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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/23

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ORDINATIONS ANGLICANES. INSUFFISANCE DU RITE


au contraire, ces paroles, « Reçois le Saint-Espril », ne se trouvent pas avant le xiie siècle dans les rituels connus d’Orient et d’Occident, Martène, op. cit., c. vii, art. x, n. 14. Les présenter comme étant la forme essentielle du sacrement de l’ordre, c’est introduire une forme nouvelle dans l’administration d’un sacrement, ce qui n'était pas au pouvoir de l'Église anglicane. Si Notre-Seigneur n’a pas déterminé luimême, en détail, tous les éléments essentiels de chaque sacrement, il a dû nécessairement confier à son Église le pouvoir de le faire. Elle seule peut déterminer ce qui est nécessaire et conforme à la volonté du Christ pour que le rite produise son etïet. Toute autre forme n’aura de valeur, sa légitimité mise à part, que par sa conformité substantielle avec les formes admises et approuvées par l'Église. Si des modifications et des additions ont été apportées dans leurs rituels par des Églises particulières, elles ne touchèrent en rien à la partie essentielle ; elles eurent pour but d’amplifier certaines formules, de préciser par des cérémonies particulières le sens de l’ordination ; et tout cela fut accompli avec l’approbation au moins tacite de l'Église. Ce ne fut certainement pas le cas, nous le verrons plus loin, dans l'Église anglicane.

2. Les oraisons consêcraloires.

Laissant de côté

ces formules impératives, examinons ce qui, dans l’Ordinal anglican, correspond au canon consécratoire des autres liturgies et qui constitue vraiment la forme du sacrement de l’ordre.

La collation de chacun des trois ordres commence par une prière « Die ; i Tout-puissant », qui pourrait, en elle-même, être considérée comme une forme suffisante : l’office conféré y est indiqué et la grâce divine est implorée pour l’ordinand, afin qu’il serve Dieu fidèlement dans l’ordre reçu, ul lam orc quam bono exempta libi in hoc officio fideliter deseruiat. Ces mots se retrouvent dans les trois prières ; cf. Denny et Lacey, op. cit., p. 221, 228, 239. Mais cette prière du début n’est pas toujours récitée par l'évêque consécrateur et elle est éloignée de l’imposition des mains. Y aurait-il encore l’union morale requise entre la matière et la forme ? Le P. Harent, s’appuyant sur le cardinal Gasparri, Tract, can. de sacr. ord., t. ii, n. 1079, le croit. La /orme sacramentelle dans les ordinations anglicanes, dans les Éludes, t. i.xviii, p. 177. Cf. de Lugo, De sacrum, in génère, disp. III, sect. v, § 99. Dans le Pontifical romain, en effet, l’imposition des mains est séparée de la Préface, que l’on considère comme la forme de l’ordination sacerdotale par la prière Exaudi. Mais le cas n’est pas le même dans l’Ordinal anglican, où l’interruption est plus longue, où cette prière du début est séparée de l’imposition des mains par une inonition et par l’examen. Enfin, dans ces trois prières, les mots « in hoc officio » ne peuvent déterminer dans le bon sens les fonctions de diacre, de prêtre et d'évêque, comme nous le verrons à propos du canon consécratoire.

a) Diaconat. — II n’y a pas de canon consécratoire pour le diaconat qui, par le fait, ne peut être conféré validement. La forme impérative ne peut être retenue ; la prière du début, également, étant trop éloignée de l’imposition des mains pour constituer un rite valide.

b) Prêtrise. — Le canon consécratoire de la prêtrise, précédant immédiatement l’imposition des mains, est la prière suivante :

Omnipylens Deus, Pater cælestis, qui ex infinita tua caritate et bonitate erga nos dedisti nobis unicum et dilectissimum Filium tuum Jesum Christum, ut sit Redemptor noster et auctor vitæ sempiterme ; qui post redemptioneni nostram morte sua perfectam, et ascensionem suam in cselos, dimisit in mundum Apostolos suos, Prophetas, Evangelistas, Doctores et Pastores ; per quorum laborem et

ministerium in omni regione mundi magnum gregem collegit quo nominis sancti tui laus aeterna celebraretur ; pro bis tantis aeternæ Une bonitatis beneficiis, et propterea quod hos présentes famulos tuos vocare dignatus es ad idem oflieium et ministerium in salutem humani gencris institution, gratias tibi ex animo referimus, laudamus et adoramus te : suppliciter rogantes, per eumdem Filium tuum, ut omnibus aut hic aut alibi nomen tuum invocantibus tribuas gratum tibi animum pro liis et ceteris beneficiis luis exhibere, et in cognitione et fide tui et Filii tui per Spiritum sanction quotidie crescere et proficere : adeo ut tam per hos ministres tuos, quam per eos super quos constituti fuerint ministri, sanction nomen tuum in aeternum glorificetur, et amplificetur benedictum regnum tuum ; per eumdem… Trad. Iat. de Denny et Lacey, op. cit., p. 234.

La trame extérieure du canon consécratoire est assez bien conservée dans cette prière : elle comprend un préambule, rappelant la rédemption et la mission des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des docteurs et des pasteurs ; une seconde partie où l’on désigne l’office conféré et une troisième, où est implorée la grâce divine. On remarquera tout de suite l’insuffisance de ces deux dernières parties. Quel genre de ministère est conféré ?… Ad idem offlcium et ministerium in salutem humani generis institutum… Malgré leur apparente précision, ces termes sont bien vagues : hos ministros tuos peut désigner tous les membres de la hiérarchie ; ils conviendraient également à des ministres protestants. Le rapprochement avec le ministère des apôtres, évangélistes, etc., ne précise pas suffisamment ; on ne dit pas comment ces ministres sont leurs coopérateurs dans l’office de sauver le genre humain. Non seulement le titre de la fonction sacerdotale ne s’y trouve pas, mais aucun des pouvoirs du prêtre qui pourrait préciser le sens de ministros tuos n’est mentionné, même implicitement. C’est d’autant plus frappant que, dans la troisième, partie de la formule, ce n’est pas la grâce sacerdotale qui est demandée pour l’ordinand, mais le secours divin pour les fidèles. Comment d’ailleurs pourrait-il être question de demander à Dieu pour l’ordinand les grâces particulières de son ordre, puisque l’ordre n’est pas un sacrement ? D’après le xxve article du formulaire de foi, fixé sous Elisabeth, l’ordre n’imprime pas de caractère sacré. Il ne fut pas institué par le Christ et par les Apôtres, il n’est que la corruption des institutions apostoliques, corrupt following of the Apostles, il est tout au plus un état de vie autorisé dans les Écritures, state of live allowed in the Scriptures. La forme employée par l'Église anglicane ne représente pas l’effet qu’elle doit produire : le caractère » sacerdotal ne peut être donné.

c) Ëpiscopat. — Le canon consécratoire de l'épiscopat a un début identique, à peu de choses près, à celui de la prêtrise :

Omnipotens Deus, Pater misericors, qui ex infinita bonitate tua dedisti unicum et dilectissimum Filium tuum Jesum Christum, ut sit Hedemptor noster et auctor vitasempiternie : qui post redemptioneni nostram morte sua perfectam, et ascensionem suam in cselos, dona sua super homines abundanter elïudit, fæiens quosdam Apostolos, quosdam autem Prophetas, alios vero Evangelistas, alios autem Pastores et Doctores, ad ledificationem et consummationem Lcelesias sua ;  : da, quæsumus, eam gratiam huic famulo tuo, qua semper paratus sit ad evangelizandum bona tua, ad pra ?dicandam reconciliationem : et potestate quam tribuis, non in destructionem, sed in salutem, non ad injuriant sed ad auxilium utatur : quatenus, ut fidelis servus et prudens, familia ; tuæ dans cibum in temporc opportuno, in gaudium sempiternum tandem suscipiatur. IVr Jesum, ., Denny et Lacey, op. cit., p. 242.

Il y a dans cette prière une demande de grâces pour l'élu, dont les fonctions sont désignées par les mots : ad evangelizandum bona tua, ad prædicandum… Cette