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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/109

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ORDRE. CONCILE DE TRENTE


sensible, est un sacrement, le rite sensible ayant son origine dans les gestes mêmes de Jésus-Christ et dans l’imposition des mains employée par les apôtres dans l’ordination. Quant à la grâce communiquée, elle est nettement affirmés par saint Paul, II Tim., i, 6-7. L'Église a toujours considéré que l’ordre comportait une sorte de consé -ration, fixe et immobile, qui ne peut pas être détruite, de telle sorte qu’il est impossible qu’un prêtre, une fois validement ordonné, redevienne laïque. De même que l’ordre est sacrement, il est sacrement un et non multiple, car les différents degrés, distincts entre eux, convergent vers le seul sacrifice et sacrement de l’eucharistie, de telle sorte qu'à l’exemple de la hiérarchie céleste, la hiérarchie des ordres est constituée sous un chef unique suprême, le pontife romain, vicaire de Jésus-Christ. Si quelqu’un affirme que tous les chrétiens sont également prêtres ou jouissent également entre eux d’un pouvoir spirituel égal, il bouleverse la constitution de l'Église, cette armée bien ordonnée, et, contre l’enseignement de saint Paul, professe équivalemment que tous sont apôtres, tous docteurs, tous évangélistes, tous pasteurs. Aussi le concile déclare-t-il que les évoques font partie dé la hiérarchie ecclésiastique, que non seulement ils diffèrent des prêtres, mais qu’ils leur sont supérieurs, car ils sont les successeurs des apôtres. Ils administrent le sacrement de confirmation, ordonnent les ministres de l'Église et peuvent remplir d’autres fonctions dont les ministres inférieurs n’ont pas le pouvoir. Ainsi donc, ceux qu’ordonnent les évêques sont validement et légitimement ordonnés, et le consentement ou l’appel de la foule des fidèles ou d’un pouvoir séculier quelconque ne sont requis à aucun titre pour la validité de telles ordinations. Bien au contraire, ceux qui entreraient dans le saint ministère autrement que par la vraie porte, c’est-àdire par l’autorité du pouvoir ecclésiastique, doivent être considérés comme des larrons et des voleurs.

Les canons projetés condamnaient la doctrine hérétique et inculquaient le dogme catholique.

1. Si quelqu’un dit qu’il n’y a pas dans le Nouveau Testament de sacerdoce visible et externe, ou qu’il n’existe pas de pouvoir de consacrer et d’offrir ie corps et le sang du Seigneur, et de remettre ou de retenir les péchés devant Dieu, mais qu’il n’existe qu’une charge et un simple ministère de prédication de l'Évangile et que ceux qui ne prêchent pas ne sont à aucun titre prêtres, qu’il soit anatlième. — 2. Si quelqu’un dit qu’outre le sacerdoce, il n’y a pas dans l'Église catholique d’autres ordres inférieurs et moyens, qui tendent comme des degrés vers l’ordre du sacerdoce ; ou que l’ordre est une fiction humaine, inventée par des hommes ignorants des choses ecclésiastiques, qu’il soit anathème. — - 3. Si quelqu’un dit que l’ordre ou l’ordination sacrée n’est pas proprement et en vérité un sacrement institué par Jésus-Christ, ou s’il nie l’unité de ce sacrement, ou s’il professe que c’est un simple rite employé pour choisir les ministres de la parole et des sacrements, qu’il soit anathème. — 4. Si quelqu’un affirme que l’ordination ne confère aucun pouvoir spirituel et indélébile, et que celui qui est devenu prêtre peut redevenir laïque ; ou que le Saint-Esprit n’est pas donné par elle et que c’est en vain que les évêques disent aux ordinands : Recevez le Saint-Esprit, qu’il soit anathème. —

5. Si quelqu’un dit que l’onction sacrée dont se sert l'Église, non seulement n’est pas requise dans la callation des ordres, mais qu’elle est nuisible et méprisable, ainsi que les autres cérémonies de l’ordre, qu’il soit anathème. —

6. Si quelqu’un dit qu’il n’existe dans l'Église catholique et apostolique aucune hiérarchie ou aucun principat sacré, mais que tous les chrétiens sont également prêtres et d’un pouvoir spirituel égal, qu’if soit anathème. —

7. Si quelqu’un dit que les évêques ne sont pas supérieurs aux prêtres, ou qu’ils n’ont pas le droit d’ordonner, ou, s’ils ont ce droit, qu’il leur est commun avec les prêtres ; s’il professe que tes ordres conférés sans le consentement ou l’appel du peuple ou du pouvoir séculier sont invalides et que ceux qui, sans être régulièrement ordonnés et

envoyés par l’autorité ecclésiastique et canonique viennent d’ailleurs, sont néanmoins des ministres légitimes de la parole et des sacrements, qu’il soi'/ anathème. Conc. Trid., éd. cit., p. 38-41.

Au cours des réunions générales qui suivirent, un certain nombre d’amendements de détails furent demandés, ayant pour but d'éclaircir ou de pré-iser certains points de doctrine ou parfois aussi de réparer certaines incorrections de forme. Ainsi, par exemple, on fit observer qu’il était moins correct de présenter les ordres inférieurs comme s' élevant vers le sacerdoce ; ce sont les ministres qui, par les différents ordres, s'élèvent au sacerdoce. Au r/roî7 d’ordonner, on préférait l’expression : pouvoir d’ordonner. Les exemples scripturaires choisis pour démontrer que l’ordre est un sacrement paraissaient à plusieurs assez contestables. Tel demandait qu’on insistât davantage sur le caractère indélébile ; tel autre sollicitait des explications relatives à l’onction, etc. Mais les principales instances portent sur la doctrine relative à l'épisco^ pat. L’archevêque de Grenade, en Espagne, fit observer tout d’abord qu’il était inexact de parler des degrés ordonnés au sacerdoce en qui ils trouvent leur consommation. N’est-ce pas équivalemment dire que l'épiscopat n’est pas le suprême couronnement de tous les ordres ? Parlant de la supériorité des évêques, il aurait fallu dire de quel droit — et ici il s’agit d’un droit divin — ils sont supérieurs aux simples prêtres. Les évêques, en effet, sont institués de droit divin et par le Christ ; c’est donc en vertu du même droit qu’ils sont supérieurs aux simples prêtres. L’archevêque de Grenade développa les arguments par lesquels il pensait prouver cette assertion. Une dernière question concerne l’origine de la juridiction des évêques. Quel que soit le mode d'élection, cette origine est immédiatement divine. Toutes ces vérités doivent être affirmées par le concile. Conc. Trid., p. 48-51.

L’archevêque de Rossano exhorta le concile à ne pas s’aventurer sur ce terrain. A son avis, il n’est pas absolument sûr que la tradition catholique considère l'épiscopat comme de droit divin ; il est moins clair encore que tous les auteurs tiennent la supériorité de l'épiscopat sur le simple sacerdoce comme de droit divin. Et enfin, la plupart des théologiens et canonistes admettent que la juridiction épiscopale dérive immédiatement dn pape. Conc. Trid., p. 52-59.

La thèse de l’archevêque de Grenade trouva de nouveaux champions dans la personne des évêques de Ségovie, d’Orense et d’Ugento. Mais, avec un grand souci des nuances, l'évêque de Città di Castello sut montrer les inconvénients d’une définition trop absolue. « Cette addition, déclara-t-il, que les évêques sont supérieurs aux prêtres de droit divin, est équivoque. S’il s’agit de la supériorité du pouvoir d’ordre, la conclusion est vraie, indubitable et catholique… Si nous comprenons cette supériorité de droit divin par rapport au pouvoir de juridiction, il faudra distinguer la juridiction au for interne de la pénitence (en quoi les évêques ne sont pas toujours supérieurs aux prêtres) et la juridiction externe coercitive, et sur ce point, les évêques sont supérieurs aux prêtres. Mais encore, il n’est pas sûr d’affirmer que les évêques tiennent cette supériorité de juridiction de droit divin immédiat. » Et l'évêque conclut qu’il suffira de dé. Tarer que les évêques sont supérieurs aux simples prêtres, de droit divin, quant au pouvoir d’ordre ; on laissera de côté la question de la supériorité quant au pouvoir de juridiction, dont on n’a pas d’ailleurs à parler en statuant sur la doctrine du sacrement de l’ordre. Conc. Trid., p. 92-94.

Le général des jésuites soutint une thèse opposée à celle de l’archevêque de Grenade. Laynez distingue avec soin, lui aussi, le pouvoir d’ordre et le pouvoir