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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/425

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NOVATIEN. CAUSES DE LA CRISE


t. III, c. vin. P. G., t. lxvii, col. 1053 C, qui est d importance. Inutile de relever ici Jes quelques allusions que lont aux novatiens les Pères de la grande époque, Athanr.se, Basile, Grégoire de Nazianze. Au début du v c siècle, la correspond ; nce d Isidore de Peluse en fait plusieurs lois mention. Epist.. I. c. cccxxxviii, cccxxxix, P. G., t. Lxxvin, col. 252, 377. Au tournant du vi’-vne siècle. Euloge d’Alexandrie avait rédigé centre eux un traité considérable en six livres, dont Photius nous a laissé une analyse substantielle. Bibliolh., cod. 182 (il y revient cod.208), indication sommaire ; cod. 280, analyse très détaillée, P. G., t. ciii, col. 532-533, 677 ; t. civ, col. 325-356. Entre temps les hérésiologues les avaient catalogués : Épiphane, liserés., lix, Koerà KaGapwv, P. G., t. xli, col. 1017-1037, dont la notice est plus polémique qu’historique ; Thccdoret, Hærel. /ub. eemp., III, v, P. G., t. Lxxxiii, col. 405-408, qui est fort hrei. Il faut au moins signaler le souvenir que les j ; cobites ont conservé de la crise novatienne et ces arguments versés alors au débat. Voir le Synaxaire arabe jacobite, au 12 kibak (8 décembre) où est signalé le concile réuni par Corneille contre Novatien, P. O., t. iii, fasc. 3 (1909), p. 434-435. Toutes ces allusions, toutes cas réfutations montrent du moins que, durant trois siècles, l’Église novatienne est, pour l’Église catholique, un adversaire que l’on prend au sérieux.

2. En Occident.

C’est Ja même impression, mais atténuée, que donnent, pour îcs IVe et v c siècles, les documents occidentaux. - - Au dire de Jérôme, Réticius, évoque d’Autun à L’époque constantinienne, avait écrit grande volumen adversus Novalianunt (Vir. ill., 82) qui ne s’est pas conservé. Mais les renseignements historiques sur le prêtre romain et son Église, ne sont jamais très précis. L’inscription rédigée par le pape Damase en l’honneur de saint Hippolyte, voir t. vi, col. 2488, montre l’incertitude où l’on est en 380, sur les divers schismes romains du iiie siècle. Les traités qui se sont conservés ressortissent plutôt à la polémique théologique qu’à l’histoire proprement dite. C’est le cas du Contra Novatianum, inséré dans le recueil pseudo-augustinien des Qusestiones Veteris et Novi Testamenti, n. eu, P. L., t. xxxv, col. 2303-2313, et mieux édit. A. Souter dans le Corpus de Vienne, t. l, p. 199-224 (voir sur cette curieuse dissertation A. Harnack, dans Abhandlungen Al. von Œttingen gewidmel, Munich, 1898, p. 54) ; c’est le cas de la notice de Philaslrc de Bresciu, Hseres., lxxxii, P. L., t.xii, col. 1194-1195 ; du traité de saint Ambroise, De psenitentia, P. L., t. xvi (éd. de 1860), col. 485-546 ; des lettres de Pacien de Barcelone adressées au novatien Sympronianus, P. L., t. xiii, col. 1051-1082 ; de la très courte notice de saint Augustin dans le De hæresibus, 38, P. L., t. xlii, col. 32. Quelques détails intéressants à glaner dans les œuvres de ce même docteur. Voir table alphabétique générale, au mot Novaliani, P. L., t. xlvi, col. 463. De même dans l’œuvre de saint Jérôme ; voir table générale, P.L., t. xxx, col. 1082. Le Prædeslinatus, n. 38, ajoute peu de choses à nos connaissances, P. L., t. un, col. 598.

II. Reconstitution des événements.

- Preenolandum. - Les sources latines donnent à peu près toutes au prêtre romain qui a déclenché la crise du milieu du iiie siècle le nom de Novatien, et distinguent de celui-ci un prêtre carthaginois appelé Noval, qui s’y est trouvé mêlé. Les adhérents du prêtre romain auraient dû régulièrement se nommer Novalianenses (novatianistes), et en fait Cyprien a, au moins une fois, employé ce mot, Epist., lxxmi (73), n. 2, Hartel, p. 797, J. 10. Mais, en général, c’est le mot Novaliani (novatien) qui a prévalu en Occident, et ce nom, donné à la secte, a réagi à son tour sur ie nom du fondateur, que l’on a fini aussi par appeler quelquefois

Novat. Cf. S. Augustin, Conl. Crescon., II, i, 2, P. L., t. xi. iii, col. 468 ; De hæres., n. 38 (et le I rœdeslinatus, n. 38).

Les sources grecques écrivent d’ordinaire Nocudc-roç, Noouà-roç, NaëtxToç, eî ne peuvent, dès lors, distinguer le prêtre de Rome de celui de Carthage, ce qui amène parfois des confusions. Pour ce qui est des partisans de Novatien, ils sont appelés Na>ja-n.avo£, Nooua-riavoL Mais, au début du moins, on les désigne volontiers par le nom qu’ils se sont eux-mtmes donné : ot xa0àpot, les cathares, les purs, (Eusèbe, Épiphane, Jérôme, Théodoret ) et le nom a encore conservé quelque vogue dans les âges suivants. Le nom de cathares donné aux néomanichéens du Moyen-Age n’a rien de commun avec celui-ci.

La crise novatienne est essentiellement une protestation rigoriste contre la facilité avec laquelle, au lendemain de la persécution de Dèce, les dirigeants des grandes Églises ont admis à la réconciliation ecclésiastique ceux qui avaient failli. Pour en saisir tout le sens il faut donc commencer par décrire sommairement la discipline pénitentielle antérieure, on comprendra mieux, de la sorle ; les adoucissements que l’on fut obligé d’y apporter et la protestation des intransigeants contre ces mesures.

1° La discipline pénitentielle dans la première moitié du ni 1 siècle. - Sans vouloir entrer ici en de grands détails sur les débuts de l’organisation pénitentielle (voir l’art. Pénitence), et quoi qu’il en soit des divergences qui se peuvent remarquer vers Ja fin du iie siècle dans la pratique des diverses communautés, on peut poser que le rigorisme est, au début du ine siècle, la règle à peu près générale. Sans se prononcer sur le caractère irrémissible de certaines fautes particulièrement graves, l’Église ne juge pas à propos de réintégrer au sein de la communauté ceux qui s’en sont rendus coupables etqu’elle a été amenée à exclure. On peut épiloguer sur la façon dont s’est établie la liste des trois fautes capitales, idolâtrie, fornication (adultère), homicide, qui mettent définitivement le pécheur en dehors de l’Église, sans espoir certain de réconciliation même à l’article de la mort. Mais l’existence de cette discipline sévère (qui n’est pas forcément primitive) nous semble très suffisamment établie dans les débuts du ine siècle. Seule la question de la réconciliation in articulo morlis, laisse place à des doutes.

Une première brèche a été faite à la sévérité par les mesures miséricordieuses prises soit à Rome (Calliste) soit en Afrique (Agrippinus), mesures contre lesquelles s’insurge avec véhémence le De pudicilia de Tertullien, sans compter Hippolyte de Rome, à qui fait peut-être écho Origène à Alexandrie. Ces protestations n’avaient pas empêché la discipline plus douce de faire son chemin. Au temps de saint Cyprien, en Afrique, on considérait comme normal d’absoudre, après une pénitence convenable, ceux qui s’étaient rendus coupables de péchés graves de la chair. Voir Cyprien, Epist., iv (62) (vierges consacrées qui auraient fauté). Il y avait eu pourtant et, scmble-t-il, assez récemment des contradictions sur ce point. Apud anlecessores nostros quidam de episcopis istic in provincia nostra dandam pacem mœchis non putaveruntet in totum pœnitentise locum contra adultérin cluscrunt, écrit Cyprien, Epist., i.v (52), n. 21 ; mais ces contradictions n’avaient pas amené de schismes ; le primat de Carthage ne voyait dans cette attitude qu’une manilestation de ce pouvoir discrétionnaire des évoques, dont il parle si souvent : Mancnte concordise vinculo et persévérante catholiae Ecclesiie individuo sacramento, actum suum disponit et dirigit unusquisque episcopus, rationem propositi sui Domino îedditurus. Jbid. Mais la règle générale, en Afrique, était à ce moment d’accorder la récon-