d’Occam un exposé très simple, d’après la Summa totius logiez, Venise, 1522, au lieu de suivre l’ordre complexe des questions du Commentaire, t. I, dist. XXX, q. i-iv ; t. II, q. n.

Il s’agit de montrer quod relatio non sit distincta ab absolulis : il y a, dans le monde, des choses posées chacune en soi, absolument ; tels sont par exemple les termes des relations, mais la relation même est essentiellement tournée vers autrui, relatio sive ad aliquid : a-t-elle de quelque façon une réalité distincte de ses termes absolus ? cf. / Sent., dist. XXX, q. i, A : …omnis relatio aliquid a parle rei quoeumque modo distinctum ab omni absoluto, q. ii, A. …respectus… importare aliquas res quoeumque modo distinctas a rébus absolulis. Le problème de la réalité du rapport, comme celui de la réalité de l’universel, c’est une question de distinction. Sachant qu’il n’existe dans la réalité que la distinction réelle, nous nous demanderons seulement si, entre la relation et ses termes, on peut mettre une distinction réelle. En face de Scot, Occain définit la seule voie qui s’ouvre à lui : si tenerem qued relatio.esset aliqua res, dicerem cum Johonne quod esset res distincte a fundamenlo, et discordando dicerem quod cmnts relatio differt realiter a fundamenlo… Cujus ratio est : quia queeeumque creatura alleri comparala est eadem sibi realiter vel differt realiter quia non porta distinclionem formaient in creaturis, II Sent., q. ii, H. La théorie des distinctions nous force de choisir entre une relation réelle, réellement distincte de ses termes, et l’inexistence de la relation. C’est le point de vue de la Summa totius logiese : Quidam… ponant… quod relatio non est alia res extra an imam distincta realiter et totaliter a re absoluta et a rébus absolutis… Alii autem ponunt quod relatio est qitœdam res quæ non plus est res absoluta quant homo sit asinus, sed est distincta realiter et totaliter a re absoluta et a rébus absolutis, l a pars, c. xlix. Nous nous sommes demandés si à l’universel correspondait un mode d’existence propre, un esse in pluribus ; nous nous demandons maintenant si la relation a une réalité originale, esse ad aliquid. Dans les deux cas, Occam, appuyé sur la théorie des distinctions, répond : impossible.

1. Les nomina relativa.

Le problème de la relation se pose dans la même logique du langage que celui de l’universel. Les relatifs se définissent comme des noms, grammaticalement : aliqua nomina sic sua signiftcata signiftcanl quod absolute possunt de aliquo prædicari absque hoc quod addatur eis casus obliquus allerius dictionis, sicut : aliquis est homo quamvis non sit alicujus homo, et sic de aliis casibus obliquis. Alia nomina sic sua significata signiftcanl quod de nullo verifteari possunt nisi vere et convenienter posset addi eis casus obliquus alterius dictionis, sicut impossibile est quod aliquis sit pater nisi sit alicujus pater, et impossibile est quod aliquid sit simile nisi alicui sit simile, ita quod isla nomina : pater, filius, causa, simile et hujusmodi de nullo possunt afflrmari vere, si significative sumantur, nisi vere et convenienter possit eis addi respeclu ejusdem alicujus casus obliquus ; et omnia TALIA NOMINA VOCANTUR NOMINA PELATIVA, IcC. cit. « Socrate est homme » : homme signifie Socrate absolument ; on n’est pas homme de ou à… ; — « Socrate est père… » : père signifie Socrate relativement ; on est père de… Homme est signe de Socrate, ou de son fils, d’individus, substances existant en toi et portant des qualités, dont chacune existe dans sa substance ; substances et qualités sont des absolus. La question est de savoir si père n’est signe que de la réalité absolue de Socrate et de son fils, ou s’il signifie en plus une troisième réalité, distincte de ces deux absolus, lien de l’un avec l’autre.

2. Absurdité du réalisme de la relation.

Comme il y a un réalisme des universaux, qui leur fait signifier une réalité distincte des singuliers, il y a un réalisme des relatifs, qui leur fait signifier une réalité distincte des absolus ; et le second n’est pas moins absurde que le premier.

En voici une preuve : Omnem rem quam Deus conservât sine alia re potest Deus de novo producere etiam si illa res alia non sit vel nunquam fuisset ; si ergo paternitas qua refertur pater ad ftlium sit alia res a pâtre et ftlio, et Deus eam conservât sine generalione, quia illa prœlerita est, ergo potest vel poluil Deus eam palernitatem de novo producere etsi nunquam fuisset illa generatio, et per consequens poterit aliquid esse pater illius quem non gentil. Si la paternité est une chose distincte de l’être qui a engendré, Dieu peut donner la paternité à un être qui n’a jamais engendré. Nous ne rapporterons pas d’autres arguments. Occam d’ailleurs ne nous les donne pas tous : Alite rationes innumerabiles possunt adduci pro hac opinione quas causa brevilatis perlranseo, loc. cit.

Il nous suffit de tenir le principe de telles raisons : la distinction réelle fait les choses qu’elle distingue se-