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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/523

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PENITKNCK. L’ÉCOLE NOMINALISTE


pouvoir des clefs, et la distinction de l’attrition et de la contrition, devaient logiquement le. conduire à nier non seulement l’utilité, mais la licéité de la confession aux laïques. Il l’a fait avec la prudence qu’exigeaient 1rs idées en cours à son époque. Aucune obligation, en aucun cas. Dist. XVII, n. 27. En certains cas, cette confession peut n’être pas inutile, à titre de satisfaction pour le péché, en raison de la confusion qu’elle excite. Si l’on peut s’exciter à la confusion d’une autre manière, il est préférable de s’abstenir d’avouer ses fautes à un laïque. Scot va même jusqu’à se demander si parfois cette confession ne constitue pas un péché. Cf. Teetært, op. cit., p. 429-430. Il est le premier théologien qui se soit opposé non plus seulement au caractère sacramentel et obligatoire de la confession aux laïques, mais même à la légitimité de cette pratique. Il est l’initiateur d’un mouvement qui la rejettera complètement.

Effets du sacrement de pénitence.

L’effet premier

et principal est la rémission du péché et de la peine éternelle. Dist. XIX, q. ii, n. 32. Une fois pardonné, le péché ne revient pas, ni quant à la coulpe, ni quant à la peine. Report., t. III, dist. XXII, n. 4. Mais, par le sacrement, revivent les œuvres méritoires précédemment accomplies en état de grâce : elles revivent avec une valeur entière, la valeur qu’elles possédaient avant la chute ; de sorte que l’âme qui se relève a toujours plus de mérites qu’avant la chute. Ibid., n. 8. Ce qui ne veut pas dire que l’âme retrouve toute la grâce qu’elle avait perdue, au moins immédiatement. Scot semble dire que cette reviviscence ne se produira que plus tard, peut-être même seulement à l’heure de la mort. In JV™ Sent., dist. XXII, n. 10 ; dist. XXI, q. I, n. 10.

La réitération de la confession des mêmes péchés accroît les effets de la pénitence quant à la rémission des peines. C’est là l’opinion dernière professée par Duns Scot, Report., t. IV, dist. XIX, n. 31, contrairement à ce qu’il avait enseigné In /Vum Sent., dist. XIX, n. 31.

R. Secburg, Die Théologie des Johannes Duns Scolus, Leipzig, 1900 ; et plus spécialement, P. Ramière, La doctrine franciscaine sur le sacrement de pénitence, dans Reuue des sciences ecclésiastiques, 1873 ; P.Minges, Compendium theologise dogmalicse specialis, t. ii, Ratisbonne, 1922, p. 219 sq. ; cf. du même auteur, Die angebliche laxe Reuelehre des Duns Scotus, dans Zeitschrift fur kalh. Theol., 1901.

Sur l’accusation de laxisme (pour Scot et les mineurs en général), voirE. Bratke, Luthers 95 Thesen und ihre dogmenhislor. Voraussetzungen, Gœttingue, 1884.

/II. après nuxs scot. — Les disciples immédiats de Duns Scot n’apportent guère de modifications à la théologie du maître sur le sacrement de pénitence. C’est surtout avec les nominalistes et les auteurs à tendances nominalistes que certaines assertions prendront un relief un peu plus accentué. Les vérités particulièrement soulignées par Scot, efficacité de l’absolution, suffisance de l’attrition, se retrouvent chez ses successeurs et disciples. D’autre part, la prééminence de la volonté divine dans l’ordre moral incite les moralistes franciscains à maintenir certaines assertions touchant l’objet de la pénitence, la rémission du péché, avec des nuances que ne ratifient pas l’ensemble des théologiens.

Deux noms doivent être particulièrement cités au xive siècle, ceux de François de Meyronnes († 1325) et de Jean de Bassolis (t vers 1347), tous deux auteurs de Commentaires sur les quatre livres des Sentences. Meyronnes admet que la pénitence n’est pas une vertu particulière, mais résulte de l’activité de toutes les vertus contre les péchés opposés à ces vertus. In 7Vum,

dist. XIV, q. n. On retrouve aussi chez lui l’opinion de Scot sur la validité de l’absolution conférée sous la forme déprécative, dist. XIV, q. ii, opinion plus accentuée encore au siècle suivant par un disciple éloigné de Scot, Jean Gerson. Cf. t. i, col. 190. Sur l’origine divine du précepte de la confession, Jean de Bassolis a une doctrine plus ferme que les théologiens antérieurs. Voir t. iii, col. 903.

Trois sommistes méritent également mention : Nicolas d’Osimo († 1453), voir t. xi, col. 628, est célèbre par son Supplementum Summæ Magistrutiæ seu Pisanellæ, qui est un supplément alphabétique à la Summa de Barthélémy de Pise (voir col. 1005). Son Interrogaturium confessorum est perdu. Cf. Dietterle, op. cit., dans Zeitschr., t. xxvii, 1906, p. 183.

Ange Carletli, de Chivasco († 1495), voir t. i, col. 1271, est l’auteur de la Somme dite « angélique, citée maintes fois par Suarez dans son traité De psenitentia, et qui se présente, elle aussi, comme un complément de la Pisanella. Elle se recommande par sa clarté, sa doctrine sûre. Luther l’appelait Summa diabolica. Sa doctrine sur la nécessité d’une attrition suffisante, qui exclut toute volonté de pécher, apparaît, quoi qu’en aient dit certains critiques, dans plusieurs articles, notamment Contritio, § 2, et Confessio, il, § 1. Cf. Minges, Compendium theol. dogm. spec, t ii, p. 242, n. 525. Relevons une particularité intéressante : l’auteur s’inscrit contre l’opinion qui prétend que les bonnes œuvres, faites en état de péché mortel, serviront au moins à mitiger la peine de l’enfer. Ce lui est l’occasion de rappeler que la peine éternelle ne peut être remise que par la contrition personnelle de celui qui a péché. Indulgentia, ii, 6. La confession auriculaire lui paraît de l’essence du sacrement. Con/essio, i, 29, 30. Les circonstances aggravantes doivent être accusées. Il admet que les péchés commis avant le baptême puissent être matière à absolution. Confessio, ii, 2. Sur plusieurs points, il se réclame de l’autorité de François de Mevronnes. Cf. Dietterle, op. cit., p. 206-310.

L T ne dernière Somme, la Rosella casuum, a pour auteur Baptiste de Salis (| vers 1495) et fut publiée une première fois sous le nom de Summa casuum utilissima. .. quæ Baptistiniana nuncupatur, Novi, 1484. Voir t. ii, col. 378-379. Les matières y sont étudiées en ordre alphabétique. Au cours de son exposé de la doctrine des indulgences, l’auteur rappelle que le meilleur moyen d’obtenir une pleine rémission des péchés est de se soumettre au pouvoir des clefs, en renouvelant régulièrement ses confessions, parce qu’on peut être assuré, en additionnant pour ainsi dire les remises partielles (de la peine), d’arriver finalement à une remise totale. Q. xxx. Cf. Dietterle, loc. cit., p. 4 12.

VI. L’École xomixaliste. — Sous cette désignation générale, nous rangerons tous les auteurs qui, sans peut-être appartenir à l’école nominaliste, lui ont frayé la voie ou se sont rapprochés de ses conceptions.

Avant Occam.

 Trois noms doivent être cités :

parmi les dominicains. Durand de Saint-Pourçain et Robert Holkot : parmi les franciscains, Pierre d’Auriol. Durand est de beaucoup le plus intéressant.

1. Durand de Saint-Pourçain († 1334). — On ne saurait ranger Durand de Saint-Pourçain ni en philosophie, ni en théologie, parmi les nominalistes. Voir Occam, t. xi, col. 883. On ne peut nier cependant qu’en matière sacramentaire, il s’inspire de Scot pour accentuer ses opinions dans le sens où plus tard les affirmera Occam. Sur Durand, voir t. iv, col. 1964, et J. Koch, Durandus de S. Porciano, O. P., i, Literargeschichtliche Grundlegung, dans Beitriïge zur Geschichteder Philosophie des M. -A., t.xxi, fasc. 1, 1927. Le point de départ de la théorie sacramentaire de