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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LES THOMISTES, DÉBUT DU XVIe SIÈCLE

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Trois cas sont à examiner relativement à la pénitence intérieure envisagée comme res et sacramentum. 1. L’attrition du pénitent est telle, qu’en se présentant au sacrement le pécheur conçoit de ses fautes une douleur qui suffit à la rémission des péchés. 2. L’attrition n’est pas encore assez parfaite pour obtenir par elle-même, avec le désir du sacrement, la justification ; mais, élevée par la vertu du sacrement, elle devient contrition. 3. Enfin, l’attrition est si faible que, même avec l’aide du sacrement, elle ne peut devenir contrition. Dans ce dernier cas, le pénitent ne peut obtenir la rémission de ses péchés. Mais, dans le second cas, Dieu concourt, de deux façons, à l’élévation de l’attrition, pour en faire une véritable et suffisante pénitence intérieure, res et sacramentum. « Du côté du pénitent, il inspire de tels sentiments, que l’attrition devient non seulement en soi, mais en vue du sacrement à recevoir, cette contrition suffisante ; du côté du sacrement, Dieu ordonne les actes sacramentels extérieurs à la pénitence intérieure, en agissant sur l’âme du pénitent. Et c’est ainsi, en excitant ses sentiments intérieurs et en les perfectionnant, que Dieu, par le moyen du sacrement, se sert de l’acte intérieur du pénitent pour la rémission de ses péchés. » Q. lxxxi v, a. 1 et 2.

Ce passage de l’attrition à la contrition est étudié spécialement dans l’opuscule IV, De attritione et conlritione, q. i, édit. cit., p. 68. L’auteur y analyse les sentiments qui constituent l’attrition ou la contrition. Voici la conclusion qui, seule, importe. « Il y a une double attrition et une double contrition. Première attrition : le déplaisir du péché avec la velléité de ne plus pécher, mais la persévérance dans l’état de péché ; c’est l’attrition des impénitents. Deuxième attrition : déplaisir du péché, avec exclusion de la volonté de pécher, et la volonté de ne plus pécher, au moins confusément exprimée ; c’est l’attrition des pénitents. La première contrition est le déplaisir du péché provenant de l’amour de Dieu sur toutes choses, avec le propos d’éviter par-dessus tout le péché, mais contrition encore « informe » ; enfin, deuxième contrition, la même contrition, mais informée par la charité. Sans doute, un pécheur attrit peut devenir contrit ; mais Cajétan maintient que l’attrition elle-même, s lit des impénitents, soit même des parfaits, ne saurait devenir contrition, non seulement parce que, selon l’expression reçue, l’attrition diffère de la contrition, comme le moins du plus, mais encore, et surtout, parce qu’elles n’ont pas le même objet formel. Seule, la contrition « informe » devient, sous l’influence d’une motion divine spéciale, contrition formée et, par là, dernière disposition à la justification, lbid., conclusio, p. 69. Cf. Summula, Contritio, i, n. 1. Mais ici le problème de la justification sacramentelle n’est pas abordé. Cajétan y touche, dans l’opuscule suivant, tract. Y. Dr confessione, q. v, p. 76, An confessio informis sil itrranda ? Sa solution reste encore attachée à une conception contritioniste. Éliminant les cas où la confession ne saurait être valide, il considère qu’une attrition qui n’est pas encore souveraine est suffisante pour rendre le sacrement valide : le fruit en sera perçu, plus tard, en vertu du pouvoir des clefs, lorsque, l’apercevant de l’imperfection de son regret, ou le corrigeant par un sentiment plus parfait, le pénitent de bonne foi émettra un acte de contrit ion informe. Cf. Summula, Confessio, i, 17 ; etn, 1 et 2. Pour traduire Dette doctrine dans le langage d’aujourd’hui, consacré par le concile de Trente, il faudrait admettre que la Contrition informe équivaut a notre attrition louve

Mine, et que l’attrition des imparfaits etl une attrl tion non souveraine, mais émise « le bonne foi peu le pénitent On pourrait, sur ces rapprochements, inst Ituer une discussion interminable Quant ; i lu transforma

tion de la contrition informe en contrition formée, Cajétan admet, avec saint Thomas, que c’est un effet direct de la grâce divine agissant de pair avec le mouvement du libre arbitre du pécheur. C’est à l’action du pouvoir des clefs qu’est attachée cette motio divina. qu’on peut bien appeler grâce sacramentelle. IMI*. q. cxiii, a. 3. (La conception d’une contrition « informe », distincte de l’attrition, semble avoir été improuvée au concile de Trente. Voir plus loin, col. 1084.)

Pour Cajétan, l’effet dernier (res ultima sacramenti j est la rémission des péchés. Opusc, XV 1 1 1, q. v, p. 1 1 1 : doctrine proposée contre l’opinion du Maître des Sentences, absolutum ostendere, et contre les erreurs naissantes de Luther (l’opuscule est de 1518). La solution de Cajétan est longuement appuyée sur Joa., xx. 23, et Matth., xvi, 18 ; xviii, 18. Notre auteur considère que la question, si elle a pu être controversée jadis, est dirimée par le concile de Florence. Voir plus loin, col. 1047. A noter, dans la question précédente, iv, évidemment dirigée contre les novateurs, que Cajétan s’insurge contre la prétendue certitude de foi que le pénitent devrait avoir de la rémission de ses péchés, , p. 109-110. Dans la q. v, ad 2um, Cajétan reconnaît explicitement une doul.le justification « sacramentelle », celle que procure immédiatement la contrition parfaite avec le seul désir du sacrement, celle qui est conférée par le sacrement effectivement reçu. Si le sacrement est reçu après la justification, il augmente en l’âme la grâce sanctifiante.

La reviviscence du sacrement de pénitence est traitée dans l’opuscule V, De confessione, q. v. Voir ci-dessus. On consultera également le Commentaire in ///am > q. lxxxiv, a. 10 et surtout la Summula, Confessio, ii, n. 2, où notre auteur rappelle la distinction déjà formulée par Bernard de Gannat, voir col. 1000, que « la contrition parfaite est exigée pour la rémission du péché au for de Dieu, mais non au for de l’Église ». Mais nous ne pouvons jamais être certains de la bonté de nos confessions, et, d’autre part, à rencontre des autres sacrements, la confession valide et informe est une exception qu’il faudrait prouver. Ces assertions assez peu fermes représentent la doctrine de Cajétan vers 1520. Cf. Quétif Echard, Scriplores ordinis prwdicalorum, t. ii, I aris, 1719, p. 20, 67.

La q. iv de l’orusc. IV, p. 70, traite de la remission des peines dues au péché. Cajétan fait remarquir que la peine du s » ns n’est éternelle pour le péché morttl qu’en raison de l’avirsion de la volonté. Finie cette aversion par la justification, prend fin également la peine éternelle du dam et l’éternité de la peine du sens ; mais il demeure la peine du sens, proportionnée au péché commis, laquelle est diminuée dans la proport ion du repentir et même peut, dans le cas d’une contrition exceptionnelle, être totalement supprimée. Cette efficacité a pour fondement les mérites de la passion du Christ.

La satisfaction sacramentelle est l’objet de l’opusc. VI, p. 77. Deux points y sont mis en relief : 1. Le pénitent peut satisfaire pour ses péchés, en offrant à Dieu des œuvres qui, par ailleurs, lui sont déjà imposées comme un devoir, par le droit divin, naturel ou positif ; 2. Si la pénitence imposée par le confesseur est accomplie par le pénitent en état de péché mortel, cel te satisfaction est suffisante au for de l’Église ; si sa valeur, au for divin, ne porte pas ses fruits immédiatement, elle lis portera dans la suite, quand le pénitent

sera rentré en grâce avec Dieu. Cajétan. le premier

peut i’Iic dans l’école thomiste, rompt ici avec saint Thomas.

La réitération de lu confession paraît a notre auteui une pratique excellente : par la vertu du sacrement.

iitii confession peut apporter au pénitent un grand