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PÉNITENCE. LES IVe ET Ve SIÈCLES, LA PRATIQUE


forme, que l’image sainte elle-même déjà restaurée. »

Qu’on lise également les passages où saint Jérôme parle de son baptême, et l’on remarquera que pour lui — et c’est le cas pour bien d’autres, nés de familles chrétiennes — le baptême signifie, après une jeunesse orageuse, une véritable conversion. Saint Augustin, intellectuellement rallié à la vérité catholique, n’est arrêté devant le baptême, qu’à cause du changement de vie complet que suppose celui-ci. Il va trop loin à la vérité (et il le reconnaît d’ailleurs lui-même) en faisant de la pratique, non seulement des préceptes, mais des conseils évangéliques la forme de la vie nouvelle où l’introduira le baptême. Prêtre, évêque, il se gardera bien de prêcher cet idéal sous cette forme absolue. Ses pensées, néanmoins, au moment où il se ((invertit, doivent être celles des meilleurs parmi ses contemporains.

Mais, à côté des fervents, il y a aussi la masse des tièdes. Amenés pour des raisons diverses à recevoir l’initiation chrétienne, ils traînent, après, la même vie médiocre qui avait été la leur auparavant. Ce ne sont pas ceux-là que les scrupules retiendront quand il s’agira de s’approcher de la table eucharistique, d’autant que cette participation, quand l’on prend part aux synaxes liturgiques, est pratiquement obligatoire. Ainsi, tandis que les personnes très ferventes n’avaient que faire de l’institution pénitentielle, celles qui en auraient eu le plus besoin ne se pressaient pas d’y recourir. Certains y recouraient le plus lard possible, à l’article de la mort, en tout semblables a d’autres qui ne recevaient le baptême qu’au tout dernier instant.

Ne nous hâtons donc pas de juger des choses de cette époque par ce que nous voyons sous nos yeux. La médiocrité, pour ne pas dire l’insuffisance complète de trop de chrétiens aurait dû, nous semblet-il, rendre plus fréquent l’usage de la pénitence. Nous venons de voir les raisons pour lesquelles il faut en rabattre. Enregistrons, d’ailleurs, les nombreuses et éloquentes protestations des évêques contre ces errements Notons aussi le mouvement qui, dès le début de cette époque, précipite les âmes les plus ferventes ers la vie monastique, laquelle, en ses origines, s’éloigne complètement du monde. Signalons enfin les réactions assez vives que crée, dans des cercles d’orthodoxie plus ou moins douteuse, comme le milieu priscillianiste en Occident, le milieu euchitc en Orient, la considération de la médiocrité d’un trop grand nombre de chrétiens.

Est-il besoin d’ajouter que les conditions nouvelles créées à la vie chrétienne par l’invasion des barbares ne pouvaient qu’accent uer le désarroi dans les pays submergés par ceux-ci.

2° L(/ pratique de ta pénitence dans l’Église latine vers la fin du 1 1 r ri lr début du i’siècle. En nous aidant des renseignements fournis par saint Arnbroise, saint l’acien, saint Augustin, nous allons tenter de décrire comment fonctionne à ce moment l’institution pénitentielle. A l’occasion, nous ferons à cette esquisse les retouches que nécessite la considération d’autres documents. C’est Augustin surtout qui nous fournira notre cadre. Au risque de tomber dans quelque sché matlsme, nous exposerons comment les choses (le VTaient se passer en droit, quitte à faire observer les atténuations que la discipline pouvait recevoir dans la pratique.

1. Comment devrait fonctionner, en droit, l’intiitu lion pénilenlielle. a) La fauta qui en relèvent, Toul comme la théologie moderne, la discipline ancienne reconnaît l’existence de deux catégories de péchés les péchés qui ne peuvent manquer d’échap per a l’humaine fragilité, peccata quotldiana et, d’aut re part, i( welera, les peccata mortalia. Les premiers

r tu THÉOI. < ATlKH.

se retrouvent chez tous, même chez les meilleurs et les évêques n’en sont pas exempts. Serm., lvi. 11. Ils sont remis par la prière (insistance particulière sur le Dimitte nobis débita nostra), l’aumône (insistance particulière sur le texte scripturaire : « I.’aumône couvre la multitude des péchés » ), le jeûne et les autres mortifications corporelles ; prière, aumône, jeûne étant employés soit seuls, soit associés.

Les peccata mortalia sont évitables et doivent être évités. On prévient les catéchumènes de leur gravité et des conséquences qu’entraîne le fait de les commettre : retranchement des coupables de l’Église, humiliations qui leur sont imposées dans la pénitence publique.

La difficulté est, comme toujours, d’établir le catalogue de ces peccata mortalia. On obtient cependant d’intéressantes indications en recoupant les divers témoignages. C’est autour des trois péchés capitaux de l’ancienne discipline que Pacien groupe son énumération (voir aussi Grégoire de Nysse, ci-dessus, col. 791). après s’être, au préalable, retranché derrière le texte (occidental) du concile de Jérusalem, Act., xv, 20, 29. On trouverait encore dans Augustin des traces de cette vieille distinction, Serm., ccclii, 8, et surtout De fide et oper., 34 : Qui autem opinantur cœtera eleemosynis facile compensari, tria lamen mortifera esse non dubitant etexcommunicationibuspuniendadonec pœniientiahumiliore sanentur, impudicitiam, idololatriam. homicidium. Ce n’est pas ici le lieu, continue Augustin, de rechercher si cette idée est à approuver ou à corriger. En fait, Augustin la corrige et prend comme critérium de sa distinction d’une part le décalogue. d’autre part les listes des péchés qui, d’après saint Paul, excluent du royaume des cieux. Voir Serm., CCCLI, 7. Le sermon lvi, 12, fournit une liste intéressante : idolâtrie, astrologie, magie, hérésie, schisme, homicide, adultère, fornication, vols, rapines et si qua forte alia unde necesse sit pnveidi ab altari et ligari in terra ut ligetur in cœlo. Parmi ces quædam alia signalons l’ivrognerie, mentionnée Serm., xvii, ’.i, et dans saint Arnbroise, la commatio (coups et blessures). De psen., II, viii, 74. Par contraste avec ces fautes capitales, relevons dans le même Serm. LVI d’Augustin les multiples péchés de la vie quotidienne qui se commettent par la vue, l’ouïe, la parole (parmi ceux-ci il en est de (dus graves et qui séparent de l’autel, le blasphème, par exemple). Et même si l’on gouverne bien tous ses sens, il reste les péchés de pensée, sous lequel terme d’ailleurs il ne faudrait pas se hâter d’englober tous les péchés intérieurs. Augustin ne pouvait pas oublier le mot du Sauveur sur la pensée adultère. Mat th.. v, 28. Pacien est un peu plus explicite sur ces fautes qui ne sont pas des fautes d’action : Addû non solas manus in homicidio plecli, sed et omne eonsilium quod alterius anirnam impegit in morlem, nec eus tantuni qui Ouïra mensis adoleverc profanis, sed omnbh PRORSUS libidinem extra uxorium thorum ci compteras licilos evagantem reatu mollis astringi, Pareen., v.

Notons qu’aucun de nos auteurs ne distingue, quand

il s’agit de ces peccata mortalia, entre fautes secrètes et fautes publiques. Ce qui, en droit, est soumis à la péni tenec ecclésiastique, ce sont les fautes qui excluent du

roj aume de l Heu. Saint Arnbroise ment ionne expresse

ment les occulta < rnnina. De pan., I. XVI, 90.

On voit qu’en définitive l’ « examen de conscience de s.iiul Augustin est sensil ilement le même que celui de saint C.yprien.

b) La procédure suivie. Ici encore, nous pouvons distinguer les mêmes phases qu’à l’époque antérieure.

a. L’exclusion ou l’entrée dans l’ordre dis pénitents. Elle est la conséquence d’un acte judiciaire, que nous

DOUVOna appeler une cxcommiinit al moi Not l’iro a

communione prohibere quemque non possumus, dit

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