Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2095
2096
PASCAL. LES PROVINCIALES, ANALYSE


Moyne dans sa Dévotion aisée, ses Peintures morales, en particulier « dans celledulivre VII, intitulée Élogedela pudeur » ? Ibid., p. 325-326. Et qu’y a-t-il de plus courant dans leurs écrits que la calomnie ? Le P. Brisacier n’a-t-il pas si odieusement calomnié les religieuses de Port-Royal que l’archevêque de Paris a dû condamner son livre ? Et n’ont-ils pas souhaité la damnation de leurs adversaires ? — Il répète des choses déjà dites ; mais eux profitent-ils des leçons reçues ? Condamnés, ils ont insulté « les savants chrétiens et l’Université tout entière » et, plus que jamais, ils ont imprimé « leurs méchantes maximes ». Ibid., p. 330-333.

P) 12° Provinciale (n. lxxxiii, ibid. : introd., p. 341360 ; texte, p. 361-387), datée du 9 septembre. En poslscriplum à la 11° Provinciale, Pascal annonçait qu’il répondrait « de belle façon » à un nouvel écrit où les jésuites l’accusent « d’imposture et d’intelligence avec les hérétiques ». En effet, tandis que le P. Annat contestait le miracle de la Sainte Épine dans le Rabatjoye des jansénistes, 16 p. in-4o, s. 1., le P. Nouët, — qui avait déjà écrit contre la Fréquente communion et qui attribuait à Arnauld les Provinciales, — avait édité une Réponse aux lettres que les jansénistes publient contre lesjésuites, 16 p. in-4o, s. 1., qui comprenait d’abord un jugement sévère sur l’auteur, « calomniateur, hérétique, haineux disciple de Calvin », puis la Première partie d’un ouvrage qui devait en comprendre quatre, mais ne sera pas achevé et qui est désigné sous le nom de : Les impostures, contenant les impostures et les supercheries avec lesquelles l’auteur de ces lettres a falsifié les passages des auteurs jésuites qu’il cite. Cette Ve partie établit six impostures ; après chacune un Avertissement signale quelque maxime ou action des jansénistes en contradiction avec leurs critiques. Un moment l’opinion et Pascal lui-même attribuèrent cet écrit à Desmarets de Saint-Sorlin ; cf. 15° Provinciale, t. vi, p. 210, n. 1, et 16*, ibid., p. 293. Nouët publia ensuite une Réponse à l’onzième lettre des jansénistes, 8 p. in-4o, s. 1.

Tandis que la Réponse à un écrit publié sur le sujet des miracles qu’il a plu à Dieu de faire à Port-Royal depuis quelque temps par une Sainte Épine de la couronne de Noire-Seigneur, 4-28 p. in-8o, s. 1., attribuée parfois à Pascal et qui est d’Antoine Le Maître, s’en prend au Rabat-joye, Pascal, dans la 12° Provinciale, s’efforce de réfuter par des textes les deux premières Impostures : que les jésuites dispensaient les riches de l’aumône et qu’ils favorisaient la simonie ; cꝟ. 6° et 5e Provinciales.

ꝟ. 13° Provinciale (n. lxxxvi, t. vi : introd., p. 3-18 ; texte, p. 19-43), datée du 30 septembre ; et 14e (n. xciv, ibid. : introd., p. 117-129 ; texte, p. 130-156), datée du 23 octobre. — Nouët ayant publié avec une Réponse à la douzième lettre des jansénistes, 8 p. in-4o, s. 1., la Continuation des impostures… 35 p. in-4o, s. 1., où il énumère treize impostures, Pascal, dans ces deux Lettres, réfutera les Impostures, 4e, 11e, 13e, 14e, 15e, 17e et 18e, ayant toutes trait aux maximes des jésuites relatives à l’homicide ; cꝟ. 7e Provinciale.

Entre la 13° et la 14° Provinciale paraîtra une Réfutation de la Réponse à la douzième lettre, 8 p. in-4o, s. 1. qui semble de Nicole.

S) 75e Provinciale (n. xevi, ibid. : introd., p. 167185 ; texte, p. 186-211), datée du 25 novembre ; et 16° (n. xcviii, ibid., introd., p. 225-254 ; texte, p. 255293), datée du 4 décembre.

Le P. Nouët a encore publié une Réponse à la treizième lettre, 8 p. in-4o, s. I., qui paraîtra un peu avant la 14° Provinciale ; puis la Seconde partie des impostures, en 2 recueils : 1° Impostures, 20 à 27 ; 2° Impostures, 28-29 ; enfin une Réponse à la quatorzième, lettre, 8 p. in-4o, s. 1. En même temps paraissait une Réponse générale à l’auteur des lettres qui se publient

depuis quelque temps contre la doctrine des jésuites, par le prieur de Sainte-Foy, prêtre théologien (le P. Moreli, Lyon, 64 p. in-4o.

Dans la 15° Provinciale, Pascal discute ces attaques. Il prend même l’offensive. « Puisque vos impostures croissent tous les jours », dit-il à ses adversaires, « et que les lecteurs hésitent entre nous, » je ne ferai pas voir seulement que vos écrits sont remplis de calomnies, mais « que votre intention est de mentir et de calomnier » et que « vous croyez pouvoir le faire sans déchoir de l’état de grâce ». Loc. cit., p. 188. Preuves : à Lyon, Puys, curé de Saint-Nizier, pour avoir rappelé à ses fidèles le devoir paroissial, fut dit par le jésuite Alby, « prêtre scandaleux et suspect d’impiété », et le même Puys, pour avoir expliqué ses paroles dans un sens favorable aux jésuites, fut exalté par le même Alby. Le P. Magni — celui du vide — pour avoir « réussi la conversion du landgrave de Darmstadt », fut calomnié par les jésuites, mais dans un vague prudent. Il leur répondit : Menliris impudenlissime ; et il eut raison.

La 16° Provinciale suit de près : on craint des mesures contre les impressions clandestines. Elle continue la réfutation des Impostures et répond au Port-Royal et Genève d’intelligence contre le Très Saint-Sacrement de l’autel, 113 p. in-4o, Poitiers, 1656, du P. Bernard Meynier.

d) 17° et 18° Provinciale : Nouvelles Provinciales dogmatiques. — a) Pourquoi ce retour en arrière ? « Les jésuites ne savent plus où ils en sont », écrivait Gui-Patin ; mais, le 23 décembre, le lieutenant-civil portait une ordonnance contre les impressions clandestines. Alors le syndic des libraires négocia une sorte de trêve entre les partis. Le P. Nouët, qui avait publié avant le 23 une Réponse à la quinzième lettre ne publia pas à ce moment sa Réponse à la seizième. Mais, à quelques jours de là, le prieur de Sainte-Foy (le P. Morel ) ayant publié une Défense de la vérité catholique touchant le miracle. Contre la réponse faite par Messieurs de Port-Royal à un écrit intitulé : Observations nécessaires, avec privilège du roi, 44 p. in-4o, Paris, et le P. Annat, La bonne foi des jansénistes en la citation des auteurs, reconnue dans les Lettres que le secrétaire du Port-Royal a fait courir depuis Pâques, 9-40 p. in-4o, Paris, la guerre reprit au début de 1657.

Le P. Annat disait : « Après leurs quinze Lettres, il y avait de quoi se contenter, quand nous n’aurions fait que répéter quinze fois : Ce sont des hérétiques. Cette position est inexpugnable. » La question se trouvait reportée sur le terrain dogmatique où Port-Royal sentait le besoin de se défendre. En février paraissent donc les Pauli Irensei disquisitiones duæ, 18 p. in-4o, s. I., de Nicole ; les Suffrages des consulteurs du Saint-Office (sur les Cinq propositions), que Nicole réimprimera en 1658 dans Wendrock et, le 19, la 17° Provinciale, datée du 23 janvier (n. c, ibid. : introd., p. 305339 ; texte, p. 340-373).

Dans cette Provinciale et la 18° on a voulu voir un retour de Pascal à la théologie thomiste et, par conséquent, à l’orthodoxie.

P) La 17° Provinciale est adressée, comme aussi la 18°, « au Révérend Père Annat, jésuite ». Pascal y proteste contre l’accusation d’hérésie : « Vous supposez que celui qui écrit les Lettres est de Port-Royal. Vous dites ensuite que le Port-Royal est hérétique et vous concluez que celui qui écrit les Lettres est déclaré hérétique. » Je n’aurai pas grand’peine à me défendre, ajoute-t-il ; renvoyant le Père à ses Lettres antérieures, il se contente de répéter : « Je ne suis pas de Port-Royal », et de protester qu’il veut vivre et mourir dans la communion avec le pape. T. vi, p. 343.

D’ailleurs, Port-Royal n’est pas hérétique. Il n’y a pas d’hérésie dans l’Église : tous les chrétiens condamnent les Cinq propositions avec Innocent X. Et, si quelques-uns nient que ces propositions se trouvent