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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/517

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    1. ONTOLOGISME##


ONTOLOGISME. EN FRANCE

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Annales de phil. clirét., avril 1868, p. 273, celui de Magnier, professeur au séminaire de Reims, « qui avait publié en 1853 la troisième édition de son Compendium philosophix. » Or. sur la question de l’origine des idées, Magnier, au moins dans les premières écitions rie son livre, était certainement aussi ontologiste que Branchereau, si toutefois les Observations sommaires sur l’ouvrage intitulé : Compendium philosophiæ, auctore il/…, olim philosophie professore, qu’on lit dans les Annales de phil. ctrét., février 1852, p. 113-125, se rapportent bien à l’ouvrage de Magnier. Voici, en effet, ce qu’on y trouve : « L’idée de l’être, en tant qu’elle est l’idée de l’être absolu et nécessaire, ne doit point être confondue avec l’idée de l’être en général… L’idée de l’être absolu, intérieurement présente à notre esprit, constitue l’essence même de l’intelligence et de la raison humaine, et nous ne pouvons jamais affirmer quelque chose sans l’intervention de cette idée de l’être… L’être infini, perpétuellement présent à notre intelligence, est toujours perçu par elle, et cette perception produit en nous les idées pures ; c’est pourquoi les défenseurs de cette théorie s’efforcent d’établir ("eux choses, sur lesquelles toute leur doctrine repose : 1° toutes les idées pures ne sont rien autre chose que l’idée de l’être simple, consiriérée sous ses divers aspects : 2° cette idée de l’être simple est la perception même de cet cire existant réellement, et non l’idée pure, abstraite, de l’être en général. » P. 122-123.

Outre ces cours de philosophie, continue Bonnetty, lor. cit., p. 274, l’ontologisme avait ses journaux et ses revues. La feuille ollicielle de ces enseignements était sans contredit L’Ami de la Religion, dont l’influence était grande parmi le clergé, et la parole redoutée… Le Correspondant lui venait en aic’e, et soutenait rie sa publicité tous les ouvrages qui propagaient l’ontologisme. Enfin en 1861, les partisans de cette doctrine voulurent avoir un organe propre, et établirent à Toulouse : La Revue de l’année religieuse, philosophique et littéraire, ou tableau annuel des principales productions de la théologie, de la philosophie, de l’histoire et de la littérature… Cette revue cite les Éludes théologiques, rédigées à Paris par les Pères rie la compagnie de Jésus, comme adoptant et propageant l’ontologisme. » Ainsi, au dire de Bonnetty, quatre revues, dont l’une, il est vrai, celle de Toulouse, n’a vécu que trois ans, auraient plus ou moins favorisé la diffusion de l’ontologisme en France.

Ces généralités dites, nous allons donner quelques détails particuliers sur quelques écrivains français dont les noms ont été mêlés à l’histoire de l’ontologisme. Nous suivrons l’ordre alphabétique, car tous le auteurs dont nous allons parler sont sensiblement contemporains.

1° L’abbé Blampignon « ancien maître de conférences à l’école des Cannes, ancien professeur de logique au grand séminaire de Troyes et au lycée d’Angoulême », publiait en 1862 une Étude sur Malebranche d’après des documents manuscrits, suivie d’une correspondance inédile. C’est un de ceux dont Bonnetty se vantait, cf. supra, col. 1003, d’avoir combattu l’ontologisme. Fut-il vraiment ontologiste pour son compte ? Oui et non, répondait Bonnetty, Annales, novembre 1862, p. 345 : « oui, si l’on relit tous les éloges qu’il donne à Malebranche… Non, si on lit les pages où il dénonce le péril de ses théories mystiques et de celles de ses disciples, entre lesquels il nomme Gerdil, Gioberti et M. Branchereau, dont il blâme la proposition suivante : realitu* quæ menti nostnp, tanquam idea, objieitur, est Deus soins, proindeque Deum immédiate, et omnia in illo percipimus. »

2° Bonald est cité par J. Fabre, Réponse…, p. 12, note : « Je ne saurais assez le répéter, nous pensons l’être de Dieu dans les idées générales, même lorsque

nous ne pensons pas à son existence, ou même que nous la nions par nos idées particulières… Il est le Dieu caché, comme il s’appelle lui-même, caché dans le monde intellectuel sous le nom de vérité… »

3° Branchereau, nous l’avons dit plus haut, avait publié à Clermont-Ferrand en 1849, puis à Nantes en 1855, ses Prselectiones philofophicæ ; voir Annales de phil. chrél., avril 1868, p. 270-271. quelques détails sur ces deux éditiens. En 1862, vculant en denner une nouvelle édition, il résuma sa doctrire, russi fidèlement que possible, en 15 propositions, et y joignit un Mémoire explicatif et apologétique. Le tout fut présenté au souverain pontife par l’archevêqie de Tours, au nom de l’évêque de Nantes, avec pricre de déclarer si le jugement prononcé à Rome, le 18 septembre 1861, s’appliquait aussi aux propositions soumises ainsi au tribunf 1 du Saint-Siège. » Extrait de la brochure L’Onlolvghme jugé par le Saint-Siège, par le P. Kleutgen, tri duite par le P. Sierp, professeur au grand séminaire de Rouen, Paris. 1867, dans Annales, ibid., p. 265. Perce que (es 15 propositions ne se trouvent pas facilement, ncus croyens ben de les reproduire ici.

1. In cogitatione duo essentialiter distinguenda >unt, subjectum cogitans et objectum cegilali m. — 2. Objectum cogitatum iterrm duplex dislingiiti r, eus simpliciler et ens secundum quid. — 3. Per ens simpliciler intelligimus ens reale, conercttm et infinile pt —rftctuni, proinde qie essentialiter dislineti m ab ente in perere, qued nihil aliud est quam abstractio mentis ; i no verbo ens simpliciler est Deus. — 4. Ens simpliciler est necessario existens, entia auteni secundum quid concipi possi nt sive in statu existentire sive in statu niera— possibilitatis. — 5. In statu possibililatis spectala entia secundi ni quid sunt aliquid a’ternum et necessariuni ; in slatu vero existentiæ sunt aliquid temporaneum et contingens. — 6. Realitas alterna et necessaria entiem quatenus possibilii iii, ci m in se non existât, in ente necessario, id est in Deo, contineri débet. Hsec realitas vocatur essentia metaphysica. — — 7. Essentioe igitur non possunt aliird esse quam ideæ divinse seu archetypa, ad quorum norniam Deus omnia producit. — 8. Essentiæ metaphysicæ qua— in nimeroindefinito individuoruni actuari possunt, constituunt realitatem objedivain idearum universalium. — 9. Actuatio essentiarum fit per creationem qua Deus a possibilitate ad existentiam aliquod ens transire facit, non quidem ens suum communicando, sede nihilo extrahendo ad norniam archelypi in seipso contenti. — 10. Igitur res creatæ in nullo sensu Deus dici possunt, nec aliquid entis divini in se liaberc. — 11. Realitates quatenus intelligibiliter mentem afficiunt, vocamus : proinde idea> relative ad intelleeti ni nostruni ideas sunt aliquid objectivuni ; operatio auteni qua ittas appreliendinius, est perceptio ideatis. — 12. A primo existentiæ instanti mens perceptioneideali fiuitur, non quidem réflexe, sed directe. — 13. Inter veritates intelligibiles quas ideatiter appreliendinius, imprimis reponitur Deus cujus intelleetio, licet ab intuitione bcatoruni essentialiter distincta, non ad imagineni repra’senlativam, sed ad Deum ipsum terniinatur. — 14. Essenlias rerum nietaphysicas qua> a nobis cognoscuntur, in intellcctu divino appreliendinius ; actuabilitas autem eortim nobis innotescit per conceptum potestatis creatricis Deo competentis. — 15. Res creatas nec in Deo nec in se ideatiter appreliendinius. Illarum autem cognitio sic produeitur : 1) animaiu noslrain cognoscinius per sensu m inlimum seu per conscient iam ; 2) res vero creatas ab anima distinctas per invincibile ji diciuni in veracitate divina fundatini, qtio aliqram issentiani allirmanius per creationem fuisse actuatam. Annales, ibid., p. 265-267.

4° L’abbé Cauperl, professeur de philosophie au grand séminaire de Versailles, auteur d’un savant ouvrage : la Théorie des relations considérée comme la base de la science et du progrès actuel, se disait « ancien élève de l’école idéologiste de Louvain ». Annales, janvier 1853. p. 80.

5° L’abbé Chassai/, professeur de philosophie au gland séminaire de Baveux, auteur d’une apologie du christianisme qui s’intitule : Le mysticisme catholique,