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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.2.djvu/53

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ORDRE. RITE DANS LE N. T.


Paul, déclarant tenir directement de Jésus ressuscité lui ayant apparu la charge de l’apostolat. Gai. i, 12-17 ; cf. Acl., ix, 15 sq. ; Rom., i, 5, et les adresses de I Cor., II Cor., Gal., Eph., Col., I Tim., II Tim. ; et de plus le fait que Barnabe était déjà au même rang que Siméon, Lucius et Manahen.

L’autre explication ne manque pas cependant de probabilité : elle est admise par un très grand nombre de théologiens et Suarez lui-même y souscrit, De flde, disp. X, sect, i, n. 8, p. 283, en ce qui concerne la collation du pouvoir d’ordre. Ce théologien considère que la collation du pouvoir d’ordre sans un rite sacré eût, en l’espèce, constitué un miracle spécial, qu’il n’est point nécessaire de supposer. On fait également observer que, nommant Simon, Lucius et Manahen, saint Luc parle de « prophètes ». Or, tout porte à croire que les prophètes venus de Jérusalem à Antioche avaient reçu eux-mêmes des apôtres le pouvoir d’imposer les mains. C’est au même titre qu’ils célébraient le service divin, l’eucharistie : XeixoupyoûvTcov Se aÙTwv xiii xupîw. Cf. Michiels, op. cit., p. 95-96.

Quoi qu’il en soit, il faut conclure que Barnabe et Saul ont reçu, soit des apôtres, soit immédiatement du Christ, les pouvoirs de l’apostolat. Si l’opinion qui voit dans Act., xiii, 3, une consécration épiscopale, était exacte, nous aurions là un premier exemple du rite sacré de la communication du pouvoir suprême du sacerdoce chrétien.

2. A l'égard des autres membres de la hiérarchie naissante. — L’imposition des mains, rite d’ordination, prend son point de départ dans l'Église judéochrétienne de Jérusalem par l’installation des sept (diacres) ; il se retrouve aussitôt à Antioche d’où il passe dans les Églises fondées par Paul et Barnabe, et dans les instructions envoyées par Paul à Timothée et à Tite.

L’exposé de cette introduction progressive du rite de l’ordination n’offre en lui-même aucune difficulté. Il n’a été compliqué que par les hypothèses critiques émises pour éliminer l’institution de l'Église hiérarchique par le Christ. Ces hypothèses diverses et souvent contradictoires ont été évincées par le fait solidement établi de cette institution par JésusChrist. Aussi en feions-nous presque toujours abstraction.

a) L’ordination des Sept (Act., vi, 1-6). « Or, en ces jours-là, les disciples se multipliant, il y eut un murmure des Hellénistes contre les Hébreux, sur ce que leurs veuves étaient négligées dans le service de chaque jour. Mais les Douze, ayant convoqué la multitude des disciples dirent : « Il ne nous est « pas agréable d’abandonner la parole de Dieu pour « servir aux tables. Cherchez donc, frères, sept hom « mes d’entre vous qui aient un bon témoignage, « remplis d’Esprit et de sagesse et que nous consti « tuerons pour cet emploi. » Et la proposition plut à toute la multitude et ils choisirent Etienne, homme plein de foi et d’esprit… Ils les présentèrent aux apôtres qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains. *

Ce récit de l’ordination des sept diacres comporte trois observations. On y voit que l’ordination de ces ministres subordonnés est essentiellement distincte de leur présentation et élection ; qu’elle est réservée au collège apostolique et qu’elle est constituée par l’imposition des mains accompagnée de prières. On a vu à l’art. Imposition des mains que ce rite chrétien, d’origine juive est apte aux significations les plus diverses, col. 1302. Ici, il a de toute évidence la signification d’un rite sacramentel destine à conférer un pouvoir sacré et la grâce nécessaire pour en remplir la fonction. Le rite sacramentel

serait par lui-même trop indéterminé ; mais les prièies qui l’accompagnaient devaient en préciser la signification et jouer le rôle de ce que plus tard la théologie appela la « forme » sacramentelle. Quant aux pouvoirs sacrés, nous avons signalé plus haut, voir col. 1211, à propos d’Etienne et de Philippe qu’il s’agissait de la prédication de la parole de Dieu et de l’administration du baptême. On peut également trouver une indication de la grâce conférée en vue du bon exercice du pouvoir sacré, dans cette grâce et cette force dont Etienne était rempli, disputant avec les Juifs de telle sorte que « nul ne pouvait résister à la sagesse et à l’Esprit-Saint qui parlait ». vi, 10 ; cf. vii, 55. De Philippe, le texte sacré rappelle seulement d’une manière générale le zèle dont il était animé dans la propagation du christianisme. Act., viii, 5-17 ; 26-40.

Le caractère sacramentel de cette imposition des mains trouve une confirmation dans le fait que l’imposition des mains qui ordonnait les diacres des Églises subapostoliques dérivait en droite ligne du rite dont les apôtres se sont servis pour installer le collège des sept. Si saint Jean Chrysostome et le Pseudo-Œcumenius ont eu des doutes à ce sujet, saint Irénée, plus rapproché des origines de l'Église, n’a pas hésité à affirmer cette continuité ; cf. Cont. hær., III, xii, 10 ; IV, xlv, 1, P. G., t. vii, col. 904, 1013 ; voir les citations de Chrysostome et d'Œcumenius, dans Gore, op. cit.. p. 236. n. 4.

h) L’ordination des épiscopes-prcsbylres. — Nous avons vu plus haut, col. 1212 et 1216, l’institution dans l'Église primitive des épiscopes, surveillants, et des presbylres, anciens, ÈTuaxoTCOi, 7rpea6ÔTepoi. Nous avons conclu, avec bon nombre d’auteurs, à leur identité, col. 1220.

a. Act., xir, 23 ; xx, 28. — On trouve d’abord les « anciens » dans l'Église de Jérusalem, dont ils forment pour ainsi dire, autour de Jacques, le sénat. Act., xi, 30 ; xv, 2, 4, 6, 22, 23 ; xv, 4 ; xxi, 18. Les Actes n’ont aucun renseignement précis sur la manière dont ces Tcpsoêûrepot. ont été investis de leurs pouvoirs : c’est par analogie avec Act., vi, 6 et surtout xiv, 23 et xx, 28. que l’on doit, avec une grande vraisemblance, inférer que la cérémonie de l’imposition des mains a présidé à l’ordination des nouveaux ministres.

Au c. xix, 23, il s’agit des « anciens » établis par Paul et Barnabe dans les Églises de Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie : « Après leur avoir ordonné (xeipoTovTjcavTeç) des anciens en chaque Église et avoir prié et jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru. » Au c. xx, 28, il est question des « anciens » d'Éphèse, ꝟ. 17, et saint Paul leur montre l’origine divine de leur vocation : « Soyez attentifs, leur dit-il, et à vous et à tout le troupeau sur lequel l’Esprit-Saint vous a établis évêques, pour gouverner l'Église de Dieu, qu’il a acquise par son sang. » Sans doute, aucun de ces deux textes ne mentionne exactement la nature du rite de l’ordination. Le terme 5(£tpoTovï)aavTEÇ est peut-être cependant, surtout si on l’interprète à la lumière des autres documents apostoliques, une allusion discrète à l’imposition des mains ; cf. Zorell. Novi Testamenti lexicon græcum, p. 621 et Const. apost., UJ, xxviii, 2 et 3. Cette interprétation est ici fortifiée en ce que l’imposition des mains est accompagnée de jeûnes et de prières. Quant à l’allocution de saint Paul aux anciens d'Éphèse, elle semble bien marquer aussi qu’ils ont été ordonnés par un rite sanctificateur, puisque c’est l’EspritSaint lui-même qui les a établis évêques, pour gouverner l'Église de Dieu.

b. I Tim., v. 22. — Faut-il trouver, en confirmation de ce qui précède, le rite de l’ordination affirmé par saint Paul dans I Tim., v, 22 : Xsïpaç Tayécoç