rectitude surnaturelle, sans en être la corruption essentielle ou la perversion originelle.
b. Les mêmes indications officielles nous laissent entendre en quel sens il faut chercher la définition positive du péché originel. — Ce péché implique, d’après les expressions conciliaires, « la mort de l’âme », une souillure ou une tache morale, contractée d’abord par notre premier père, puis transmise à tous ses descendants, comme une injustice inhérente à chacun de nous. Nulle part l’Église n’identifie l’acte de prévarication commis par Adam et le péché transmis. L’acte était un péché actuel de désobéissance ; l’état consécutif à cet acte en Adam et transmis à ses descendants est un état d’inimitié de Dieu conçu comme fin béatifiante de l’homme.
C’est, dans les descendants du premier père, par suite de leur relation morale à la volonté mauvaise du chef, qui les a marqués de son empreinte, comme un état de mort ou d’injustice spirituelle, constitué en eux par la privation de la justice et de la sainteté qu’ils devaient posséder, conformément à leur institution primitive. Dans les limites de ces affirmations ou suggestions doctrinales, les théologiens ont toute liberté de construire leur synthèse sur la véritable essence du péché originel.
b) Précisions théologiques. — a. — Les théologiens modernes insistent avec force et unanimité sur ce fait que le péché originel n’est pas un acte. Le péché, en général, évoque d’abord l’idée d’acte moral transitif, contraire à la loi de Dieu, mais aussi l’état désordonné, la tache ou souillure morale, la responsabilité qu’il entraîne après lui et qui dure jusqu’à ce que la rémission ait été accordée. Un assassin, par exemple, peut être dans le péché d’homicide de deux façons : transitoirement, au moment où il accomplit l’acte ; d’une façon permanente, aussi longtemps que le péché d’homicide ne lui est pas remis.
La raison laissée à elle-même conçoit fort bien l’état de péché habituel et de faute morale qui a son principe dans l’acte commis par celui-là même qui en est le sujet. Mais la révélation nous met en présence d’une autre tache ou souillure de péché habituel beaucoup plus mystérieuse ; celle-ci est dépendante d’un acte librement commis non plus par la volonté propre de la personne elle-même qui en est souillée, mais par une autre dont elle es) solidaire par la génération, c’est-à-dire par la volonté d’Adam, source commune du nenre humain.
Se cherchons point à la source du péché originel, comme dans le péché habituel ordinaire, un acte directement et strictement personnel ; il n’y a que l’acte du premier péché commis par Adam, et par Adam tout seul, sans aucune espèce de participation de notre part. D’où la singularité caractéristique du péché originel en nous. Ce n’est point dans l’enfant une sorte de péché personnel où sa libre volonté, encore sans possibilité de s’exercer, aurait eu part, soit directement, par un acte, soit indirectement, par une inclusion ou translation de cette volonté encore inexistante dans la volonté d’Adam, ce qui est contradictoire.
(Test un péché de la nature. I.e volontaire y est manifestement infime, la responsabilité aussi. On ne peut y parler pour l’enfant de responsabilité Stricte ment personnelle : cette sorte de responsabilité, avec les conséquences qu’elle entraîne ici bai et dans l’autre
vie, revient BU seul Adam. Seul il doit se repentir de ce péché, sinon en subir la peine positive d.nis l.i géhenne. Pour le fils d’Adam, il ni’peut être question deresponsabilité que dans une acception large, en ce sens qu’il se trouve englobé par solidarité dans une situation morale fautive. Aussi Dieu ne peut il
le punir comme s’il était personnellement respon
table de’elle situation. I.e péché originel ne
rentre pas dans la même catégorie que le péché actuel.
Si l’on veut trouver entre eux une analogie, on la concevra, à la suite de saint Thomas, en songeant au rapport qui existe, dans un individu, entre l’acte du péché et la responsabilité jaillissante à la source de la liberté, d’une part, et, d’autre part, l’empreinte laissée par cet acte dans les membres placés sous la motion de cette liberté individuelle. Le péché originel ne sera pas autre chose dans les membres pensants de l’humanité déchue, qui font corps avec la volonté du chef et sont reliés à sa volonté par la génération, que l’impression de ce mouvement désordonné qui part de la volonté d’Adam et arrive par la génération à s’inscrire en eux.
Tel est, d’après le sentiment commun actuel, le péché originel, non pas un acte, mais un étal, « qui implique une responsabilité collective, en raison du chef de la race, mais non pas une responsabilité individuelle. Aussi, ne punissons-nous pas, à proprement parler, celui qui en est affecté, mais, puisqu’il appartient à une race pécheresse, il ne sera pas traité comme celui qui appartient à une race fidèle, et cette inégalité ne sera pas plus injuste que ne le sont les inégalités sociales sous un régime d’égalité devant la loi, ou encore les inégalités naturelles. Les enfants sont des innocents en ce qui les concerne personnellement ; ils ont, d’autre part, sur eux, une culpabilité de race, et, pour cette raison, ne jouissent pas du bénéfice gratuit attaché à l’intégrité de cette race. » Ces paroles d’un théologien moderne (Sertillanges, op. cit., p. 216) font simplement écho à une formule d’un disciple de saint Thomas au xiv° siècle, appliquée aux enfants : non aclu culpabiles, sed tamen in culpa.
b. — Unanimes à définir le péché originel comme un état de privation de la justice et de la sainteté originelles, les théologiens modernes discutent sur la façon dont il faut concevoir cette privation.
a) L’explication thomiste. — Elle part de la privation de la justice originelle considérée dans son ensemble. Dans la justice originelle, on considère, d’une part, un élément formel, la soumission de la volonté à Dieu et la facile orientation vers la fin surnaturelle conditionnée par la présence de la grâce sanctifiante en Adam ; d’autre part, un élément matériel, l’harmonie des sens avec l’esprit. En conséquence, le péché originel, c’est l’empreinte laissée par la volonté mauvaise du chef dans les membres de l’humanité, particulièrement dans les puissances vraiment humaines et susceptibles de péché, la volonté et la sensualité ; ce sera dans la volonté, qui détient le formel du péché, l’absence ou mieux la privation de la justice qu’elle avait à l’origine, et qu’elle aurait dû et pu conserver en son chef ; ce sera, par le tait, en elle, l’absence volontaire in causa de soumission et de facile élévation crs Dieu : ce sera matériellement, dans les sens, ce funeste penchant, cette sensualité débridée qu’on nomme la concupiscence et qui est un triste résultat de la nature laissée à elle-même.
En d’autres termes, c’est, du point de vue ontologique, le fond de l’âme humaine dépouillée de ce per feel ionnement, de celle beauté et de cette sainteté originelle qu’elle aurait pu et dû tenir des dons de la sainteté et de la justice originelles : c’est, du point de VUe de la psychologie, cette Ame réduite ; t ses seules forces et plui encore a ses faiolesses natives, incapable de M hausser jusqu’à I Oriental ion surnaturelle a laquelle elle est appelée et entraînée par le poids et I impétuosité de sa nature charnelle crs les choses
terrestre* ; c’est cet état de déséquilibre et de désordre moral qui, fixé et t ransmis de général ion eu général ion comme une habitude héréditaire, i onstitui i hei Vdam
COmme Che2 ses descendants l’essentiel de la faute originelle-