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PÉNITENCE. LES THOMISTES, DÉBUT DU XVI* SIÈCLE


Sum. Tabiena ne parle que de la pœnilentia inlerior comme res et sacramentum. Pœnitentia. Mais elle signale que, prenant son origine dans la crainte, cette douleur intérieure se complète par l’absolution du prêtre et la pénitence qu’impose le confesseur. La Sylvestrina identifie cette pœnitenlia inlerior avec la contrition, en tant qu’elle est unie avec la pénitence extérieure au moins désirée. Pœnilentia. Au mot Conjessio, i, 22, l’auteur reprend la théorie de Pierre de la Palu (ce qui est, dit-il, l’esprit de saint Thomas) que les sacrements confèrent la grâce non effectivement, mais dispositivement ; ceux qui n’impriment pas un caractère, laissent dans l’âme un ornatus, disposition indélébile, qui s’accroît à la réitération du sacrement. Par là, se trouve accepté et expliqué le cas de la confession valide, nonobstant la fiction du pénitent ; confession dont l’effet se produira, recedenle fictione. La bonne foi du pénitent, toutefois, est requise. Sylv., Conjessio, i, 22 ; Tab., Conjessio, 2°, § 39. De même, l’absolution donnée à un absent est, en cas de nécessité, en certaines circonstances, valide. Conjessio, ii, 4.

L’enseignement sur la justification est l’enseignement traditionnel : les deux Sommes retiennent la nécessité des quatre mouvements, voir col. 987, Justificatio. Prierias note que les théologiens prennent le mot « contrition » en diverses acceptions : tout mouvement de regret, attrition ou contrition proprement dite émise sous l’influence de la charité. Conjessio, i, 22. Les deux auteurs établissent la différence entre la contrition et l’attrition par les points suivants : 1. la contrition est une douleur parfaite, l’attrition, une douleur imparfaite ; 2. la contrition est liée à la grâce, mais non l’attrition ; 3. la contrition dérive de Dieu quant à la forme de la grâce ; l’attrition a Dieu pour cause universelle, mais la volonté pour cause propre. Cette dernière différence est particulière à Tab., Contritio, § 1 ; cf. Sylv., Conlritio, i. Les motifs de contrition sont différemment indiqués : le plus élevé, « la séparation d’avec Dieu » ; le plus fréquemment nommé, « l’offense de Dieu ». Les deux Sommes apportent, comme causes de la contrition, les six causes déjà relevées (col. 999). Prierias dit que la complacentia Dei est perdue par le péché ; mais il n’entend peut-être pas encore ce mot dans le sens d’amour de complaisance. Sylv., Contritio, i ; cf. Tab., Contrilio, §6-9, 15 ; Justificatio, § 1.

A propos de la contrition requise dans la justification sacramentelle, on trouve ces précisions : il y a, entre la fiction totale, manque absolu de regret ou de ferme propos, et la contrition justifiante, une double attrition, l’une conduisant, à l’aide de l’absolution, à la justification ; l’autre, suffisante pour constituer le sacrement, mais insuffisante pour la justification sacramentelle. Cette insuffisance tient à l’ignorance ou à l’inadvertance du pénitent. Si le pénitent l’aperçoit de son défaut, il doit s’en confesser, et le confesseur n’est pas obligé de réitérer l’absolution. Par contre, si le pénitent, rendu attentif, ne veut pas confesser sa fiction, la confession perd son intégrité et, partant, le sacrement devient sans valeur. Sylv., Conjessio, i, 23 ; Conlritio, i. La confession faite pour un motif humain est nulle. Conjessio, i, 7.

Comme res tantum sacramenti, les deux Sommes indiquent la rémission des péchés par l’infusion de la grâce sanctifiante. Sylv., Pœnilentia ; Tab., id. Cela n’empêche pas que la contrition seule, pourvu qu’elle renferme le désir du sacrement, justifie par avance le pécheur. Sylv., Contrilio, tv ; Tab., Contrilio, § 13. Le pouvoir de lier et de délier est exposé à la manière de nond de Pcfiafort et de Pierre Lombard. Sylvestre

enseigne que les circonstances aggravantes doivent accusées, Conjessio, i, ’*. surtout celle de l’habitude « lu péché /P/</ Voir aussi, r, .’(. les divers cas

où la réitération Se la confession s’impose. L’Église ne peut imposer la confession des péchés véniels, i, 13 ; mais il faut accuser les péchés douteux, ii, 2, etc. On peut le constater : bien qu’appartenant au début du xvie siècle, ces Sommes de confesseurs n’apportent en réalité aucun progrès doctrinal sur les enseignements des théologiens thomistes de la deuxième moitié du xve siècle. Ce sont, d’ailleurs, plutôt des manuels pratiques. Sur les autres Sommes dominicaines, Summa metrica, Summula de Summa ou Summa pauperuni (milieu du xiv c siècle) et Manuale confessorum metricum (après 1347) et leurs gloses, voir Dietterle, loc. cit., t. xxvii (1906), p. 81, 171, 177.

/II. LE THOMISME AU DÉBV T BU XVI* SIÈCLE. — On

a pu remarquer déjà comment les auteurs du xive siècle se ressentent de l’influence de la Somme théologique de saint Thomas. Les opinions préconisées dans les Sentences de Pierre Lombard ne sont plus suivies sans discussions. L’humanisme oblige les théologiens à mettre d’accord leur doctrine avec les sources, Écriture et Pères, et l’influence du protestantisme naissant les incite à plus d’attention encore dans la proposition de la vérité catholique. Cette transformation de la théologie se découvre facilement chez les thomistes du début du xvie siècle. Nous citerons tout particulièrement Sylvestre de Ferrare, Cajétan, Vitoria, Melchior Cano et Dominique Soto.

Sylvestre de Ferrare.

François Silvestri (ou de

Silvestris) de Ferrare (Ferrariensis), philosophe et théologien émérite, professeur, puis provincial et enfin général de l’ordre de Saint-Dominique, est mort en 1528. Son commentaire sur la Somme contre les gentils est de 1516. Il ne montre d’autre ambition que de serrer de près le texte et d’en exposer le sens véritable : l’œuvre est restée classique. Ce sont surtout les passages suivants, qui contiennent la doctrine du sacrement de pénitence : t. IV, c. lxx-lxxii (sacrement de pénitence) ; t. III, c. cxviii qustification) ;  !. IV, c. i.vilviii (sacrements en général). Comme, en ce dernier passage, il n’est question ni de disposition, ni d’orn «  tus, le Ferrarais n’y prend aucune occasion de mani fester son opinion sur la causalité des sacrements.

La pénitence doit être considérée sous un double aspect : vertu, sacrement. Comme vertu, elle est un habitua de la volonté, dont l’acte intérieur est la contrition, dont les actes extérieurs sont la confession et la satisfaction. Sous le second aspect, elle est un signe sensible, qui signifie et produit la sainteté, tout d’abord par la rémission des péchés personnels. L. IV, c. i-xxii. Le sacrement extérieur (sacramentum tantum) est constitué partie par les actes du pénitent, partie par ceux du prêtre ; l’effet dernier (res tantum) est la rémission des péchés. Quant à l’effet interme diaire, res et sacramentum, notre auteur apporte de nouvelles précisions, destinées à ruiner les combinai sons peu heureuses de Capréolus. Voici ses conclusions : 1. D’après saint Thomas, la pénitence intérieure est le seul res et sacramentum : un ornatus n’a ici aucune place ; 2. Une identification de Vornatus avec la grâce sacramentelle contredit directement l’enseignement de saint Thomas ; 3. Moins encore faut-il accorder la moindre causalité à la grâce sacramentelle par rapport à la pénitence intérieure : I. Dans le sacrement de pénitence, c’est la pénitence intérieure qui exerce la fonction de disposition préalable à la justification, tel est le thème de toute s ; i théologie pénitent ielle.

Ce thème ne radie pas avec renseignement de Pierre de la Palu et de Capréolus Aussi, c’est tout d’abord contre les difficultés élevées de ce ente que Svhistie

dirige ses explications, il n’accepte pas que {’ornatus réponde au véritable enseignement de saint Thomas,

encore moins qu’on puisse l’Identifier avec la