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PAULIN DE VENISE — PAVIE DE FOURQUEVAUX
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l’KCHAM. VIE


déjà été étudiant à Oxford avant 1250 ; ce qui confirmerait singulièrement la thèse du P. Lampen au sujet de l’année de la naissance de notre franciscain.

Il entra dans l’ordre des frères mineurs certainement avant 1258, date de la mort d’Adam de Marsh, comme cela résulte de la lettre, mentionnée plus haut. Ensuite il est non seulement probable, mais presque certain, que Jean commença sa vie religieuse à Oxford. En effet, dans une lettre qu’il écrivit au prieur du monastère de Sainte-t-’rcdeswitha, il exprime toute la bienveillance qu’il éprouve pour le couvent des frères mineurs d’Oxford : il l’appelle sa mère, l’arbre dont il est la pomme, la maison où il a appris la vie surnaturelle. W. Lampon, art. cit., p. 215.

D’Oxford, Pecham partit pour Paris, à une date encore inconnue. Le Canticum pauperis affirme qu’il y vint sous l’influence de saint Bonaventure. Little, The franciscan school at Oxford in Ihe thirteenth cenlury, dans Archiv. franc, hist., t. xix, 1926, p. 853, en conclut qu’il doit y être arrivé avant 1257, date à laquelle le Docteur séraphique y termina son enseignement. Cependant, tout en admettant que le Canticum [itiuperis, aussi bien que les autres écrits de Pecham, montrent une connaissance plus qu’ordinaire des œuvres de saint Bonaventure, il nous semble qu’il ne faut pas nécessairement en conclure que Pecham aurait été l’élève immédiat de celui-ci, ni admettre qu’il aurait déjà été à Paris avant 1257. Il existe, en effet, de nombreuses autres occasions, dans lesquelles Pecham put être en rapports avec le Docteur séraphique et subir son influence. D’après les calculs de P. Glorieux, La littérature quodlibclique de 1260 à 1320, Kain, 1925, p. 147 sq., Bonaventure vint deux fois à Paris en 1257, puis en 1260 et 1266, à l’occasion du chapitre général. En 1267 et 1268, il y prêcha le carême. Par conséquent, tout en ne voulant pas exclure la possibilité que Pecham ait suivi les leçons de ce maître, il n’est cependant pas prouvé qu’il en fut l’élève immédiat, ni qu’il vint à Paris avant 1257.

Après y avoir pris la maîtrise en théologie, il aurait été magister regens des frères mineurs pendant la seconde régence de saint Thomas d’Aquin (1269-1271), avec lequel il aurait disputé sur l’unité de la forme substantielle dans l’homme. L’histoire de cette dispute, déformée au cours des siècles, à la suite de Barthélémy de Capoue, par les historiens, a été exposée sous son véritable jour par le P. A. Callebaut, Jean Pecham et l’augustinisme, dans Arch. franc, hist., t. xviii, 1925, p. 441-451. Ce critique met fin aux accusations, encore généralement admises, d’après lesquelles Pecham aurait été l’âme de la scandaleuse cabale contre le Docteur angélique, qu’il aurait exaspéré, à Paris, vers 1270, par ses paroles emphatiques et orgueilleuses. Le P. Callebaut prouve, au contraire, que Pecham seul tendit une main amicale à saint Thomas, contre les maîtres de l’université, l’évêque de Paris et même ses propres confrères dominicains. Pecham prit à Paris une part active, et même prépondérante, aux luttes qui divisaient, à cette époque, séculiers et réguliers, et commenta probablement les livres des Sentences. Il faudrait aussi faire remonter à cette époque la plupart des Qusestiones disputâtes et quodlibelicæ qui lui sont attribuées.

Vers 1272, Pecham succéda à Oxford au maître franciscain Thomas^ Bungay, élevé au provincialat d’Angleterre, et y fut admis au même grade qu’il avait à Paris. Il aurait introduit ù l’université d’Oxford la dispute de quolibet. Ce fut là probablement qu’il écrivit son traité contre Robert Kihvardby, O. P. Le 2 mai 1275, il fut chargé par le roi, avec le prieur des dominicains d’Oxford, de terminer à l’université de cette ville un procès qui pendait déjà depuis de nombreuses années au tribunal du chancelier. Il s’en acquitta en

1276 et, vers la même époque, succéda de nouveau à Thomas Bungay comme provincial d’Angleterre.

Pecham fut appelé ensuite à Rome au Sacré-Palais, comme lecteur ou maître, d’après les uns par Jean XXI, au début de 1277, A. G. Little, op. cit., p. 854 ; d’après d’autres, durant la vacance du Saint-Siège, entre les mois de mai et de novembre 1277, Denifle, Chartul. unio. Paris., t. i, p. 626, n. 7 ; d’après d’autres encore, par Nicolas III, vers la fin de 1277 ou en 1278. A. Callebaut, op. cit., p. 25-26. Toutefois, selon le témoignage de Jean Josse, il résulterait que Jean Pecham était déjà lecteur au Sacré-Palais en 1276. Josse affirme, en effet, qu’au moment où il se trouvait à la cour romaine comme jeune clerc, Jean Pecham était lecteur au Sacré-Palais et composa en 1276, lors de son séjour à la curie, les deux hymnes : Ave vivens hostia et Salve sancta Mater Dei, dont nous parlerons plus loin. Cf. Antoine de Sérent, O. F. M., Livres d’heures franciscaines, dans Revue d’histoire franciscaine, t. vi, 1929, p. 19-20. Il paraît aussi avoir continué à exercer la charge de provincial, pendant qu’il était lecteur ou maître au Sacré-Palais. Il s’y serait distingué principalement par ses disputes contre les hérétiques.

Après que Nicolas III eut créé l’archevêque de Cantorbéry, Robert Kilwardby, cardinal-évêque de Porto, il éleva, le 28 janvier 1279, motu proprio, Jean Pecham au siège archiépiscopal et primatial de Cantorbéry. Cette nomination n’alla toutefois pas sans difficultés. Après la résignation de Robert Kihvardby, le 5 juin 1278, le roi d’Angleterre, Edouard I er, donna, le 14 juin suivant, au prieur et au chapitre de Cantorbéry, licence d’élire un successeur. Ceux-ci choisirent Robert Burnell, évêque de Bath et Wells, mais le pape cassa cette élection et promut Jean Pecham qu’il recommanda aussi affectueusement que chaleureusement au roi et au clergé d’Angleterre. Refusant d’abord d’accepter cette dignité, il y fut contraint par le souverain pontife, qui le sacra personnellement, sans doute le 12 mars 1279. Il n’arriva que le 4 juin en Angleterre, s’étant arrêté quelque temps à Amiens, où il rencontra Edouard I effet Philippe le Hardi. Ce fut un pontificat bien rempli.

Dans les derniers jours de juillet 1279, donc encore avant son intronisation solennelle qui n’eut lieu que le 8 octobre suivant, en présence du roi et de quatre notables, Jean Pecham réunit un synode provincial à Reading. Ce concile renouvela, contre le cumul des bénéfices et l’abus de posséder à la fois plusieurs bénéfices à charge d’âmes, les anciennes ordonnances, restées lettre morte en Angleterre. D’autres règlements y étaient portés en ce qui concerne la défense de mettre les cures en commende, l’ordre de publier dans les églises certains cas d’excommunication de plein droit. Dans ce même synode, l’archevêque confirma les libertés et les droits de l’université d’Oxford. On ne sait cependant si ce fut là encore qu’il publia un édit pour la réforme des religieuses.

A la fin de 1281, l’archevêque de Cantorbéry réunit un second synode à Lambeth. Par le statut de Glocester, le roi Edouard I er avait obligé la noblesse et le clergé à soumettre par écrit aux commissaires royaux leurs titres de propriété ; en conséquence, nombre d’églises et de monastères s’étaient vus privés des donations qui leur avaient été faites. En 1279, un autre statut royal, dit de « mainmorte », défendait aux corporations ecclésiastiques d’acquérir de nouveaux biens-fonds ; ce qui augmenta le mécontentement causé par le premier statut. Aussi Jean Pecham jugea-t-il un grand synode nécessaire. Il convoqua donc tous les évêques de sa province, les abbés et un grand nombre de clercs, pour le 7 octobre 1281, à Lambeth. A cette nouvelle, le roi envoya à l’arche