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- NESTORIUS##
NESTORIUS, L’ACCORD DE 433
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A cause de cette union
exempte de tout mélange,
nous confessons que la sainte
Vierge est Mère de Dieu,
parce que Dieu le Verbe
s’est fait chair, s’est fait
homme, et s’est uni, depuis
le moment de la conception,
le temple qu’il a pris de
celle-ci. En ce qui concerne
les expressions évangéliques
et apostoliques relatives au
Seigneur, nous savons que
les théologiens emploient
les unes indistinctement,
comme se rapportant à une
seule personne (prosôpon),
et distinguent les autres,
parce qu’elles s’adressent
à l’une des deux natures,
celles qui conviennent à
Dieu, à la divinité du Christ,
celles qui marquent l’abais sement à l’humanité.
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Sùo çùascov— xal ~àç fiÈv
Oso-pErrsIç (lat. : di ùiniores nique altiores) xarà ttjv
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Se Tarceivàç (lat. : humi liores) xaz’k tt)v àv0pa>7rô TrjTa aÛToG TrapaSiSôvTaç.
Texte grec dans P. G., t. lxxvii, col. 172 et 176 ; latin dans P. L., t. lxviii, col. 983.
2. Origine et signification. — Chose intéressante à signaler, et que l’auteur du Synodicon avait déjà notée, la partie essentielle de ce texte n’est pas autre chose que la profession de foi, émise à Éphèse par le concile de Jean et transmise à l’empereur. En voici le texte, dans le latin du Synodicon :
Illorum namque paucorum verborum recta ? fidei (se. symboli Nicieni) confessio sufficit et omnem hæreticum errorem convincere et veritate volentes imbuere. Neque enim de his quæ ad Unigeniti divinitatem pertinent, prsedicta sanctorum fides Patrum hue atque illuc ferri permisit, sed consubstantialitatem prsedicans, inconcusse intellectus fidelium præmunit, Arianam destruens ha-resim, et [de] dispensatione integerrimos terminos tradidit, inconvertibilitatem nos et immutabilitatem divinitatis Vnigeniti docens et non esse hominem purum Dominum nostrum Jesum Christum, sed rêvera Filium Dei credi pra>cipiens, consona divinis sanctisque Scripturis. Inde et nos illa sequentes, lîdei quidem confessionisque expositioni neque adjicimus quicquam neque subtrahimus, sufllciente ad omnia expositione paterna ; quoniam vero, imperatores piissimi, pnecepistis post hune assensum inviolabilis fidei et de sancta et Dei genetrice virgine innotescere nos vestrae insuperabili pietati…, et hoc a Deo auxilium postulantes (ultra hominem namque est de talibus disceptare), innotescimus pietati vestra>, qua ? sumus ex divinis Scripturis edocti, non quasi contra incomprehensibilia quodlibet audentes, sed confessione propria’infirmitatis his qui contra nos temptant assurgere, praxlaudentes in quibus illa qiiif sunt ultra hominem, [disceptamus].
Les considérants de ce long préambule sont encore reconnaissables dans le texte plus court de 433 : outre les longueurs, on en a finalement éliminé les allusions qui auraient pu paraître désobligeantes, en particulier le rapprochement avec l’arianisme de la doctrine que l’on prêtait (de manière fort injuste d’ailleurs) à saint Cyrille. La profession de foi proprement dite recouvre très exactement celle de 433 :
Confitemur igitur Dominum nostrum Jesum C.hristum, filium Dei unigenitum, Deum perfection et hominem perfection ex anima rationali et corpore, ante sa’cula quidem ex faire natum secundum deitatem, in fine vero dierum eundem propter nos et propter nostram salutem de Maria virgine secundum humanitatem, consubstantialem Patri eundem secundum divinitatem et consubstantialem nobis secundum humanitatem. Duarum vero naturarum unitio facta esl, propter quod unum C.hristum, unum Dominum, umim Filium confitemur. Secundum hune inconfusa— unionis intellectum confitemur sanctam Virginem Dei genetricem, propter quod Deus Verhum incarnatus est et inhumanatus et ex ipsa conceptione sibimet uniit templum quod ex
ipsa suscepit. Hæc a deiloquis viris edocti, evangelistis, apostolis atque prophetis et his qui per singula tempora pia> fidei fuere doctores, nos quoque exposuimus in brevi capitulo. Synod., n. 105(17), A. C. O., i, 4, p. 56-57 ; P. G., t. i.xxxiv, col. 608-609.
La finale du texte de 431, comme on peut le voir aisément, a été transformés dans le document de 433, et a donné naissance à un paragraphe nouveau sur la répartition entre les deux natures du Christ des expressions scripturaires. Ce développement vise, à coup sûr, le 4e anathématisme cyrillien, qui semblait interdire de diviser entre deux hypostases (au sens de natures) les termes scripturaires relatifs aux opérations du Christ. Cette addition est de considérable importance.
Plus remarquable encore est le fait que les Orientaux aient exigé que saint Cyrille reconnût la légitimité de l’expression vaôç X’/jepOsîç, pour désigner l’humanité assumée par le Verbe divin. Le 11° anathématisme s’était élevé contre cette manière de parler. Enfin, la reconnaissance très explicite de l’union des deux natures était aussi, de la part de Jean, une exigence d’importance et tout à fait caractéristique. Si l’on ajoute à ces considérations, tirées de l’origine et du contenu du symbole soumis à la signature de Cyrille, le fait qu’au dire de Libératus le texte en avait été délibéré dans une réunion tenue à Antioche (réunion à laquelle Théodoret ne pouvait manquer d’assister), on ne pourra qu’applaudir au sens théologique et à l’énergie dont Jean fit preuve en cette circonstance.
3. Acceptation du formulaire.
Semblablement, il faut louer sans réserve l’esprit de conciliation que montra saint Cyrille dans la discussion de ce projet de traité. Sans doute les choses n’allèrcnt-elles pas avec la belle rapidité dont parle Libératus : In quam urbem (Alexandriam) veniens Paulus, écrit-il, et gralissime a Cyrillo susceptus est, et sine difficuttate vel contenlione, ut a muftis putabatur, memoratam fuiem Orientalium suscepit episcoporum. Breviar., c. vin ; P. L., t. i. xviii, col. 983 D. Retardées par une maladie de Cyrille, les négociations semblent avoir traîné, plusieurs mois et avoir obligé Paul à un voyage à Antioche. Plusieurs lettres intéressantes échangées à ce sujet entre Cyrille et Acace de Bérée, Cyrille et Jean, figurent dans la Coll. Atheniensis et ont été publiées pour la première fois par E. Sclrwartz, n. 95, 107, 108, 115, 116. Tout finit par s’arranger. Au printemps de 433. Paul d’Émèse apportait à Antioche la fameuse lettre I.œtentur cseli, rédigée par l’évêque d’Alexandrie, et qui constatait l’accord entre les deux grands sièges sur les questions de doctrine. Cyrill. epist., xxxix, P. G., t. lxxvii, col. 173-181 ; coll. Valicana, n. 127, A. C. O., i, 1, 4, p. 15-20 ; pour les diverses versions anciennes, voir p. 15.
La célèbre lettre, en effet, après quelques mots de préambule écartant les pénibles incidents des années passées, se félicitait en termes magnifiques de la paix rendue à l’Église. Transcrivant le symbole de foi envoyé par Jean d’Antioche, saint Cyrille constatait qu’il ne pensait pas différemment : tolùzoliç ôlzôjv Èvtu)(c>vts< ; iode, kpatç çwvaïç, outw te xal éauTOÙç cppovoùvTaç sùptaxovTeç, èSoÇâaafiEV… 0e6v. Col. 177 H. Pour plus d’exactitude encore, et pour couper court à certains bruits fâcheux que l’on faisait courir sur son compte, il répudiait énergiquement l’idée que le corps du Christ ne serait pas « consubstantiel » au nôtre. Enfin, se référant à la lettre de saint Athanase à Épictcte, dont il avait été question au début des pourparlers (voir col. 120), Cyrille, qui s’était aperçu de différences notables entre les divers exemplaires, en envoyait à Antioche une copie ant lient ique ; il se ralliait ainsi implicitement à cette tessère d’orthodoxie.