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PÉNITENCE. LE Ilie SIÈCLE, LES DOCUMENTS


sible, de faire, ensuite, le départ entre les textes relatifs à la pénitence en général et ceux qui concernent la rémission ecclésiastique. On verrait alors, pensons-nous, que les données fournies par lui se raccordent assez bien à ce que nous apprenons par ailleurs. Voir sur ce point, encore que nous n’acceptions pas toutes ses conclusions, l’essai proposé par A. d’Alès, L’édil de Calliste, p. 252-283.

7° Saint Cyprien fournit, sur la pénitence ecclésiastique, des renseignements extrêmement précieux. Voir art. Cyprien, col. 2466-2467, et surtout art. Novatien, col. 829, 832-835, 838-839. Ici, plus qu’ailleurs, une chronologie rigoureuse est nécessaire, parce que l’époque où écrit l’évêque de Carthage voit s’accomplir dans la discipline pénitentielle une sorte de révolution.

Il faut mettre en tête les Testimonia, certainement antérieurs à la persécution de Dèce. Sous la rubrique : Non posse in Ecclesia remitti ei qui in Deum deliqueril, T. III, n. 28, éd. Hartel, p. 142, Cyprien groupe les textes scripturaires alors classiques, d’après lesquels on ne peut pas pardonner dans l’Église aux pécheurs coupables de fautes directes contre Dieu (par opposition aux fautes contre le prochain) ; l’absence dans ce groupe des textes de l’épître aux Hébreux, ci-dessus, col. 754, ne doit pas surprendre ; la canonicité de cette lettre n’était pas encore reconnue en Occident.

Le traité De lapsis, Hartel, p. 237-264, qui décrit d’une manière si vivante la crise intérieure de l’Église de Carthage au début de la persécution de Dèce, a été certainement rédigé au printemps de 251, un peu avant le concile qui devait être consacré à régler ces questions. Outre les renseignements que le traité fournit sur les conditions où s’exerçait, avant la crise et depuis, le pouvoir de remettre les péchés, outre l’indication qu’il donne sur les tendances plutôt rigoristes de Cyprien, il renferme, aux chapitres v et vi, un véritable « examen de conscience » analogue à celui que fournit le Pasteur d’Hermas. Le De unitate Ecclesiee, qui est sensiblement contemporain, a aussi de l’importance ; l’idée qu’il met en relief sur la nécessité d’appartenir à l’Église pour être sauvé va exercer une grande influence sur la théorie du pouvoir des clefs. Le De opère et eleemosynis, composé pendant la peste de 252, est intéressant à raison de son insistance sur cette idée que l’aumône efface le péché léger, comme le baptême fait du péché grave.

Plus précieuse encore est la correspondance de Cyprien, puisqu’elle nous renseigne, quelquefois semaine par semaine, sur les actes et les pensées du grand évêque durant la période 250-258. Le classement des pièces qui se rapportent à la persécution de Dieu est ainsi établi par Bayard, éd. Les Belles-Lettres, Paris, 1925 (numérotation de Hartel eu chiffres romains, celle de la P. L. en chiffres arabes) : Année 250 : début : lettres v (1), vi (81), vu (36), f v 1 1 1 (2), lettre de l’Église romaine], ix(3) ; printemps : x (8), xii (37), xiv (5), xiii (6), xi (7), xvi (9), (10), xvii (11) ; été : xviii (12), xix (13), xx (14) (réponse à vin) ; automne : [xxiv (18), consultation adressée à Cyprien par un évêque], le groupe xxv m. (dont il faut retrancher (31) et xxxvi (30), rédi gées par Novatien au nom du presbytérium romain ].

— Année 261 : débul : lettres xli (38) et xlim (40) [xlii (39) est d’un évêque qui représente provisoire ment Cyprien à Carthage] ; à Pâques, un concile examine la question des itipsi [renseignements importants dans i-.mssi dans iaii (64) qui

nodale du concile de l’année suivante] ; après

ues : lettres xliv-uv [xi.ix (46) et i. (48) du pape

llle, nu (50)’les confesseurs romains], tontes

relah Lsme de Novatien. Année 168 : début’.

lettre lv (52) à Antonianus, capitale ; résume les idées

dict. nr no ni.. CATHOL.

et les attitudes qui ont été imposées à Cyprien par l’explosion de la crise novatienne ; printemps : réunion du concile, lettre synodale = lettre lvii (54). — A partir de ce moment, la correspondance se raréfie (Cyprien est rentré à Carthage), elle est d’ailleurs relative à d’autres objets ; relever quelques faits ou allusions dans les lettres lxiv (59), lxv (64), lxvii (68), lxviii (67). A partir de lxix (76), la correspondance est surtout relative à la question baptismale ; très intéressante pour l’étude du concept sacramentel de Cyprien, elle fournit moins de renseignements sur la pénitence ; signaler au moins lxxiii (73), n. 7 (rémission des péchés dans le baptême), lxxv (75), n. 4, de Firmilien de Césarée (manière dont la discipline pénitentielle procure la rémission des péchés). — Plusieurs lettres ne peuvent être datées ; la lettre iv (62), très importante au point de vue de la discipline pénitentielle en ce qui concerne les fautes charnelles, nous paraît être chronologiquement postérieure à la persécution de 250.

8° Les documents relatifs à la crise novatienne sont importants en ce sens qu’ils permettent de préciser soit les positions prises par Novatien, soit les ripostes des catholiques. Voir art. Novatien, col. 829-830, 839-844. Pour ce qui est du novatianisme, il faut bien distinguer entre les opinions soutenues au début dans la secte et celles qui deviendront courantes au ive siècle.

9° Denys d’Alexandrie a joué en Orient un rôle comparable à celui de saint Cyprien. On ne peut donc que regretter la perte de sa correspondance dont Éusèbe, qui l’a eue en main, ne nous donne que des fragments. Il faut relever au moins ce que raconte Denys sur l’intervention des martyrs dans la réconciliation des lapsi, H.E., l, xlii, 5-6 ; ce qu’il dit de la réconciliation d’un vieillard nommé Sérapion, ibid., xliv, 2-6, noter en particulier l’ordre donné par Denys à ses prêtres de remettre les péchés aux moribonds s’ils le réclamaient et surtout s’ils l’avaient demandé auparavant : êvtoXtjç ût : ’È|i.oû 8eSo(i.évT]ç toùç àTcaXXaTOU.évouç toû pîou, el Séoivto, xal p-àXiara eî xal TtpÔTepov Ixeteûcjxvteç tû^oiev, àcpîeaOai. Denys avait également rédigé une lettre (encyclique) à ceux d’Egypte (évidemment auxévêques de son ressort) sur la pénitence, dans laquelle il exposait ce qu’il avait décidé au sujet des lapsi, selon les degrés de leur culpabilité, Èv f) xà S6ÇavTa aÙTtî) Ttepl tûv ÛTcoTceTCTCùxÔTtov roxparsŒiToa, tocÇeiç 7CaparcTW(i.àTWv Siaypà^aç. De cette Ici ire, dont nous retrouverons plus loin l’équivalent dans les lettres canoniques des iv* et v° siècles, col. 790, il faut distinguer un écrit spécial sur la pénitence, îSioc tiç 7tspi. p-Exavotaç ypa ? 7) » adressé à l’évêque d’Ilermopolis, un de ses suiîragants ; sans compter une épître destinée à des gens de l’Arménie, qui étaient donc en dehors de sa juridiction, et une lettre qu’il fait tenir à l’Église de Rome sur le même sujet. Ibid., xlvi, n. 1, 2, 5. Cette correspondance se révèle comme parallèle à celle de saint Cyprien ; on serait curieux de pouvoir comparer l’une à l’autre. Les textes sont commodément rassemblés dans ledit. Feltoe des Cambridge patristic texls.

10° Méthode d’Olympe, dans les dernières années du iiie siècle, est le représentant le plus remarquable de la théologie orientale. Le gros de la crise novatienne est passé, l’institution pénitentielle fonctionne régu-Ih rement et, semblc-t-il, sans à-coups. Le pelii traité De lepra lui donne l’occasion d’exposer les moyens par lesquels se traite et se guérit la lèpre de l’Ame, le péché. Abstention volontaire de l’offrande eucharistique, rccoui iue ou au prètn. séparation du coupable pour i’exomologèse, puis réconciliation ; ces divers actes de la pénitence canonique sont assez bien séparés les uns des autres. Dr lepra, VI, 7-9 ;

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