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    1. PÉNITENCE##


PÉNITENCE. LE PROTESTANTISME CONTEMPORAIN

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ratoire : une longue agonie morale de l’âme, l’autre, constituant la véritable pénitence : un sentiment profond par lequel le pécheur entend se libérer de ses fautes et se donner totalement à Dieu, Ainsi, sans exelure la douleur du péché personnel, les méthodistes calvinistes, par exemple, dans leur profession de foi de 1823, a. 29, définissent la pénitence une rénovation de la vie, repentance into lije. Voir E. F. K. Millier, np. cit., p. 888 ; Kôstlin. Realencyklopâdie fur prot. Theol., t. iii, art. Busse : Mac Comb, dans Encyclopædia of religion and ethics, t. x. p. 733.

Même répulsion à l’égard de l’attrition, de cette < contrition de potence » (Galgenreue), comme l’appellent les Allemands ; Harnack n’hésite pas à déclarer que l’attrition introduit purement et simplement la ruine dans la religion et la morale (welche eine. Verwustung der Religion und der einfàchsten Moral die Folge des < altritio » [der « Galgenreue ] gewesen ist). Dogmengeschichte, t. iii, 4 éd., p. 593-594, note 2 de la page 593. C’est surtout Scot et ses disciples qui sont accusés de laxisme à propos de l’attrition. Outre Harnack, on peut citer, parmi les protestants de la fin du siècle dernier, ayant calomnié l’attrition et déformé la pensée scotiste à ce sujet, Seeberg (Reinhold), dans Abhandlungen Ale.vander von Œtlingen zum 70. Geburtslag gewidmel von Freunden und Schiilern, Munich, 1898, p. 171-195 : Dieckholï. Der Ablassstreit, Gotha, 1886, p. 19, 21, 24 ; E. Bratke, Luthers XCV Thèses und ihre dogmenhistôr. Yoraussetzungen, Gôttingue, 1884, p. 20. 127. X. Paulus a beaucoup contribué à dissiper ces malentendus dans son ouvrage sur les indulgences, Gesehivhte des Ablasses im Mittelalter, t. iii, Paderborn, 1923, et aussi dans Johannes Tetzel, Fribourg-en-B„ 1899, p. 109-113. Pour soutenir leur thèse, les protestants modernes font observer qu’avant le xme siècle les théologiens catholiques exigeaient la contrition proprement dite comme condition de la justification, même sacramentelle. Voir la réfutation de cette assertion dans Der Katholik, 1897, t. i, p. 48 sq. ; Historisches Jahrbueh. Munich, 1895, p. 44 sq. ; Rômisehe Quartalschrift, supplem. t. v, p. 120 sq. ; Zeitschrijt fur katlwlisehe Théologie. 1899, p. 62 sq. (art. de Ch. Pesch) ; Gôttler, op. cit., p. 37 sq., 122 sq., 141 sq., 156 sq., 175. 205, 210 sq„ 221, 242 sq., 263 sq., 271 sq., montrant que les anciens théologiens distinguent l’attrition et la contrition non selon les motifs, mais selon l’intensité et l’absence ou la présence de la grâce sanctifiante.

Sur la confession, les théologiens protestants rejettent, avec Luther, la nécessité et l’origine divine de l’aveu fait au prêtre par le pécheur. Certains d’entre eux sont même allés jusqu’à accuser l’ambition des prêtres d’avoir introduit la confession. Cf. Daillé, Disputatio de sacramentali sive auriculari latinorum confessione, Genève, 1661, réfuté par dom Denis de Sainte-Marthe, Traité de la confession contre les erreurs des calvinistes, Lyon. 1685 ; C. Lea, A history of auricular confession and indulgences in the latin Church, Philadelphie, 1896 (sur les idées de cet auteur, voir ici, t. i, col. 234 sq.) : Herzog, Die obligatorische rômisehe Ohrenbeichte. eine menschliche Erftndung, 1901. D’autres sont moins agressifs, et, principalement chez les anglicans, acceptent la confession comme une institution, humaine sans doute, mais salutaire pour l’âme. Cf. Caspari, Beichte, dans Realencgkl. fur protest. Théologie und Kirche, 3e édit., t. ii, p. 533 ; K. Millier, dans sa recension de l’ouvrage de Lea, dans Theologische Literaturzeitung, 1897, p. 464 ; K. Holl, Enthusiasmus und Bussgeivalt beim griechischen Mônchtum, Leipzig. 1898 (réfuté dans la Revue des questions historiques, t. XXIII, 1900, p. 41 sq. ; et Historisches Jahrbueh, 1900, p. 58 sq.) ; E. Fischer, Zur Geschichte der evangelischen Reichle, Leipzig.

1902-1903. On trouve un écho de cette conception plus irénique, dans Marc Bœgner, Qu’est-ce que l’Église ? Paris. 1931, p. 129-133.

Pour de plus amples indications, se reporter à Absolution, t. I, col. 213-240, et à Confession, t. iii, col. 930-942. Outre l’article déjà signalé de Caspari, on pourra consulter dans a-Proi. Realencgkl., les art. Russe de Kôstlin, Lapai et Sovatian de Harnack, et dansGunkcl et Zscbarnack, Die Religion in Geschichte und Gegenwart, l’étude de Niebergali, Beichte, n. Evajigelische B., lilurgisch-pruktisch, t. i, Tubingue. 1926, col. 801 ; G.-Ed. Stcitz. Die Privatbeichte und Priva/absolution der lutheranischen Kirche, Francfort, 1851 : K. B. Rilter, Die Beichte der Gemeinde, 1926 : V. Gruehn. Seelsorge im Lichte gegenwarliger Psychologie, 1920. L’Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger n’a que quelques mots sur la confession, dans l’art. Culte d’Eug. Bersier, t. iii, Paris, 1878, p. 531.

La question de la satisfaction sacramentelle n’est posée par les protestants que pour la nier. Le Christ a pris sur lui toute satisfaction : notre dette est payée par lui. Toute la peine est remise simultanément avec la coulpe.

Les théologiens protestants contemporains, rejetant l’origine scripturaire de la satisfaction, s’appliquent à en découvrir l’origine historique dans une conception juridique que Tertullien aurait fait prévaloir dans l’enseignement ecclésiastique. Voir Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, t. iii, p. 15 sq. ; R. Seeberg, Lehrbuch der Dogmengeschichte, t. i, p. 366 et 546. Cf. Galtier, De pœnitentia, a. 480-481.

D’une manière générale d’ailleurs, la critique protestante contemporaine vise à faire du sacrement de pénitence tout entier une institution humaine. Cette préoccupation métaphysique est sous-jacente aux meilleurs ouvrages de critique historique, notamment aux histoires du dogme de Harnack, Loofs et Seeberg : et aux différentes monographies parues sur la pénitence dans les premiers siècles : Holl, op. cit. ; K. Muller, Die Bussinstitution in Karthago unter Cyprian, dans Zeitschri /l fur Kirchenrecht, 1905 ; cf. Die Umschwung in der Lehre von der Busse wùhrend des XII, Jahrhunderts, 1897 : Rolfïs, Das Indulgenzedicktdes rômischenBischofs Kallist, Leipzig, 1893 ; Preusschen, Tertullians Schriften De p.enitentia und De pudicitia mit Rùcksicht auf die Russdisciplin untersuchl, Giessen. 1890.

Pour l’exposé de la pensée protestante par les protestants, voir : articles de dictionnaires. — Realencyklopâdie fur protest. Theol. : R. Seeberg, Bekehrung, t. ii, p. 541 ; Caspari, Beichte, p. 533 ; J. Kôstlin, Busse, p. 584 ; O. Kirn, Versohmmg, t. xx, p. 552 ; Karl Burger, Reue, t. xvi, p. 688. Dans l’Encyclopédie de Lichtenberger : E. Picard, Pénitence, t. x, p. 428 ; F. Lichtenberger, Rédemption, t. XI, p. 132 sq. Dans Die Religion in Geschichte und Gegenwart de Gunkel et Zscharnack : Kalweit, Busse, t. i, col. 1383 sq. ; Rechtferligung (dogmatisch), t. iv, col. 1758 ; Siindenoergebung, t. v, col. 908 ; Yersôhnung, id., col. 1567. Dans l’Encyclopædia of religion and ethics, Edimbourg, 1917, art. Penance, t. ix, p. 715.

Ouvrages. — L.Hahn.Die Lehre von den Sakramenten in ihrer geschichtlichen Entwickelung, Breslau, 1864 ; Steitz, Das rômisehe Busssakrament nach seinem biblischen Grande und seiner geschichtlichen Entwickelung, Francfort, 1854 ; Sieffert, Die neuesten theol. Forschungen iiber Busse und Glaube, Berlin, 1896 ; A. Ritschl, Die cliristliche Lehre uon der Reue und Versohmmg, Bonn, 1895-1903 ; St. Horst, Glaubenslehre, 1927, S 16, 19, 1 ; R. Seeberg, Christliche Dngmatik, t. ii, 1925, S 45, n. 11-12, p. 494-500 ; § 46, n. 18, p. 584. Voir aussi les rapports publiés par E. Pfennigsdorf, Der Erlôsungsgedanke, Gœttingue, 1929, et analysés par J. Rivière, Le dngm ? de la rédemption ; études critiques et documents, Louvain, 1931.

Pratique.

Si la pratique de la confession détaillée

des péchés subsiste encore, dans une certaine