de l’Église à son époque. C’est au 1. II de l’Aulolycus, écrit vers 180, qu’il exprime son enseignement sur le péché d’origine. Pour réfuter les opinions des païens sur les origines du monde et de l’homme, il part des premiers chapitres de la Genèse qu’il cite largement et qu’il commente ensuite presque littéralement.
1. L’humanité primitive.
L’homme a été seul créé à l’image de Dieu ; c’est une œuvre qui dépasse tout ce que l’homme en peut dire ; par ces paroles : « faisons l’homme à notre image », Dieu a d’abord voulu signifier la dignité de l’homme. Ad Aulolycum, t. II, 18, P. G., t. vi, col. 1081 B.
L’évêque d’Antioche sait que l’homme ainsi créé est tenu par beaucoup comme immortel dans son àme puisque celle-ci est un souille de vie. 19, col. 1084 A. Pour lui, il pense que l’homme n’a été créé ni immortel, ni mortel, mais soumis à la loi d’un certain devenir : il devait être l’un ou l’autre suivant qu’il désobéirait ou non à Dieu. 24, col. 1089 D. Dieu l’avait fait libre de devenir heureux ou malheureux.
2. L’épreuve.
Au paradis, Adam ne connaît d’autre labeur que celui de garder le précepte qui lui a été imposé. 25, col. 1092 A.
Théophile interprète l’obligation de ne point manger du fruit de l’arbre de la science, comme un ordre donné à Adam de se soumettre à la loi du progrès et de ne point convoiter une science qui n’était point encore à sa mesure, car Adam était alors enfant d’esprit et de corps : « Dans l’état où était Adam, écrit-il, il n’était point encore capable de recevoir la science. L’enfant nouveau-né ne peut encore manger de pain ; on le nourrit de lait, puis, avec l’âge, il prend une nourriture solide. Il en fut ainsi pour Adam ; car ce n’est pas par envie que Dieu lui défendit de goûter à la science : il voulait l’éprouver…, il voulait que l’homme demeurât ainsi plus longtemps dans l’état de simplicité et de sincéritéjde l’enfant. Il est bon, en effet, non seulement devant Dieu, mais devant les hommes, que les enfants soient soumis aux parents dans la simplicité et l’innocence. Il n’est pas convenable d’ailleurs que les enfants sachent plus que leur âge ne le demande. » 25, col. 1092 BC.
Ainsi, l’épreuve tendait à écarter d’Adam le péril d’un développement prématuré ; le devoir était pour lui de ne point convoiter une science qui n’était point encore à sa mesure, mais de se contenter de l’état de simplicité, de naïveté sincère, de relative ignorance où il se trouvait. Je dis « relative », car si notre auteur « se le (Adam) représente comme un enfant, c’est un enfant qui a atteint l’âge de raison, capable d’observer le précepte divin et, par suite, responsable de ses actes. » A. Slomkowski, op. cit., p. 29.
L’état d’enfance que Théophile prête à Adam apparaît ici comme une explication du précepte de ne pas goûter à l’arbre de la science. L’ignorance relative don l il parle est l’explication qu’il trouve à l’innocence primi l i f d’Adam. L’a-t-il inventée, représcnte-t-il une Opinion déjà courante ? On retrouve celle opinion chez laint Irénée : peut-ôtre l’évêque de Lyon a-t-il utilisé Théophile. Rien ne prouve la même dépendance i Be2 Clément d’Alexandrie. A. Slomkowski, p. 30. On peut conjecturer qu’il n’est pas le premier a avoir émis te 1 1 x pol hèse.
3. Lu chute et M.s conséquences. L’homme n’a pas voulu obéir au précepte divin ; c’est de sa d< o béissance que naissent les travaux, les douleurs, les misères de la vie et en tin la mort. 25, col. 1092 C,
ouffrances de la femme dans l’enfantement sont un témoignage vivant de la vérité de la G » eol. toxii. I’.h’..i ih obéissant e, l’bommi surtout attiré la mort.’_'T. eol. 1096. il ; i été chassé’in paradis terrestre 26, col. 1093.
Le désordri i au é par la faute d’Vdam s’étend a la
DICT. m rin’.oj. (. I IIOL.
création tout entière ; il s’étendrait même aux animaux sauvages dont il aurait modifié la nature. « Rien de mauvais n’a été fait par Dieu. Toutes choses étaient parfaitement bonnes ; mais le péché de l’homme les a viciées. Comme le maître d’une maison, en agissant bien, entraîne au bien par son exemple ses serviteurs, et s’il pèche les entraîne dans son péché, ainsi arrivat-il que l’homme, qui était le maître (de la création), en péchant, associa ses serviteurs à sa faute. Mais, lorsque l’homme reviendra, en cessant de pécher, à l’idéal de la nature originelle, les animaux reviendront à leur douceur primitive. » 17, col. 1080 C.
L’homme n’est point, cependant, perdu d’une façon irrémédiable ; l’éloignement du paradis n’est qu’un exil. Il prendra fin après la résurrection et le jugement. Comme un vase qui a un vice de conformation est brisé, refondu, pour devenir un vase nouveau, parfait, ainsi en advient-il de l’homme par la mort. Il est en quelque sorte brisé pour être trouvé sain à la résurrection, c’est-à-dire pur, juste et immortel. 26, col. 1093 AB. L’homme garde sa liberté : ce qu’il a perdu un jour par sa négligence et sa désobéissance, Dieu lui donne, dans sa miséricorde, de le recouvrer, par son obéissance à la Loi, au jour de la résurrection en héritant de l’incorruptibilité. 27, col. 1096 A.
Conclusion. — Il n’y a pas de doute. Théophile est un témoin de la chute et de ses conséquences malheureuses pour la race humaine : mort, douleurs, travaux, misères. Le relèvement dépend de la miséricorde de Dieu et de la soumission à sa loi : la mort est comme le creuset où l’homme brisé est refondu. Est-ce que la solidarité de tous dans la peine entraîne une solidarité de tous dans la faute ? cela n’est pas dit expressément. On pourrait le déduire du fait que c’est de la miséricorde divine que l’on doit attendre désormais le salut, du fait aussi que toute la création est dite avoir péché avec son maître. Théophile, dans son commentaire, reste ordinairement tout près du sens littéral de la Genèse ; mais, dans sa conception de l’immortalité comme privilège de la divinité, il est l’écho des idées philosophiques de l’époque. Par sa théorie de l’enfance spirituelle, il estime sans doute donner de l’état d’innocence et de l’épreuve, tel que la Genèse nous les révèle, lamcilleurc interprétation. Celle-ci, telle qu’elle est proposée ici, n’est point imposée nécessairement par le texte, et ne sera point ratifiée par la tradition postérieure. L’a-t-il puisée dans son milieu comme opinion courante ? C’est vraisemblable, mais il est difficile de le dire et de le prouver.
Si l’on compare le témoignage de Théophile à celui de Justin et de Tatien, l’on pourra conclure avec A. Slomkowski : « Théophile incarne le courant positif qui demande au seul récit biblique le tableau de l’anthropologie primitive, comme Justin et Tatien le courant philosophique, où les données scripturaircs ne sont guère qu’un thème à des réflexions ou des spéculations d’ordre rationnel. C’est évidemment le premier qui exprime la pensée comm. me de l’Église ; mais on voit que de bonne heure le second n’en fut pas exclu. Suivant cette double ligne, avec saint [renée d’une part et les Alexandrins de l’autre, allait respectivement se développer la théologie grecque de l’état primitif (et, pouvons-nous ajouter, particulièrement celle de la chute), i Op. cit.. p. 32.
11. I.i s PREMIERS DEVELOPPEMENTS D] i TRA-DITION QRBCQUB EN PAGE DE I ONOSE. — 1° Irène.
2° Les premiers Uexandrlns : Clément et Orij ., iei bode d’Olympe.
I. bai ht irêbêb. il n’est point nécessaire d’ana lyserlcl en détail la doctrine de l’évêque de Lyon sur l’état primitif de l’homme, la ciniic et ses congé quences pour l’humanité. Voir l’art. Irénée, col. 2451 2461 on voudrait simplement caractériser cette
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