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ORDRE. LES THEOLOGIENS MORALISTES
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tenant peu de place en morale, c’est surtout sur la spéculation dogmatique que l'étude de l’antiquité chrétienne a eu sa répercussion. II est donc tout à fait conforme à la nature des choses de prendre en bloc la théologie morale de l’ordre depuis le concile de Trente jusqu'à nos jours. D’une manière générale, après avoir brièvement rappelé les solutions du dogme touchant l’existence, l’essence, la matière et la forme, le sujet et le ministre du sacrement de l’ordre, la théologie morale envisage minutieusement les cas pratiques soulevés par l’application des principes sur tous ces points. Elle est souvent de la casuistique. Très souvent aussi, elle déborde le cadre propre de la théologie pour faire de nombreuses incursions dans la discipline de l'Église et il est fort difficile, dans les traités De ordine, de faire le partage entre ce qui est proprement théologique et ce qui relève du droit canonique. Aussi, tout en réservant au Dictionnaire de Droit canonique sa matière et ses auteurs propres, devrons-nous ici faire mention de moralistes, parfois doublés de canonistes. Nous répartirons nos indications en deux séries, selon qu’elles concernent les auteurs ayant écrit avant saint Alphonse des Liguori, ou ceux qui ont écrit postérieurement.
1. Avant saint Alphonse de Liguori.
Bien que ce coup d’oeil rétrospectif sur les moralistes antérieurs à saint Alphonse ne présente presque aucun intérêt pratique pour la question qui nous occupe, il est néanmoins utile de savoir à quelles sources est allé puiser le fondateur de la théologie morale moderne. Il est facile de se reporter à l'édition Gaudé pour connaître les noms de ses principaux devanciers. Quelques-uns de ces devanciers pourraient même encore aujourd’hui être consultés avec profit.
La théologie morale de l’ordre est exposée par Henriquez († 1608), Summa theologise moralis, Venise, 1600 ; Azor († 1608), Institutiones morales, Lyon, 1625, t. XIII, part. I ; Sanchez († 1610), Consilia seu opuscula moralia, Parme, 1723, 1. VII ; Bonacina († 1631), Opéra de morali theologia, Venise, 1683, disp. VIII ; Castropalao († 1633), Opus morale, Venise, 1721, tract, xxvii ; Trullench († 1644), Opus morale, De sacramentis, Barcelone, 1701, 1. VI ; Coninck († 1633), Commentant ac disputationes in universam doctrinam S. Thomx de sacramentis et censuris, Anvers, 1616, disp. XX ; Laymann († 1635), Theologia moralis, Venise, 1630 ; Diana († 1663), Resolutiones morales, Lyon, 1645-1662 ; Gobât († 1679), Opéra moralia, Venise, 1749 ; Tamburini, S. J. († 1765), Theologia moralis, Venise, 1726 ; Wigandt († 1708), Tribunal con/essariorum et ordinandorum, Vienne, 1703, revu et augmenté par Fr. Vidal, Venise, 1754 ; Lacroix († 1714), Theologia moralis, Milan, 1724, 1. VI ; Sporer († 1714), Theologia moralis, Venise, 1731 ; Elbel († 1756), Theologia moralis sacramentalis, Venise, 1733 ; Gobât († 1679), Opéra moralia, Venise, 1749 ; Holzmann (| 1748), Theologia moralis, 1737-40 ; Antoine († 1743), Theologia moralis universalis, Rome, 1748 ; etc.
Tout en passant sous silence les canonistes proprement dits, il ne faut pas omettre un certain nombre de théologiens, dont l’exposé s’inspire assez fréquemment des dispositions du droit. Tels Filiucci († 1622), Quxstionum moralium, Lyon, 1634, tract, ix ; Réginald († 1623), Praxis fori pxiiitentialis, Cologne, 1633, 1. XXX ; Barbosa († 1649), De oflicio et potestate episcopi, dans Opéra omnia, Lyon, 1657-68 ; Rosati, Summa de sacris Ecclesiæ ordinibus, Rome, 1777 ; Dicastillo († 1653), De sacramentis disp. scholasticæ et morales, Anvers, 1646-52 ; Fagnano († 1678), dans son commentaire sur les Livres des Décrétales, Venise, 1764 ; et surtout Amort, théologien concis et exact, Theologia eclectica… Vienne et Wurzpourg,
1752, t. m ; et Pierhing († 1670), De ordinatione et ordinandis, Dilingen, 1659. On doit faire une place tout à fait à part à Benoît XIV, spécialement pour son ouvrage De sijnodo, et signaler les ouvrages de Caspar Biesman († 1714), Sacramentum ordinis, Cologne, 1694 ; Tractatus theologico-moralis de sacris ecclesiasticorum ordinibus, Cologne, 1695.
2. Saint Alphonse de Liguori. — Le mérite de saint Alphonse est d’avoir, pour ainsi dire, codifié dans un exposé très suivi toutes les données dogmatiques, mais surtout morales et canoniques relatives au sacrement de l’ordre. Son traité se divise en deux parties. La première se rapporte à l’ordre lui-même, sacrement, essence, matière et forme, conditions de validité dans la manière de l’administrer, ministre du sacrement et toutes questions dogmatiques, morales et canoniques se rappoitant au ministre. La deuxième partie est uniquement consacrée au sujet et de l’ordination : ordination des enfants, des irréguliers ; obligation d'être confirmé ; lettres dimissoriales ; examen de la science ; interstices et ordination par degrés ; lieu de l’ordination ; âge requis ; probité de la vie ; obligation du célibat ; obligation de posséder un titre ; obligation de porter l’habit ecclésiastique et la tonsure. Édition Gaudé, t. iii, p. 744 sq. Le traité de saint Alphonse, comme celui de Hallier et de Tournély, forme un tout théologique, embrassant pour ainsi dire toutes les questions relatives à l’ordre. Les écrivains postérieurs s’efforce ront, de plus en plus, de se spécialiser, les uns dans le dogme, les autres dans la morale ou le droit canonique ; toutefois, morale et droit voisineront toujours beaucoup par la force même des choses.
3. Après saint Alphonse de Liguori. — Il suffit ici de rappeler les noms des meilleurs auteurs récents de théologie morale. Tous, à la question des sacrements, exposent la doctrine et la discipline catholique sur l’ordre : Scavini, Ballerini-Palmieri, Berardi, Bucceroni, d’Annibale, Cl. Marc, Aertnys, Lehmkuhl v Millier, Génicot revu par Salsmans, Haine, Gury et ses nombreuses éditions, Noldin revu par Schmitt, plus récemment Prummer et Vermeersch, tels sont les auteurs dont les noms se présentent spontanément à l’esprit. Ajoutons quelques canonistes, dont il est impossible de ne pas faire mention à propos de l’ordre : Ojetti dans sa Sijnopsis ; Wernz et son com mentaire sur les Décrétales ; Gasparri, Tractatus canonicus de sacra ordinatione, Paris, 1894 ; S. Many, Pnrlecliones de sacra ordinatione, Paris, 1905 ; Vermeersch-Creusen, Epitome juris canonici, Malines, 1921 ; Cappello, De sacramentis, vol. iv.
6° Ouvrages ascétiques et mystiques sur le sacrement de l’ordre et l’ordination. — Cette partie de la théologie ne saurait être négligée. Dès le xve siècle, saint Bernardin de Sienne exaltait le sacerdoce, non sans quelque exagération dans la comparaison des pouvoirs du prêtre avec ceux du démon, des anges et de la B. V. Marie. Sermo XX, a. 9, c. vii, dans Opéra, Lyon, 1650, t. i, p. 98. Mais depuis le concile de Trente, en raison même de la fondation des séminaires et de la formation toute spéciale que l'Église entend donner à ses jeunes clercs et des soins dont elle entoure la persévérance et la sanctiflction de ses prêtres, toute une littérature s’est multipliée au sujet des saints ordres, de la préparation et des vertus qu’ils exigent. Nous nous contenterons de signaler ici les ouvrages plus importants et plus connus.
Nous devons, avant tout, signaler le très sûr interprète du concile de Trente, le catéchisme ad parochos, part. III, De ordinis sacramento, n. 30-33.
1. Fin du xvie et XVIIe siècle. — Dès le temps du concile de Trente, le cardinal Tolet écrit son Instructio sacerdotum ac de septem peccatis souvent