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PÉCHÉ ORIGINEL. LE PÉLAGIANISME ET L’ORIENT


l’ail en Afrique contre Célestius, Paul Orose, Liber apologeticus de arbilrii voluntate, ’.'<- !, P. L., t. xxxi, col. 117(i, et posa la question de l’orthodoxie de

Pelage. Cette réunion, par suite de nombreuses maladresses de l’accusai ion. ne dirima rien. Voir Orose

et PÉLAGIANISME.

A la fin de celle même année, sur la dénonciation d’Héros d’Arles et de Lazare d’Aix, le pélagianisme amena la réunion d’un autre concile à Diospolis. On y lut toute une série de propositions empruntées au disciple de Pelage, Célestius, dans lesquelles celui-ci affirmait la mortalité d’Adam en toute hypothèse, l’identité de la situation de notre premier père avant sa prévarication avec celle des enfants nouveau-nés, et niait ainsi en fait les suites du péché originel, soit en Adam, soit dans ses descendants. C’est alors que le novateur Pelage répondit sur ces questions en abandonnant son disciple ; après avoir expliqué quelques-unes de ses propositions propres, il ajouta : « Quant aux autres (celles de Célestius), comme, de l’aveu même de mes adversaires, elles n’ont pas été prises dans mes écrits, je ne suis pas obligé d’en donner satisfaction. Néanmoins, par déférence pour ce saint synode, j’anathématise ceux qui soutiennent ces opinions ou qui les ont soutenues dans le passé. » A quoi le synode répondit : Ad hœc prædicta capitula su/ficienter et recte satisfecit priesens Pelagius, anathematizans ea quæ non erant ejus. Voir saint Augustin, De gestis Pelagii, xi, 23-24, xxxiii, 58, P. L., Lxliv, col. 333 sq., 353, 355. C’est donc sur sa réprobation générale des erreurs de Célestius, de tout ce qu’elles avaient de contraire à la foi de l’Église, et sur son acceptation apparente des « pieuses doctrines » reçues, que Pelage fut absous. Ibid., xxxv, 60, col. 354. Les Pères de Diospolis l’ont admis à la communion ecclésiastique uniquement parce qu’ils l’ont entendu condamner ceux qui niaient la chute et ses conséquences. On peut ainsi voir, dans ce jugement, avec saint Augustin, la condamnation des thèses essentielles du pélagianisme par les quatorze évêques de Diospolis et par Pelage lui-même. Ibid., xi, 24, col. 334-335. Il n’y a pas à tenir compte pour juger l’attitude de ce concile des déclamations de saint Jérôme, trop personnellement engagé dans toute cette affaire. Saint Augustin a fort bien vu que, dans l’ensemble, les Pères de Diospolis ont jugé la question de doctrine en parfait accord avec la tradition. Voir

    1. PÉLAGIANISME##


PÉLAGIANISME.

Dans les milieux antiochiens.

« L’École d’Antioche,

toujours jalouse de sauvegarder les droits et l’intégrité de la nature humaine, devait éprouver une difficulté particulière à entrer dans cette idée (l’idée de la transmission du péché lui-même). » Tixeront, op. cit., t. iii, p. 209.

C’est ce qui explique l’opposition opiniâtre de Théo dore de Mopsueste aux affirmations de « l’inventeur et du défenseur du péché de nature ». Voir plus haut, col. 356 sq. Cependant, même dans ce milieu, la voix de la tradition se faisait entendre.

Nestorius, disciple de Théodore de Mopsueste en christologie, s’écarte de son maître sur la question du péché originel, et offre sur ce point, au jugement même du pape Célestin, un enseignement correct : Legimus quam bene teneas originale peccatum, qualiter ipsam naturam asseris debilricem. Epist. Cselest. ad Nest., Mansi, Concil., t. iv, col. 1034 A. Même jugement deMarius Mercator, P.L., t. xlviii, col. 184-187 ; cf. M. Jugie, Nestorius et la controverse nestorienne, Paris, 1912, p. 240-248 : Julien d’Halicarnasse et Sévère d’Antioche, Paris, 1925, p. 16-17.

Nestorius a dit nettement que la faute d’Adam engageait l’humanité tout entière : tandis que la nature humaine, appuyée sur Adam, comme sur son fondement, a partagé la chute de ce fondement, et

est devenue sujette au diable ; la foi de l’Église, au contraire, ayant pour fondement le Seigneur, reste inébranlable. Homélie sur la troisième tentation, dans N’au, Le livre d’Héraclide, Paris, 1910, p. 353-354 ; et dans le livre d’Héraclide lui-même, p. 70. De la vient, dit-il, cette dette de nature qui pèse sur l’humanité tout entière, debitum naturse, peccatum naturse. Loofs, Nes(oriana, Halle, 1905, p. 255, 323, 310.

Parmi les châtiments qu’implique cette dette, il faut signaler : 1. La perte de la ressemblance divine : < Il a pris la forme de serviteur pour effacer la faute du premier homme et rendre à la nature humaine la ressemblance divine que cette faute lui avait fait perdre. » Héraclide, p. 56, 59. — 2. La double mort : l’une corporelle, dont nous sommes délivrés par le don de la résurrection, l’autre spirituelle, qui découle de la perte de la science et dont nous sommes tirés par les enseignements vivifiants du Christ. Homélie sur la 2<= tentation, Nau, op. cit., p. 338-339. — 3. La sujétion au démon, les souffrances et les peines de la vie. Homélie sur la 3 ? tentation, ibid., p. 353, et Loofs, op. cit., p. 322-327.

— 4. Dans la vie future, l’interdiction à tous les non baptisés de l’accès au royaume des cieux et de la résurrection glorieuse. Cf. Loofs, op. cit., p. 327, 349, 350.

Ainsi Nestorius, quoi qu’il en soit de ses relations sympathiques avec Célestius et certains évêques pélagiens, loin d’avoir enseigné les erreurs de ceux-ci. peut être légitimement cité comme un témoin de la doctrine traditionnelle sur le péché originel, telle qu’elle était communément enseignée alors en Orient. Marius Mercator le reconnaît lui-même, P. L., t. xlviii, col. 184187.

A Alexandrie.

Soit qu’il traite du péché d’origine

par allusion, soit qu’il en parle ex professo, saint Cyrille voit toujours, dans la condamnation et la déchéance du premier homme, non le fait d’un individu isolé, mais la déchéance de la nature humaine tout entière.

1. Il affirme cette condamnation générale et en analyse les conséquences particulièrement dans son commentaire de Rom., v, 3-12 : la nature humaine a subi en Adam comme en sa source l’antique malédiction qui implique la corruption, çOopâ. la concupiscence, la perte de la sainteté, <xYÎocau, oç, de l’incorruptibilité, àcpôapcrîa, de la justice, SixoaoaùvYî. P. G., t. lxxiv, col. 781-789.

Par suite de la désobéissance d’Adam la nature « fut immédiatement condamnée à mort ». Glaph. in Gen., i, 2, t. lxix, col. 21 ; elle fut détournée de Dieu, des choses du ciel. Inpsalm. L, 13, t. lxix, col. 1100, et In Rom., v, 3, t. lxxiv, col. 784 ; hors de l’amitié divine, ibid., et In psalm. LXXVUI, 8, t. lxix, col. 1197 ; elle perdit la beauté de l’image, et la face splendide de l’humanité fut souillée : Tjçtxviæv r ?, ; OsoeiSouç elxovoç to xàXoç v àu, apTÎa, Adv. anthrop.. c. x, t. lxxvi, col. 1096 ; De ador. in spir. et verit., i. t. lxviii, col. 149 ; le cœur de tous les hommes a été comme souillé par la transgression d’Adam et la perversion au mal, In psalm. L, 12, col. 1100 ; nous avons été corrompus en Adam : Quod unus sit Christ us. t.Lxxv, col. 1272. Après qu’Adam fut tombé dans le péché et qu’il eut glissé dans la corruption, les plaisirs impurs envahirent la chair, et la loi bestiale qui règne dans ses membres se manifesta ». In Rom., V, t9, col. 789.

2. Cyrille cherche à expliquer le comment et le pourquoi de cette condamnation générale avei suites. « C’est parce que nous avons imité le péché d’Adam, puisque tous les hommes ont péché actuellement, que nous encourons une peine semblable à la sienne. » In Rom., V, 12, col. 784 C. Cyrille entend ici le ko’cù racvTsç pap-rov des péchés actuels et explique