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PÉLAGIANISME. DESTINÉES ULTÉRIEURES


paraît extrêmement probable que les légats apportaient les différentes pièces relatives aux condamnations doctrinales ou personnelles émanées du Siège romain dans l’affaire. C’est à ces Û7ro[AVY)u.aTa, lus en séance, en présence des légats, que le concile déclara souscrire pleinement.

C’est à cela que semble se réduire l’intervention du concile d’Éphèse dans la question pélagienne. Les deux canons 1 et 4, fournis par Mansi, t. iv, col. 1471, sous lu rubrique viie session, et reproduits dans Denzinger, n. 126 et 127, ne sont pas des canons au sens technique du mot, mais des membres de phrases extraits après coup des textes que nous avons signalés.

Ultérieurement, le pape Célestin, dans une lettre du 15 mars 432 adressée au concile, recommandait de recevoir charitablement les célestiens qui viendraient à résipiscence. Jaffé, n. 385 ; même idée dans la lettre adressée à Maximien élu pour remplacer Nestorius à Constantinople. Jaffé, n. 387.

Julien après le concile d’Éphèse.

Julien tâcha

de rentrer dans les bonnes grâces du pape Sixte III ( 432-440) et de recouvrer la dignité épiscopale. Le pape, fortifié par les exhortations du diacre Léon (qui devait lui succéder), sut résister à ses ruses. Certains disent que Julien, chassé d’Italie, aurait résidé à Lérins pendant quelques mois, reçu par Fauste, plus tard évêque de Riez. On pense que Julien, revenu en Italie à la mort de Sixte, en aurait été chassé par saint Léon, c’est ainsi qu’on interprète le mot de saint Prosper qui loue ce pape « d’avoir brisé les pélagiens et particulièrement Julien ». Ce dernier finit tristement ses jours clans un village de Sicile, apprenant à lire aux enfants. On voyait encore son tombeau au ixe siècle avec cette inscription : « Ici repose en paix Julien, évêque catholique. » Il est impossible de contrôler tous ces renseignements : ils remontent à Jérôme Vignier, dont on sait combien l’imagination était féconde. La seule donnée un peu ferme est celle de Gennade qui fait mourir Julien sous Valentinien III, donc avant 455.

i i° Dernières traces du pélagianisme. — La condamna-I ion solennelle des sectateurs de Pelage, par le concile d’Éphèse, dut avoir un retentissement considérable, surtout en Orient. Nous en retrouvons cependant encore quelques traces à la fin du vi » siècle. Le pape Gélase, ayant appris que l’hérésie couvait encore en I lalmal n —, crut à l’évêque Honorius (28 juillet 493) et lui (lit : C’est avec une douleur inexprimable que nous avons appris les ravages que l’erreur des pélaglens exerce en Dalmatie. On nous dit que, renaissant de ses cendres, cette misérable secte renouvelle ses blasphèmes et qu’elle a déjà perverti un grand nombre d’âmes jusque la fidèles. Jaffé, ii, 625, P. L., t. lix, -, , i 30

Honorius a dû exprimer dans sa réponse un vif mécontentement de cette intrusion du pape dans ses affaires. Gélase lui réplique : Votre étonnement nous étonne au plus haut point. Aussitôt que, nous fûmes informe^ des ravages du pélagianisme en Dalmatie, nous avons Immédiatement ouvert une enquête, et nous vous avons écrit pour savoir la vérité… Loin de nous indigner de ma parole, il vous faut redoubler de niée, m’informer des mesures que VOUS avez pour arrêter la propagation des mauvaises doctrines et associer dans ce but vos efforts au nôtres. Je vous envoie une série de propositions que devront

ire ceux qui voudront abjurer l’hérésie. Je l’ai’1res., ii, i soin, en reproduisant les

— des pontifes, mes prédécesseurs, et « les d< Mil. Jaffé, n 626, P / … t. i rx, col

L’hérésie pélagienne s’était encore répandue dans h Picénum, autrement dit la Marche d’Ancônc. Un vieillard, du nom de Sénèque, enseignait qu’il n’y.a an

point de péché originel, que les enfants morts sans baptême ne pouvaient être condamnés et que l’homme, par le seul usage de son libre arbitre, pouvait devenir heureux. Gélase ayant vraiment essayé de le convaincre et de le ramener à l’orthodoxie, écrivit aux évêques de la Marche d’Ancône, réfutant les erreurs de ce vieillard obstiné et réprimandant ces évêques de ne pas les avoir combattues (l"nov. 493). Jaffé, n. 621, P. L., t. lix, col. 34-41.

On sait, d’autre part, que Gélase a composé, soit avant, soit durant son pontificat, un certain nombre de dissertations théologiques. L’une d’entre elles est une longue réfutation du pélagianisme : Dicta adversus pelagianam hæresim, P. L., ibid., col. 116-137. Ces diverses manifestations montrent qu’au jugement du Siège apostolique la vieille hérésie avait encore conservé quelques partisans. Ils durent se raréfier de plus en plus, car l’on ne trouve plus, au cours du vie siècle, d’interventions pontificales analogues à celles de Gélase.

Ce que l’on a assez malencontreusement appelé le semi-pélagianisme est quelque chose de tout à fait différent, et doit être considéré comme une réaction plus ou moins vive contre l’augustinisme intégral. Il convient donc d’étudier cette doctrine des « Marseillais » dans un article spécial. Voir Semi-pélagianisme.

Se reporter aux articles Anien, Augustin (Saint), Fastidius, Innocent I er, Jérôme (Saint), Julien d’Éclane, et à la bibliographie qui y est donnée.

I. Sources.

1° Les mauristes les ont rassemblées au mieux dans l’appendice au t. x des Œuvres de saint Augustin ; reproduit dans P. L., t. xlv, col. 1679-1792. — 2° Elles sont groupées de manière commode dans A. Bruckner, Qnellen zur Gesch. des pelagian. Streiles, dans Sammlung ausgewàhlter kirehenund dogmengescbichtlicher Quellenscbriflen de G. Kriiger, IIe sér., fasc. 7, Tubingue, 1906.

II. Histoire générale.

Travaux anciens.

Outre

les renseignements fournis par Baronius, il faut tenir compte des histoires d’ordre théologique qu’ont fait surgir les controverses du xvii c siècle.

Jansénius consacre le t. i de l’Augustinus, 1040, à l’histoire extérieure du pélagianisme et à l’exposé des doctrines pélagiennes. Voir ici, art. Jansénisme, col. 331-340. — Les histoires ultérieures sont toutes plus ou moins commandées par celle-ci : D. Petau, S..T., De pelagianorum et semipelagianorum dogmalica hisloria liber unus, in-fol., Paris, 1643 ; J. (iarnier, S..T., Dissertationes seplem quibus intégra continetur hisloria pelagiana Maril Mercatoris opéra, part. I, Paris, 1673, reproduit dans P. L., t. xi.vm, col. 2.V>698, renferme une quantité prodigieuse de renseignements : 11. de Xoris, Hisloria pelagiana, 1073, voir Ici t. xi, col. 799 ; Noël Alexandre, Histor. ecclesiast., i. v, 1680, ». 202-202 : les mauristes, d’abord dans la préface au t. x des Œuvres <le saint Augustin, Anvers, itou (P. L., i. kliv, col. 9-108), puis dans la Vita S. Augustini ex ejus potissimum scri/dis COncinnata, en tête du t. xi, Anvers, 1702 (P. L., t. xxxii, col. 65-578), à partir du 1. VII ; celle histoire se rapproche de très prés de celle qui a été publiée dans Tillemont.

Mémoires, t. iii, 1702, les mauristes ayant disposé « lu manuscrit de Tillemont it 1698) ; Livin de Meyer, s. J., /). pelagianorum et massiliensium contra /idem erroribus dissertatio IV, in-.X", Bruxelles, 1709 ; L. Patouillet, S. J., Loi vie de Pelage, s. |., 1751, Histoire du pélagianisme, 2 vol., Avignon, 1763 et 1 7*">7.

I)n côté protestant, il faut au moins signaler : J. < >. Walch, Dlssertallo de pelagiantsmn unie Pelaglum, léna, 1738, et l’étude consacrée au pélagianisme dans Ch. W. E. Walch, Enlwurj einer oollstàndlgen Historié der Ketzereien, t. iv, Leipzig, 1 7 < > s.

3 Travaus n cents. G. F. Wiggers, Versuch etner pragmatischen Darstellung des Augusttnlsmus and Pelagianismus, 2 vol., Hambourg, 1821-1833 ; F. Klasen, DU Innere Enlwickelung dis Pelaglantsmus, Frlbourg-en-B., 1882 ; il. von Schubert, Der togenannte Prvedbsttnati Beltrag iw Gesch, des Pelaglantsmus, dans Texte and Untersuch., i kxiv, nue. I, Leipzig, 1903. Voir aussi i i …. [s, Pelaglus und der pelagtantscht Streit, dans Prof. Realencgelopàdte, t, w. 1904, p, 747-774 ; I Ducbesne Histoire ancienne de l’Église, i iii, Paris, 1910, < vi-vni,