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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LES THOMISTES. XV SIÈCLE

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site de la confession. Confessio, c. vin ; Pœnilentia, c. ix. L’aspect moral de la justification est mis en relief, môme dans la justification sacramentelle, par le fait que les actes extérieurs du sacrement tirent leur valeur de la contrition intérieure ; et cette contrition est accordée (in ipsa confessione datur) à celui qui s’approche du sacrement de pénitence sans l’avoir encore. La contrition intérieure peut d’ailleurs, avec le secours des actes extérieurs du sacrement, obtenir la rémission totale du péché et des peines dues au péché. Contrilio, c. xvii ; Confessio, c. vin.

En ce qui concerne la rémission des peines, l’auteur suit pas à pas saint Thomas. Cf. Absolutio, c. in ; Clauis, c. vu ; Confessio, c. xxxvii. Signalons cependant la discussion relative à la rémission de la peine éternelle et la solution apportée au problème, en fonction de l’absolution sacramentelle. Reynier admet que la peine éternelle est changée en peine temporelle, par la seule contrition ; que cette peine temporelle est diminuée par la vertu de l’absolution ; qu’enfin, les restes de peines encore dues à la complète réparation sont effacés par la satisfaction. Clavis, c. vu ; Psenitentia, c. xxiv. Sur la satisfaction offerte pour autrui, on relève les points suivants, conformes à la doctrine de saint Thomas : pas de substitution possible en ce qui concerne la satisfaction médicinale ; mais substitution possible dans la satisfaction expiatoire ; celui qui satisfait pour les péchés d’autrui le fait avec des œuvres moindres, en raison du principe de charité qui l’anime ; cette substitution est toujours possible, même si le pécheur est en état d’expier ; mais une telle substitution n’est pas à conseiller hors le cas de nécessité, car la satisfaction doit toujours avoir, immédiatement du moins, un caractère médicinal ; enfin, satisfaire pour soi-même est œuvre de nécessité ; satisfaire pour autrui est œuvre de charité. Liberatio a peccato, c. xv.

La restitution des vertus, d’après Raynier, se fait simultanément avec l’infusion de la grâce, dont les vertus sont inséparables ; mais les mauvaises habitudes contractées dans le péché peuvent, même après la justification, gêner l’exercice des vertus. Psenitentia, c. xv. La reviviscence des bonnes œuvres (mérites) est exposée d’après les principes de saint Thomas. Id., c. xvi ; xvii ; Charitas, c. xiv ; xviii. Voir, ici, col. 993.

On le voit, si Raynier tient, dans les lignes essentielles de sa doctrine, les positions de saint Thomas, tout au moins celles du Commentaire sur les Sentences, sur certains points cependant il s’en écarte assez sensiblement. Son œuvre est de valeur, excellent produit de la pensée thomiste, mais en même temps très personnelle.

La deuxième moitié du xiv° siècle ne nous a pas livré d’œuvre importante.

II. LE THOMISME AU XVe SIÈCLE. — DeUX noms

émergent à cette époque dans l’école thomiste, ceux de Capréolus et de saint Antonin. Nous y joindrons une brève mention relative au dominicain allemand Jean Nyder et à Denys le Chartreux, et quelques indications sur les Sommes pénitentielles de l’époque.

Capréolus.

 L’appellation de princeps thomistarum

est méritée par cet auteur. C’est lui qui a donné au thomisme son véritable aspect ; non qu’il ait cherché à déduire un système des affirmations de saint Thomas, mais parce qu’il s’est efforcé de découvrir la pensée authentique du maître et de la mettre en relief. Notons aussi que Capréolus cherche la pensée authentique de saint Thomas d’une façon critique ; il estime que la Somme théologique, son dernier ouvrage, marque l’aboutissement de sa doctrine ; qu’en conséquence, il peut s’y rencontrer modification, progrès, rétractation même. In I am, dist. XXVII, q. ii, a. 3 ; cf. In IV am, dist. XXII, q. ii, a. 3.

La causalité sacramentelle est étudiée à propos du

res et sacramenturn ou plus exactement de la res proxima du sacrement de pénitence. Capréolus se réfère à plusieurs passages de saint Thomas sur l’ornatus (res et sacramenturn), en relation avec le dispositive operari, In I V am Sent., dist. I ; sur la grâce sacramentelle, dist. II ; sur les deux dans leur rapport avec le sacrement de pénitence, dist. XXII. D’où Capréolus conclut : sacramenta novæ legis sunt causa gralise non solum per modum causæ sine qua non, immo per modum causæ per quam. Dans le Commentaire sur les Sentences, saint Thomas parle à coup sur de causalité dispositive ; mais la Somme, III », q. lxii, a. 1, est muette sur ce genre de causalité. Là, en effet, ainsi que dans le De veritate, q. xxvii, a. 4, saint Thomas semble enseigner une causalité effective isstrumentale. Pour tout concilier, Capréolus, reprenant ici l’enseignement de Pierre de la Palu, voir col. 1002, déclare que le sacrement produit effective la grâce sacramentelle, dispositive la grâce sanctifiante, la grâce sacramentelle étant un habitus distinct de la grâce sanctifiante. In IV am Sent., dist. I, a. 1, concl. 3. Capréolus tente d’appuyer cette distinction entre grâce sanctifiante et grâce sacramentelle sur la doctrine même de saint Thomas. Les effets propres aux sacrements ne peuvent provenir de la grâce commune ; donc, ils viennent d’un habitus spécial, appelé grâce, pour indiquer son origine, et sacramentelle, pour marquer son particularisme. Ibid., dist. II, q. iii, a. 1 et concl. 4. Il invoque l’autorité de saint Thomas, In IV^™, dist. I, q. i, a. 4, sol. 5, et Sum. theol., III a, q. lxii, a. 2.

L’effet prochain du sacrement de pénitence, res et sacramenturn, placé par saint Thomas dans la pénitence intérieure, est étudié dist. XXII, q. i, a. 1-2. Capréolus rejette l’idée d’un ornalus, analogue au caractère du baptême. S’appuyant sur quelques textes de saint Thomas, notamment De veril., q. xxvii, a. 7, il opine que l’effet immédiat du sacrement extérieur est tout d’abord la grâce sacramentelle, sanatio peccati, qui est, en réalité, elle-même le principe immédiat de la pénitence intérieure. Quand ce dernier effet est simultanément produit, on peut parler d’ornatus animas. Ainsi notre auteur pense-t-il concilier sa thèse avec la doctrine du maître. Il y aurait donc, en somme, une sorte de double effet intérieur, le premier commandant l’autre et aboutissant à la psenitentia interior. Pour le développement de cet exposé, voir Gôttler, op. cit., p. 190-194.

De la contrition, Capréolus traite dans la dist. XVII, q. i, sans s’astreindre à suivre littéralement saint Thomas. Il déclare : 1. Que le contrit doit être prêt à tout supporter plutôt que de commettre à nouveau le péché, sans cependant être obligé de penser à chaque péché séparément ou à assurer sa contrition par la pensée expresse des peines de l’enfer ou des châtiments de l’autre vie ; 2. que le repentir doit avoir pour fondement plus l’offense faite à Dieu que la nocivité du péché pour le coupable. Point de distinction tirée des motifs entre contrition et attrition. Toutefois, dans l’attrition, il faut distinguer une attrition suffisante pour la justification sacramentelle, et une attrition encore insuffisante pour produire celle-ci.

Quelle condition est nécessaire pour que le sacrement produise son plein effet ? Capréolus demande la réponse à une analyse plus approfondie de l’effet prochain (res proxima) du sacrement, à propos des parties du sacrement. Ibid., dist. XVI, q. ii, surtout a. 3, réponse aux objections. Il distingue une intégrité ou perfection primaire et secondaire du sacrement. A la première intégrité, sans laquelle il n’y a pas de sacrement vrai, concourent les trois parties, absolution, confession et un certain déplaisir des péchés, contrition ou attrition. A la seconde intégrité appartiennent