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PAULIN DE NOLE


avait attiré l’attention de Paulin, alors qu’il était gouverneur de la province ; depuis, il avait cru pouvoir rapporter à son intervention bienfaisante une faveur temporelle signalée. Il voulait maintenant se consacrer définitivement à son service. Ainsi fut fait. Peu après l’ordination de Paulin, lui et Therasia, qui vivaient désormais comme frère et sœur, viennent s’installer à Noie, observant la vie la plus frugale et la plus austère, se consacrant au soin des pauvres et des pèlerins, développant par tous moyens le culte du bon saint Félix. En 409, Paulin deviendra évêque de la petite ville. Mais sa retraite n’a pas coupé toute communication avec le reste de la chrétienté ; nombreuses sont les personnes qui viennent s’édifier à Noie tout autant des miracles qui s’accomplissent au tombeau de Félix, que du spectacle que donnent Paulin et Therasia. Une correspondance, dont il subsiste des restes précieux, met en rapport le nouveau saint de Noie avec tout ce que l’Église occidentale compte d’illustres personnages Les invasions barbares qui, depuis 401, déferlent sur l’Italie, troubleront à peine la tranquillité de la petite cité campanienne, où Paulin mourra dans un âge avancé, le 22 juin 431.

L’œuvre littéraire laissée par Paulin est relativement considérable, un volume presque entier de P. L., t. lxi (deux volumes du Corpus de Vienne, t. xxix et xxx). Encore ceci ne représente-t-il pas la totalité de ce qu’il a écrit, s’il faut se fier à la notice littéraire de Gennade, De vir. ill., n. 48 (49), P. L., t. lviii, col. 1086.

Pour éliminer d’abord les œuvres perdues, disons qu’il ne reste pas de traces d’un Panégyrique de Théodose, attesté par Gennade, par saint Jérôme, Epist., lviii, 8, etpar Paulin lui-même, Epist., xxviii, 6. Pas davantage d’un Liber de pœnilentia, attesté par le seul Gennade et qualifié par lui de præcipuus omnium opusculorum ejus. Pas davantage d’un Liber de laude generali omnium martyrum, attesté lui aussi par le seul Gennade. O. Bardenhewer, il est vrai, émet l’hypothèse que ce double titre (De pœn. ; De laude) désignerait un seul et même ouvrage ; celui-ci ne serait autre que le Poème xix, longue composition sur saint Félix, « qui, dans sa première partie, célèbre les saints en général, et les considère comme les médecins préposés par Dieu pour guérir le monde impur et pécheur ». Altkirch. Lit., t. iii, p. 580. Muratori, au contraire, croyait avoir découvert des fragments en prose d’un De pœnilentia. Voir P. L., t. lxi, col. 833-836. Tout ceci demeure dans le domaine de la conjecture.

L’ensemble de l’œuvre conservée de Paulin se partage à peu pris également entre la prose et les vers. La prose est représentée par la correspondance, au milieu de laquelle s’est glissée une homélie, intitulée De gazophylacio, assez bien caractérisée par le sous-titre d’un des mss. : de avaritia jugienda et de elemosinis erogandis. Epist., xxxiv, P. L., t. lxi, col. 344-350 (Corp. Vind., t. xxix, p. 303-312). Les lettres (une cinquantaine ) sont adressées à des personnages bien connus de l’époque et font connaître les relations de l’auteur nombre d’autres. Citons, parmi les évoques gaulois, Delphin et Amand de Bordeaux, Exupère de Toulouse, Simplicius de Vienne, Alithius de Cahors. Diogénieo d’AIbi, Dynamius d’Angoulême, Vénérand de Clermont, Pégase de Périgueux, Victrlce de Rouen. Par Sulpice-Sévère, avec qui Paulin est en relations régulières (13 lettres fin i Paulin conserve le contai i avei cette Gaule dont il est originaire et où le souvenir de sain ! Martin de Tours commence * l’au réoler de légendes. Alype de Thagaste, Augustin d’1 lip pone (à qui sont adn i ttres)le tiennent au courant de < qui se passe en Afrique Pammachius, l’illustre ; mii de Jérôme, maintient la communication entre Noie et Bethléem Bref, nou Ici comme

à un carrefour où se rencontrent les illustrations de l’époque. Voir les excellentes tables, rédigées par Muratori, qui permettent de retrouver tous ces noms, dans P. L., t. lxi, col. 1093 sq. Cette correspondance est non moins intéressante par son contenu et donne sur la vie religieuse, les préoccupations d’ordre divers, et même sur quelques questions dogmatiques de précieux aperçus. Voir en particulier la lettre xii, où Paulin développe à Amand de Bordeaux l’économie générale du salut. On remarquera que l’évêque de Noie, bien qu’il croie à la faute originelle, est loin de partager le pessimisme d’Augustin. C’est si vrai, que l’évêque d’Hippone, lors du revirement du pape Zosime en 417, préoccupé des relations que Paulin avait eues jadis avec Pelage et de celles qu’il gardait avec ses partisans, crut nécessaire de retenir de son côté, par un pressant appel, Paulin et le groupe de ses amis. Voir saint Augustin, Epist., clxxxvi, P. L., t. xxxiii, col. 815-832. Cette lettre accompagnait l’envoi d’un certain nombre de textes et documents, qui devaient faire éclater aux yeux de Paulin l’hétérodoxie de Pelage et de Célestius.

Ce sont les compositions poétiques de Paulin qui ont surtout attiré l’attention des littérateurs et des philologues. Avec Prudence, son presque compatriote et son contemporain, Paulin est en effet le grand poète chrétien de l’âge patristique, dépassant de très loin les nombreux versificateurs qui, dès ce moment, s’efforçaient d’habiller à la mode de Virgile et d’Horace les idées religieuses nouvelles. Sans doute tout n’est pas d’égale valeur dans les 33 ou 34 poèmes, de longueur très variable, qui sont conservés sous le nom de Paulin. Les premiers, antérieurs à la « conversion » de Paulin, et parmi lesquels figure un fragment d’une traduction en vers du De regibus de Salluste (Carm., iii), ne nous retiendront pas, encore qu’il y ait quelque intérêt à comparer les deux prières des poèmes iv et v. La paraphrase poétique des psaumes i, ii, cxxxvi (Vulg.) = Carm., vii, viii, ix, témoigne d’une réelle habileté à pasticher le style biblique et tout autant le poème vi en l’honneur de Jean-Baptiste qui serre de près les récits évangéliques relatifs au précurseur. Les longues épîtres versifiées contenues dans les poèmes xxii et xxxv (P. L., col. 691 = Corp. Vind., n. 32, p. 329), font figure d’une apologie sommaire du christianisme. Trois autres pièces, VÈpithalame de Julien (le futur Julien d’Éclanc) et de Titia (Carm., xxv), le Propempticon (Carm., xvii)dédié à Nicétas deRemesiana, qui, après son pèlerinage à Noie, retourne en son lointain pays, la Consolatio(Carm., xxxv, col. 676 — Corp. Vind., n. 31, p. 307) adressée aux parents du jeune Celsus, mort en bas âge, sont de remarquables transpositions dans le mode chrétien des divers genres poétiques de l’antiquité classique. Mais la grande niasse des poèmes de Paulin est constituée par les compositions en l’honneur de saint Félix. Chaque année, au 14 janvier, jour de la fête du saint, Paulin aimait à lui consacrer une pièce de vers. D’abord assez courtes, ces compositions ne tardèrent pas à prendre une ampleur considérable (le n. xxvii dépasse 600 vers). Paulin a su éviter les répétitions que pouvait amener la reprise annuelle du même sujet. La vie du saint est racontée en deux poèmet, w et xvi, mais aussi la manière dont l’honore toute l’Italie : Carm., xiv, description de la fêtequise déroule à Noie le 14 janvier de chaque année ; Carm., XXVn et xwni. description de la basilique élevée en son honneur ; Carm.. xix. sur leculte des saints etl rai et sur les merveilles opérées pai Félix ; cette

vite posthume du saint lut aussi l’objet des poèmes x i. XXIII, etc. Il y a dans ces diverses pièces une abondance extraordinaire de renseignements) tant sur le

culte de lainl I éllX, que sur les honneurs rendus en

mis. en même temps qu, des détails