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PASCAL. LES ÉCRITS DES CURÉS


bulle eu amenant le Parlement à en refuser l’enregistrement. Cf. G. Lanson, Après les Provinciales, dans Revue d’histoire littéraire, 1901 p. 4 et 5.

6. La lettre d’un avocat.

Dès le 19 mars, Arnauld, dans une Lettre d’un ecclésiastique à son évêque, touchant la signature du formulaire, 12 p. in-4o ; Œuvres, t. xxi, p. 182 sq., faisait cette menace : « Si ma voix ne peut être entendue de personne dans l'Église, l’on ne m'ôtera pas le moyen de remontrer au Parlement l’abus d’une procédure si singulière et si contraire aux canons de l'Église et à l’ordre de tous les jugements. Et il envoyait au Parlement des Mémoires manuscrits. Ibid., p. 61 sq. Puis parut la Lettre d’un avocat au Parlement à un de ses amis touchant l’inquisition que l’on veut établir en France à l’occasion de la nouvelle bulle du pape Alexandre VII, datée du 1 er juin 1657 (n. c, t. vu : introd., p. 177-197 ; texte, p. 198-218 ; appendice, p. 219-222). Attribuée à Antoine Le Maître, cette lettre, d’après G. Lanson, loc. cit., p. 5-12, est de Pascal, au même titre que les Provinciales. C’est un appel formel au gallicanisme du Parlement : la bulle ne décide pas seulement un point de doctrine ; « elle est le point de départ d’une nouvelle, inquisition ; d’ailleurs, elle est « toute pleine de nullités essentielles » au point de vue « du droit traditionnel », p. 205 sq. C’est même un appel au gallicanisme des évêques : la lettre parle, en elïet, « de la manière injurieuse » dont la bulle « a rabaissé l’ordre sacré de l'épiscopat », p. 209.

Cette Lettre mécontenta le nonce, amena l’arrestation de l’imprimeur et du libraire et fut brûlée le 25 juin ; mais il fallut un lit de justice, le 19 décembre, pour que le Parlement enregistrât la bulle.

5° Une suite des Provinciales : les écrits des curés et l’Apologie des casuistes. — 1. Avant l’Apologie (16561657). — Les Provinciales morales avaient ému les curés de Paris. Le 13 mai 1656, sous l’impulsion de leur syndic, Rousse, curé de Saint-Roch, ils décident de poursuivre ou les casuistes s’ils ne sont pas calomniés, ou, s’ils le sont, « le secrétaire de Port-Royal ». Le 30, un curé de Rouen, du Four, abbé d’Aulnay, part en guerre à son tour ; il se heurte au jésuite Brisacier ; les curés de Rouen prennent parti pour leur collègue, vérifient les textes, les jugent probants, et demandent, on l’a vii, à leur archevêque de condamner officiellement les casuistes. Jugeant la question d’intérêt général, l’archevêque la renvoie à l’Assemblée du clergé. Un Avis de messieurs les curés de Paris à messieurs les curés des autres diocèses de France sur les mauvaises maximes de quelques casuistes, avec la Requête de messieurs les curés de Rouen à Monseigneur leur archevêque et un Extrait des plus dangereuses propositions de la morale des nouveaux casuistes, in-4o, attribués à tort à Pascal, avertissent toute la France, ainsi qu’une Lettre des curés de Rouen sur leur procès contre les nouveaux casuistes, 16 p. in-8o. Après avoir vérifié les citations des Provinciales, les curés adressent un Second avis à Messieurs les curés de France, et dénoncent aux grands vicaires de Paris (Retz est en exil) et à l’Assemblée du clergé trente-huit propositions des casuistes. Cette assemblée se contentera d’ordonner, le 1 er février 1657, la réimpression des Instructions pour les confesseurs de saint Charles et condamnera la nouvelle morale dans une Lettre aux évêques de tout le royaume.

2. L’Apologie pour les casuistes.

Mais alors parut ce livre, 196 p. in-4o, s. 1., que l’on sut être du P. Pirot, du collège de Clermont, un ami du P. Annat. Résumant en cinquante-quatre objections tout ce que reprochaient aux casuistes les Provinciales et les Écrits des curés, Pirot leur répondait, soutenant formellement que les casuistes étaient dans le vrai sur chacun des points attaqués.

3. Après l’Apologie : les Écrits des curés et l’intervention de Pascal. — Ce livre était maladroit. Il créa un scandale. Des évêques qui n'étaient rien moins que jansénistes, tel le vénérable Alain de Solminihac qui l’appelle « monstre d’abomination », le condamnent comme exposant « la plus pernicieuse doctrine qui ait jamais paru dans l'Église ». Cf. L. Sol, Alain de Solminihac. Lettres et documents, in-8o, Cahors, 1930, p. 620, 623, 626-631. Les curés de Paris crient plus haut que tous. Le 7 janvier 1658, en synode, ils nomment une commission de huit membres chargés de poursuivre la condamnation de l’Apologie devant le Parlement, la Faculté de théologie et les vicaires généraux. Avant d’agir, leshuit jugèrent utile de publier un Factum sur la question ; ils s’adressèrent à Port-Royal et, le 25 janvier, Pascal terminait, dans les mêmes conditions que les Provinciales, un Factum pour les curés de Paris (n. ex, t. vu : introd., p. 259-277 ; texte, p. 278299). Revu par les commissaires, cet écrit parut en février. « Ce qu’il y a de plus pernicieux dans ces nouvelles morales, disait-il, c’est qu’elles ne vont pas seulement à corrompre les mœurs, mais à corrompre la règle des mœurs. » Cf. Pensées, fr. 894. « Ils substituent à la vérité morale qui ne doit avoir pour principe que l’autorité divine et pour fin que la charité, une morale toute humaine qui n’a pour principe que la raison et pour fin que la concupiscence et les passions de la nature », et cela « avec une hardiesse incroyable. Une action, disent-ils, est probable et sûre en conscience dès quelle est appuyée sur une raison raisonnable, ratione ralionali, ou sur l’autorité de quelques auteurs graves ou même d’un seul, ou si elle a pour fin un objet honnête. » Et, dans une énumération qui rappelle les Provinciales, l’auteur cite quelques applications de ces principes. Cette morale a été condamnée. Mais, alors que, jusqu’ici, les défenseurs des casuistes les disaient calomniés, l’Apologie, « avec un scandale et une témérité incroyables, avoue ces principes et les soutient comme sûrs en conscience ».

Ce Factum fut le premier de quinze. Les jésuites l’ayant réfuté, les curés, à qui Mazarin interdisait de porter la question devant le Parlement, la maintenaient devant la Faculté de théologie et les vicaires généraux, et publiaient un Second factum des curés de Paris pour maintenir le Factum par eux présenté à messieurs les vicaires généraux pour demander la censure de l’Apologie des casuistes contre un écrit intitulé « Réfutalion », daté du 2 avril, et qui semble de Pascal (n. exi, ibid..-introd., p. 303-307 ; texte, p. 308-327). Paraissent également de Pascal : le 5° du Il juin, Factum sur l’avantage que les hérétiques prennent contre l'Église de la morale des casuistes et des jésuites (n. exiv, ibid. : introd., p. 351-354 ; texte, p. 355-373) et le 6e, daté du 24 juillet, Factum où l’on fait voir par la dernière publication des jésuites (Le sentiment des jésuites sur l’Apologie, 8 p. in-4o, s. 1., qui est du P. de Lingendes ou du P. Annat), que leur société entière est résolue à ne point condamner l’Apologie et où l’on démontre par plusieurs exemples que c’est un principe des plus fermes de la doctrine de ces Pères de défendre en corps les sentiments de leurs docteurs particuliers (n. cxx, t. viii : ntrod., p. 35-41 ; texte, p. 42-63).

De ce moment date aussi un Projet de mandement contre l’Apologie, trouvé dans les papiers de Pascal (n. cxv, t. vu : introd., p. 377-379 ; texte, p. 380-391). On attribue aussi à Pascal un Factum par où les curés de Nevers, à la fin de juillet, demandent à leur évêque la censure de l’Apologie et le texte même de la censure épiscopale du 8 novembre (n, cxxi, t. viii : introd., p. 67-68 ; texte du Factum, p. 69-76, de la censure, p. 77-80 ; appendice, p. 81-112).

La Sorbonne condamnera, d’avril à juin 1658, plu-