Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/442

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

869 PÉNITENCE. LA RÉFORME CAROLINGIENNE, LES DOCUMENTS 870

introduit l’explication du verset suivant : Confilemini alterutrum peccala oestra, dont le sens obvie suggère la nécessité de la confession mutuelle des fautes. Rède fait remarquer toutefois qu’il y a lieu ici à distinction : In hac autem sententta, Ma débet esse discretio ut quotidiana leviaque peccata alterutrum coa-qualibus c.onfiteamur eommque quotidiana credamus oratione salvari. Porro gravioris leprx immunditiam juxta legem sacerdoti pandamus, atque ad ejus arbitrium qualiter et quanto tempore jusseril purificare curemus. P. L.. t. xcur, col. 39-40.

De ces explications de Bède s’inspirent plus ou moins directement Benoît d’Aniane († 821), à propos de lac. v. dans Concord. regul., xxxvi, 6, P. L., t. an, col. 1028, — Paul Diacre (t fin du viiie siècle), Hom., xcir, in Matth., xviii. P. L., t. cv, col. 215 ; -Walafrid strabon († 849), dont la Glossa ordinaria deviendra le bréviaire de tous les théologiens, voir mu Matth.. xvi, P. L., t. cxiv, col. 142 ; sur Joa., xx, col. 123 ; sur Jac, v, col. 680 : — Raban Maur (| 856), In Matth., xvi, t. cvir, col. 992 ; Homil. in ev. et ep., i.it, sur Jac, v. t. ex, col. 223 ; — Smaragde de Saint Mihiel (t au début du ixe siècle), Collect. in epist. et cv.. In Natali S. Pétri, P. L., t. cir, col. 392 C, explication île Matth., xvi ; In lit. maj., col. 303, sur.lac., v.

Plus indépendants se révèlent Christian Drulmar de Stavelot (f après 865) et Pascliase Radberl (t après 856). L’Expositio in Matlhseum du premier est un des plus remarquables travaux de l’époque. Son explication « le Matth., xvr rassemble un certain nombre d’idées qui se retrouveront dans la tradition ultérieure. Comme Bède. il bloque l’exégèse de Matth., [ et de Joa., xx. et voit dans le mot « délier » le fait que le pénitent est délivré de la crainte du châtiment éternel, dans celui de « lier » la menace, pour les coupables mal disposés, de l’éternel supplice. Mais il ajoute, sur la façon dont il conçoit cette

absolution. un développement qui vaut d’être relevé : De même que les prêtres de l’Ancienne Loi avaient, dans leurs attributions, de constater l’existence de la lèpre ou sa disparition, de même, dans l’Église, prêtres et évéques doivent ligarc quos viderint leprotos in anima de peccatis criminalibus. Cum vero viderint mit mulierinl ablatam lepram, id est peccata per digna njicrn picnilentix et confessionis, tune debent illos absolvere. Cette explication amène, comme d’ordinaire, la comparaison de la résurrection spirituelle du pécheur avec la résurrection corporelle de Lazare : en somme, le prêtre doit faire pour celui-là, ce que les apôtres mit fait pour celui-ci : ut Muni ttudeai fsacerdos) absolvere quem Dominus in anima retuscitavil, quia si discipuli mile solvissent Lazarum quant Dominus illum resuscitasset, jetorem potius oslendereniquam uirtulem. P. L., t. cvi, col. 1397 ; cꝟ. 1341 A. l.e commentaire sur s, uni Matthieu de Paschase Radberl donne, .m sujet du passage en question, d’heureux développement sur l’excommunication, mais qui touchent munis directement à la question péniten Helle. P/… t. CXX, col. 5113.

S. Au premier rang des théologiens de l’époque

il faut placer Alcuin (’804), dont on peut dire, sans

rer. qu’il a été un des plus zélés propagateurs

de l ; i confession. Signalons seulement les exhortations

générales contenues dans [’Epist. xiv. à des moines

lis, P /-. I C, ’"I. 165 C : dans VRplêt. xciv,

c in de Salzbourg : cet archevêque fera bien de

Mer chez ses prêtres le souci d’appeler les fidèles

Onfession « l<- leurs fautes, COl 300 C ; dans v Epist.

…i des moines d’Hibernie, col. 502 (.1). Mais

il i.iui s’arrêter < i’Epist, cxii, adressée aux frères

le 1.1 province de GothU c est.1 dire de Septlmanli 1.

qu’elle donne toute la théorie de la nécessité

de la confession, col. 337-341. En la province susdite, nul parmi les laïques ne voulait, paraît-il, faire sa confession aux prêtres. Pourtant, dit Alcuin, comment pourra, sans cela, entrer en action le pouvoir de lier et de délier confié à l’Église par le Seigneur’.' On veut se confesser à Dieu, et l’on néglige de satisfaire l’Église, dans laquelle on a péché. L’ordre donné par le Christ aux lépreux d’aller se montrer aux prêtres, le commandement fait par lui aux apôtres de délier Lazare ressuscité, ne sont-ils pas une claire indication de sa pensée ? Que fait-on des ordres formels donnés par les apôtres et, en particulier, du Confilemini alterutrum peccata vestra ? ce mot alterutrum n’indique-t-il pas que l’homme doit se confesser à un homme, le coupable à son juge, le malade à son médecin ? Déjà l’Ancien Testament renvoyait le pécheur au prêtre, qui devait offrir pour lui le sacrifice ; or. quel est le sacrifice pour le péché que nous, chrétiens, nous offrons, sinon la confession de nos péchés ? Ce sacrifice, nous l’offrons à Dieu par l’intermédiaire du prêtre, ses prières rendent agréable à Dieu ee sacrifice de notre confession, nostræ confessionis oblalio Deo acceplabilis fit, et nous valent de recevoir de Dieu la rémission de nos péchés. S’il ne fallait pas confesser ses fautes au prêtre, pourquoi y a-t-il, dans le Sacramentaire. les prières de réconciliation ? le prêtre pourrait-il réconcilier celui dont il ne connaît pas les péchés ? Ht cette démonstration se termine par un vibrant appel aux frères négligents. Quiconque est tombé, par suite de la fragilité de la chair, qu’il recourre sans tarder au remède de la confession. Et Alcuin d’assimiler le cas des divers pécheurs à celui des trois morts dont l’Évangile raconte la résurrection. Qui sunt lii 1res mortui nisi tria gênera peccanlium, nua 1 modo quolidie divina confitentibus suscilure solet gratia ? Filiam suscitât in domo, dum consrnlienlem in corde peccare, revocat a peccati perpetratione. Filîum Vidust extra portam cii’itatis suscitai, dum precantem foris fn opère ad pwnitentiiv medicumenta confugere fæit. Fetentem vero in mai. a consii, tudine peccati. dum lacrymas pa’nilenliiv elicit < i corde, suscitât, et ex ecclesiastica auctorilate solverc eum jubet, ut dignus sit communione Domini et particeps sacri altaris efficiatur. Que les frères de Gothie se gardent dorénavant de l’erreur qui sévit en leur pays : venenosum erratiac infectionis fermentant.

L’opilSCUlam de conlessione peccatorum ad pueras Sancti Martini, P. L., t. ci, col. 649-656, est une instruction en règle sur la confession, adressée par Alcuin aux jeunes gens élevés à Saint-Martin de Tours, dont il était abbé. C’est aux adolescents surtout que la confession est utile ; à leur âge ne manquent pas les occasions de chute : la pénitence apporte aussitôt le remède : crede mihi totum veniale eril quod peccasti si confileri non erubesces. La confession esl vraiment le sacrifice qu’ils doivent olîrir à Dieu en expiation de leurs fautes. On relèvera, dans cet opuscule, les mêmes textes scripturaires mis en ou re dans la lettre analysée ci-dessus. Alcuin. envoya ce petit traité à Arn de Salzbourg. cf. Epist. ci.n, P. /… t. c. col. 102.

Des exhortations du même genre, appuyées par « les preuves analogues, se rencontrent dans le De

Institutlone laiealt de Jonca d’Orléans († 813°. Voir, en particulier, les c, i. x. xv, xvi du l. I. / L

t. evi, col. 151 s, | qui ConSl ituent un petit traité de la pénitence, avec insistance part iculière sur la nécessité de la confession, Celte nécessité est demonl n’e par

les textes ii « ’Jac, . 16, « i 1 Joa., t, 9. par l’exemple que donnent sur les hm^ « lu Jourdain les convertis de Jean-Baptiste, à Êphèse les chrétiens adonnés

aux |>r : il i<|ih’s « le magie. VCt., xix. t S I « C XVI. lui. insiste sur l’opportunité qu’il x a. même BOTI1 les