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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/16

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PAUL III


manière assez peu précise ; l’équivoque règne sur un grand nombre de points. Les théologiens impériaux pensaient contenter ainsi les deux partis. Au point de vue disciplinaire, pour plaire aux catholiques, on maintient les cérémonies des sacrements, ainsi que les ornements et vases sacrés, les principales fêtes et les jeûnes, tandis que, pour donner satisfaction aux protestants, on accorde la communion sous les deux espèces et le mariage des prêtres, jusqu’à ce que le concile en ait décidé. L’Intérim est soumis à la diète le 12 mars : il se heurte à l’opposition des protestants et des catholiques. Après déclaration de l’empereur que ce formulaire n’intéressait que les dissidents, le primat de Germanie, prince électeur de Mayence, Sébastien von Heusenstamm, et les princes catholiques s’y rallièrent. La diète l’enregistra le 15 mai ; le 30 juin, il devenait loi d’empire. La loi ne fut guère observée que dans le sud de l’Allemagne, et encore la soumission ne fut-elle bien souvent qu’apparente. Par aucun moyen, l’empereur n’avait pu rétablir, l’unité religieuse. Ces tentatives de conciliation surtout la publication de VInterim, tendirent à l’extrême ses rapports avec Rome. Paul III protesta contre l’intervention abusive de l’empereur dans les affaires de la religion, dans les questions surtout que le concile venait de traiter ; cette protestation fut inopérante.

2. En Angleterre.

Le schisme venait d’être déclaré par les lois de mars 1534, lorsque Paul III devint pape. Cf. Constant, La réforme en Angleterre. Le schisme anglican. Henri VIII, Paris, 1930, p. 38 sq. La situation s’aggrava rapidement, L’application des lois schismatiques entraîna la persécution sanglante, dans laquelle succombèrent les prieurs des trois chartreuses de Londres, Thomas More et J. Fisher nommé depuis peu cardinal. Irrité de ces mesupes violentes, Paul III prépara, le 30 août 1535, une bulle par laquelle il mettait Henri VIII au ban de l’Église, le proclamait déchu du trône, jetait l’interdit sur le royaume, déliait ses sujets du serment de fidélité et annonçait une guerre contre lui si, dans les trois mois, il n’était pas revenu à de meilleurs sentiments. Cherubini, op. cit., 1. 1, p. 707-711. La publication delà bulle fut différée à la demande de François I er. Cf. Constant, op. cit., p. 536.

La chute d’Anne de Boleyn, 19 mai 1536, supprimant la cause principale du schisme, donna espoir au pape de ramener l’Angleterre à l’unité catholique. Cette espérance fut vite déçue. Toute tentative de rapprochement demeura vaine. Alors, profitant de la réconciliation de François I effet de Charles-Quint, au congrès de Nice, 18 juin 1538, confiant en la promesse des deux princes de rompre avec Henri VIII, Paul III promulgua, le 17 décembre 1538, la bulle préparée trois ans auparavant. Cherubini, op. cit., t. i, p. 711712. R. Pôle fut chargé par le pape d’intervenir auprès du roi de France et de l’empereur pour l’application des censures. Le cardinal échoua complètement auprès de Charles Quint, qui lui fit comprendre qu’une démarche Identique.i la cour de France lui serait désagréable. Ainsi fui sauve Henri VIII, qui n’aurai ! pu résister aux elTorts conjugués de la France, de l’Espagne et de l’Ecosse. Cf. Constant, op. cit., p. 163 sq.

Après la mort d’Henri VIII, 28 janvier* 15 17. l’hérésie s’ajouta au schisme ; les 6 articles de 1539 furent abolis ; le linok oj common prayer (1549) introduisit une nouvelle liturgie, fortement influencée par hs idées protestantes.

La gurrrr entre les Turcs.

Avec le rétabli

ment de l’unité religieuse dans les contrées envahit par l’hérésie, la protection de la chrétienté contra les Turcs préoccupait Paul III. Le grand obstacle à la

réalisation de ses projets sur ce point, fut l’impossibilité de mettre l’accord entre François I effet Charles-Quint. L’empereur, en 1535, s’était emparé de la Goulette et de Tunis, et avait battu Chereddin Barberousse. La question du Milanais, ouverte le 1 er novembre 1535 par la mort du duc François Sforza, l’empêcha de poursuivre ses opérations dans l’Afrique du Nord. Cependant, les Turcs devenaient de plus en plus menaçants : en 1537, ils s’emparent de Clissa, au nordest de Spalato, menacent les côtes de la Romagne, débarquent non loin d’Otrante, dans la baie de Castro, et ravagent les côtes italiennes. Devant le danger, Paul III conclut une ligue avec Charles-Quint, Ferdinand I effet Venise, avec l’intention d’y faire participer la France. L’armistice de dix ans, conclu à Nice entre le roi et l’empereur, grâce à l’intervention du pape, 18 juin 1538, n’a aucune influence sur l’issue de la croisade : la flotte, commandée par Doria, est anéantie à Prévésa, 27 septembre 1538 ; l’empereur ne manifeste aucunement l’intention de continuer la guerre ; Venise fait sa paix avec les Turcs en octobre 1540.

L’année suivante, août 1541, les Turcs s’emparent de la capitale hongroise, Buda, et annexent tout le pays du Danube à la Theiss : de nouvelles tractations ont lieu entre Paul III et Charles-Quint, à Lucques, 13-18 septembre 1541. Une tentative de diversion faite par l’empereur contre Alger, tourne en désastre, octobre-novembre 1541. Il eût été facile à la chrétienté d’écarter la menace que faisait peser sur elle l’islamisme, si elle avait été unie ; mais le traité d’alliance entre François I effet le sultan, les rivalités politiques entre la France et l’Espagne, le souci de Venise de ménager ses intérêts commerciaux, le refus des protestants de participer à la croisade sans concessions religieuses, tout cela, une fois encore, rendit vains les efforts de la papauté.

Rétablissement de l’Inquisition.

Le protestantisme

commençait à pénétrer dans la Haute-Italie. Des ordres religieux, les ermites augustins, les capucins, avaient des éléments suspects qui, dans leurs sermons, émettaient sur la justification, le libre arbitre, la prédestination, des doctrines se rapprochant du luthéranisme. Venise, où parvenaient les livres allemands, était touchée par l’hérésie ; des villes, comme Lucques, Modène, Bologne, menaçaient d’échapper à l’Église. Des défections comme celles de Bernardin Ochin et de Pierre-Martyr Vermigli. firent mesurer la gravité du danger. Déjà, en 1539, Paul III avait attiré l’attention du chapitre général des augustins et sévi contre un jeune capucin, prédicateur à Lucques. Ces mesures étaient insuffisantes. Le 4 juillet 1542, le pape nomma six cardinaux Inquisiteurs généraux et, par une bulle du 21 juillet, Cherubini, op. rit., t. i, p. 761-763, rétablit tout le système de 1° Inquisition : le tribunal romain avait pleins pouvoirs sur toute la chrétienté ; il pouvait infliger les peines d’incarcération, de mort, de confiscation des biens pour les condamnés à la peine capitale. Le pape se réservait le droit de grâce pour ceux qui se repentiraient sincèrement.

Le nouveau tribunal avait à sa tête le cardinal Carafa, qui exerça une grande activité, sans qu’on puisse donner des précisions sur le nombre des cas

qui furent jugés et sur les peines infligées : les archives du Saint Office gardent jalousement le secret de l’activité de la nouvelle Inquisition. Cf. Pastor, "/<. rit, t. mi, p. 316 sq. On ne peut que s’en rapporter a l’appréciation « lu cardinal Sei ipando, qui est sé « Au début, cette cour de justice fut pleine de mesure et <r douceur, ce qui correspondait au tempérament

de I ml III : mais, plus tard, lorsque le nombre d< I

i ordinaux présidents se fut élevé, et que la juridiction

des ]ugi i le lut de plus en pins affirmée, cette cour de