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PAYS-ÇAS

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taudis, la construction de maisons-casernes, et le système des logeurs (tristement fameux) pour ouvriers non mariés ; en outre, on a tenu compte des familles nombreuses, au rebours de ce qu’on a fait dans les nouveaux quartiers d’Amsterdam, intéressants sans doute du point de vue hygiéniqueet esthétique, mais funestes à la moralité. La mutuelle catholique Ons dagelyksch brood (notre pain de chaque jour), qui fait par an presque un million et demi de florins d’affaires, contribue à l’amélioration de la condition de l’ouvrier, comme le fait également une certaine culture intellectuelle.

A force d’une critique constante, que l’ancienne génération trouvait trop pessimiste, les dirigeants sont parvenus à conjurer des catastrophes épouvantables. La population a appris par expérience que les prêtres osaient dire la vérité même aux puissants qui, en traitant l’homme d’une manière inhumaine, contribuaient à paganiser la société. Le socialisme n’est pas le seul adversaire de l’ouvrier dans cette région, l’amour du plaisir y est beaucoup plus dangereux. D’ailleurs, le but principal de toute cette activité est moins de combattre les socialistes que de les convertir. Le travail constructif a visé tout d’abord à satisfaire la justice sociale, car le peuple va la demander à la révolution s’il ne voit dans l’Église que l’esclave de Mammon. Cf. J. Jacobs, M. S. C, dans le périodique Roeping, 1927 et 1929.

VIII. Apologie.

Un fait qui a bien marqué le progrès du catholicisme, c’est le passage de la polémique défensive — et trop souvent négative — à la prédication systématique de la foi ; en d’autres termes, le fait qu’on a remplacé l’apologie par l’apostolat.

On avait cru être arrivé à un grand résultat lorsque, dans les premières années du xxe siècle, on redressait régulièrement les idées erronées sur le catholicisme, répandues par les journaux libéraux et protestants. Mais une nouvelle méthode plus directe s’est peu à peu propagée, inspirée par la prière organisée pour la conversion des Pays-Bas, dans laquelle on invoquait surtout les saints qui ont christianisé le pays, comme saint Willibrod, saint Boniface et les saints martyrs de Gorcum, victimes de la réforme protestante. A l’exemple de l’Amérique, on a fait paraître dans la presse neutre des annonces donnant des renseignements sur l’Église catholique. A ceux qui s’y intéressaient on envoyait un catéchisme ou un manuel, ce qui plus d’une fois fut l’occasion de correspondances, préludes de conversions. Sous les porches des églises on plaçait des étagères-bibliothèques, contenant des livres que, suivant la méthode anglaise, tout passant pouvait choisir et acheter en versant l’argent dans une boîte. Non contents de cette propagande écrite, dès 1915, quelques laïques allèrent faire des conférences dans des milieux non catholiques, depuis les universités populaires jusqu’aux loges maçonniques, tantôt à la demande des intéressés, tantôt de leur propre initiative. Ce que les Pères jésuites firent dans des salles de réunion, les Pères dominicains entreprirent de le faire dans les églises, remplies pour cette occasion de protestants. Dans ces expositions toutes pacifiques de la doctrine catholique, loin de critiquer la convie tion d’autrui, on s’emploie exclusivement à expliquer nos principes et nos croyances à nous.

Lu charité toujours ingénieuse n’a pas cessé de trouver de nouveaux moyens d’atteindre les autres confessions. Celles-ci. par suite de l’isolement des catholiques, vivaient si éloignées d’eux, que les préjugés les plus étranges n’avaient pu ne pas naître à leur égard. Aujourd’hui la consigne c’est de garder le contact avec elles, car les hommes qui n’ont d’autre tâche que de semer la parole de Dieu doivent s’armer d’une patience à toute épreuve, en attendant que le Ciel veuille bénir leur travail. Aussi est-il prématuré de

demander quels sont les résultats de ces méthodes, parce que le but qu’on se propose n’est point la conversion d’un nombre plus ou moins considérable d’individus ; il s’agit avant tout d’imprégner l’atmosphère de vérité, de changer l’opinion par rapport au catholicisme, de former une nouvelle génération.

Le P. Van Ginneken, enl919, a tenté l’expérience de retraites pour non-catholiques, qui attirèrent même tel pasteur protestant, tel professeur d’université socialiste. L’essai avait si bien réusSi que ces retraites ont lieu maintenant plusieurs fois par an. Le même jésuite ne se contenta pas de l’influence qu’il acquérait ainsi sur les milieux instruits, il voulut encore s’occuper du prolétariat. Il fonda dans ce but une congrégation d’une nouvelle sorte, des religieuses vivant en même temps en religion et dans le monde. Elle est destinée à gagner pour l’Église les enfants non baptisés des grandes villes, en faisant revivre le catéchuménat des premiers siècles, agrémenté, bien entendu, par tout l’attrait de la pédagogie moderne. La maison mère, qui porte le nom de Béthanie, située à Bloemendaal, a des succursales dans plusieurs localités du pays. Il y a plus : des jeunes gens, avec l’autorisation des évêques, adressent la parole au public et se mêlent à lui pour exercer « l’apostolat des marchés », suivant l’exemple de l’Evidence Guild de Londres. Cf. le périodique allemand Slimmen der Zeit, t. clx, 1924, p. 1 sq. Il reste à parler de quelques autres points de contact entre catholiques et non-catholiques. Outre la liturgie, qui les attire à elle surtout dans certains couvents, les catacombes de Fauquemont (Limbourg), imitation Adèle d’un choix de catacombes romaines, leur font admirer la splendeur du culte divin. Plus connue encore est la « Fondation de la Terre sainte ». près de Nimègue, qui impressionne vivement les israélites et les protestants orthodoxes, si versés dans la Bible, par la reproduction des lieux saints de Palestine. Cette représentation monumentale de l’histoire sacrée dans un pays accidenté forme un musée en plein air dont les autorités publiques reconnaissent l’intérêt en le subventionnant. La moitié environ des innombrables visiteurs se compose de non-catholiques ; ils y ont pour guides des prêtres, chargés de leur expliquer les détails des monuments de cette entreprise.

En général, les rapports avec les protestants vont s’améliorant de jour en jour. Ce rapprochement est dû aussi à l’esprit conciliant qui anime leur tendance, consciente ou inconsciente, à l’unité religieuse. C’est déjà un résultat heureux que les fidèles apprennent à réfléchir sur la conversion des non-catholiques ; c’est déjà beaucoup que les curés commencent à comprendre que les habitants égarés de leurs paroisses sont aussi leurs paroissiens.

IX. Missions.

L’évangélisation du monde entier, voilà surtout le rêve de la Hollande catholique. Il semble que l’énergie, accumulée aux temps de la lutte pour l’existence, se transforme maintenant en force d’expansion. Plus d’un dixième de la totalité des missionnaires est hollandais. Ils sont répandus sur toutes les parties du monde et l’on compte parmi eux 1 000 prêtres et 30 évêques. Sur 600 catholiques on compte un missionnaire, plus de 3. r > maisons (70 séminaires, si l’on ajoute les maisons des ordres missionnaires) sont surpeuplées et 50 revues concernant les missions y prospèrent. Ce résultat béni est dû originairement aux fondations des congrégations étrangères qui. aux xxx ? et xxe siècles, ont reçu l’hospitalité ara Pays-Bai ; or. comme le clergé hollandais suffisait pour la cl d’âmes des paroisses, elles ont pu consacra toute leur activité aux missions étrangi

(i’esl une erreur de m. ne qu « les Hollandais s’imposent tant de sacrifices en laveur des missions, parc e que la Hollande est une nation COlODliatXll l En elïel.