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    1. ORIGÈNE##


ORIGÈNE. DIEU, LA TRINITÉ

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tout en restant Dieu. II a pris un corps en tout semblable au nôtre, sauf qu’il est né del a Vierge et de l’Esprit Saint. Il est vraiment né et a vraiment souffert, il est vraiment mort et non en apparence, il est vraiment ressuscité des morts et, après avoir conversé avec ses disciples, il est monté au ciel.

Ensuite, la tradition apostolique associe au Père et au Fils, en honneur et en dignité le Saint-Esprit lui-même. Est-il engendré ou non, doit-il ou non être considéré comme Fils de Dieu, cela n’apparait pas clairement…

L'Église enseigne aussi que l'âme est une substance douée d’une vie propre qui, au sortir de ce monde, sera traitée suivant ses mérites, héritière de l'éternelle béatitude, si ses actions l’en ont rendue digne, asservie aux supplices et au feu éternel, si ses fautes l’y ont précipitée. Mais un jour viendra où les morts ressusciteront, lorsque le corps semé dans la corruption se lèvera incorruptible, et semé dans l’ignominie, se lèvera glorieux.

Un autre point incontesté de l’enseignement de l'Église, c’est le libre arbitre de l'âme raisonnable…

L'âme se transmet-elle par génération, en vertu des forces séminales des corps, ou a-t-elle une autre origine ? en ce cas, est-elle engendrée ou non ? est-elle infusée du dehors dans le corps humain ou non ? Autant de questions que l’enseignement de l'Église ne tranche pas d’une manière absolue.

Quant au diable et à ses anges et aux puissances ennemies, l’enseignement de l'Église nous en apprend l’existence, mais sans exprimer nettement quelle est leur nature et leur manière d'être. Cependant, la plupart sont d’avis que le diable fut jadis un ange et qu’il entraîna dans sa défection un grand nombre de ses compagnons appelés maintenant ses anges.

Un autre point de la doctrine ecclésiastique est que ce monde a été fait et qu’il a commencé à un certain moment et qu’il se dissoudra un jour en vertu de sa corruptibilité native. Mais on ne sait clairement ni ce qui existait avant ce monde, ni ce qui existera après lui…

L’Esprit-Saint, auteur des Écritures, leur donne, outre le sens qui est à la surface, un autre sens qui » échappe au plus grand nombre. Ses récits sacrés sont les types et les figures des mystères divins…

Le terme d’incorporel, presque inusité d’ailleurs, est absent de l'Écriture… Nous rechercherons cependant si la notion de l'être incorporel tel que l’entendent les philosophes, n’existe pas sous un autre nom dans l'Écriture…

Encore un article de l’enseignement de l'Église, l’existence des anges et des vertus célestes que Dieu emploie pour le salut des hommes. Quand furent-ils créés, et dans quel état, quelle est leur manière d'être, la foi ne nous l’apprend pas clairement.

Le soleil, la lune, les étoiles, sont-ils animés ou non, nous ne le savons pas avec certitude. De princ, I, procem., P. G., t. xi, col. 115-121.

Cet exposé est caractéristique. On regrette que le texte original en soit perdu, car nous ne pouvons pas vérifier si Rufin n’a pas, ici ou là, tranformé la pensée d’Origène. D’une manière générale, il semble pourtant assuré que la traduction est fidèle et rend d’une manière exacte les idées de l’auteur. Il s’agit maintenant de voir comment sont précisés et expliqués par le docteur alexandrin les dogmes traditionnels.

Dieu.


Dieu est unique. Tel est le point de départ de la foi, et Origène, qui rappelle souvent ce dogme, ne croit pas nécessaire d’en fournir une démonstration développée. Il insiste par contre sur la nature de Dieu, dans la mesure où celle-ci peut être connue par les forces de la raison.

Dieu est simple et incorporel. « Il n’est ni un corps, ni dans un corps, mais c’est une nature intelligible, d’une absolue simplicité, qui n’admet en soi rien d’emprunté et qui, n'étant susceptible ni de plus ni de moins, est absolument une monade ou plutôt une unité, entendement suprême, source et principe de toute nature intellectuelle ou de tout entendement. Or l’entendement, pour se mouvoir et pour opérer, n’a besoin ni du lieu, ni d’une grandeur sensible, ni d’une forme corporelle, ni de la couleur, ni d’aucune autre des choses qui sont propres au corps ou à la matière.

Nature simple qui est toute pensée, elle ne peut trouver d’obstacle qui retarde ou ralentisse son action : sans quoi sa simplicité serait altérée et le principe de toutes choses serait composé et non pas un. » De princ, I, i, 5-6. Cf. In Joan., xiii, 21 ; Contra Cels., VI, 71.

Dieu est au-dessus de toutes les catégories du créé. Vérité en soi, il est supérieur à la vérité, à la sagesse et aussi à la lumière véritable, In Joan., ii, 23 ; il est au-dessus de la vie, In Joan., xiii, 3 ; il est au-dessus de l’intelligence et de l'être, Contra Cels., VII, 38 ; il est supérieur à la substance en dignité et en puissance, Contra Cels., VI, 64 ; cf. In Joan., xix, 6.

Un Dieu, tellement transcendant, ne peut guère être connu par la raison, ou tout au moins par le raisonnement : Celse pense, dit-il, qu’on peut connaître Dieu, en composant sa notion de celle d’autres choses ou en la séparant de toutes les autres ou par analogie, et qu’ainsi l’on peut, jusqu'à un certain point, se frayer un chemin pour arriver au vestibule du Souverain Bien. Mais le Verbe de Dieu, en disant que personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils l’a révélé, déclare que Dieu ne peut être connu que par une grâce divine innée à l'âme, non sans Dieu, mais avec un certain enthousiasme. Il est en effet vraisemblable que la connaissance de Dieu dépasse la nature humaine (c’est pourquoi les hommes commettent tant d’erreurs au sujet de Dieu), mais qu’elle est accordée à certains hommes par la bonté de Dieu et par son amour pour le genre humain, c’est-à-dire qu’elle est don merveilleux et divin. » Contra Cels., VI, 44. Encore faut-il bien remarquer qu’Origène ne prétend pas se réfugier dans l’agnosticisme. La foi traditionnelle suffirait à le retenir ici ; et, après avoir enseigné que Dieu est au-dessus de toute catégorie créée, il précise la nature ou la qualité de certains de ses attributs.

Avec toute l'Église, Origène affirme aussi que Dieu est le créateur, le créateur de l’univers, le créateur du ciel. Il déclare encore que Dieu est bon ; bien plus, qu’il est le bien en soi. De princ., i, ii, 13 ; In Matth., xv, 10 ; In Joan., xiii, 25. Il est la vie en soi et il est essentiellement actif : sans doute, Origène combat et condamne la notion stoïcienne de la Providence, Contra Cels., VI, 71 ; il n’en déclare pas moins que, conformément à sa bonté, Dieu condescend au secours des hommes, non pas dans l’espace, mais par sa Providence. Contra Cels., V, 12. Demeurant immuable en son être, il vient en aide aux affaires humaines par sa Providence et son gouvernement. Contra Cels., IV, 5.

Il est à peine besoin d’ajouter que, pour Origène, Dieu est absolument impassible : lors donc que l'Écriture lui attribue des passions, particulièrement la colère, elle emploie des images qui doivent être interprétées, de même lorsqu’elle parle de son repentir. In Jerem., hom. xviii, 6 ; De princ, II, iv, 4, etc.

Ajoutons enfin qu’Origène déclare limitée la puissance de Dieu : « Nous ne nous réfugions pas dans cette affirmation que tout est possible à Dieu, car nous savons fort bien qu’il ne faut pas entendre ce terme « tout » des objets qui n’existent pas ou que l’on ne peut concevoir. Nous disons aussi que Dieu ne peut commettre des actes mauvais. Autrement Dieu aurait le pouvoir de cesser d'être Dieu. En effet, si Dieu accomplit un acte vil, il n’est pas Dieu. » Contra Cels., V, 23 ; III, 70 ; De princ, II, ix, 1 ; IV, iv, 8.

La Trinité.


L’unité de Dieu n’exclut pas en lui la trinité des personnes ; et Origène enseigne avec beaucoup de précision : rju-etç [iiv-rot. ye Tpeîç Û7too-t<xctsiç 71re166(i, evoi TUYX<*vet.v, tàv LTarspa xal tôv Ttov xal tô aytov ITvsGjjia. In Joan.. n. 6, P. G., t. xiv,