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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/601

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PERCHAMBAULT DE LA BIGOTIÊRE - PÈRE

PERCHAMBAULT DE LA BIGOTIÊRE René (1010-1727). Naquit à Angers, le 9 janvier 1640, et lit des études de droit à la faculté d’Angers, où il prit le degré de docteur. Il fut reçu, le 22 février 1696, à l’académie de cette ville. Conseiller au parlement de Rennes, il y devint président aux enquêtes. Il mourut dans cette ville en 1727.

Les écrits de Perchambault se rapportent directement au droit et à la jurisprudence, mais ils touchent souvent aux questions religieuses controversées à cette époque. Les principaux sont : Observations sommaires sur la coutume de Bretagne, in-4o, Laval, 1089, publiées sous le nom de Pierre Abel, avocat, et rééditées sous le titre de Coutume de Bretagne, 2 vol. in-12, 1694. — Commentaire sur la coutume de Bretagne, in-12, Rennes, 1693. — Institution du droit français par rapport à la coutume de Bretagne, in-12, Rennes, 1693. — Du devoir des juges et de tous ceux qui sont dans les fonctions publiques, in-12, 1695. — Factum pour savoir si l’usage qui permet aux tuteurs de colloquer les deniers pupillaires à l’intérêt est autorisé, in-4o, Rennes, 1709. Ce Factum fit beaucoup de bruit parmi les théologiens et les magistrats, qui y trouvèrent une doctrine très relâchée sur la question de l’usure. J. A. de la Gibonnais, doyen de la chambre des comptes de Bretagne, répondit au premier Factum, en 1710, dans un écrit intitulé Traité de l’usure, intérêt et profit qu’on tire du prêt, ou L’ancienne doctrine sur le prêt usuraire opposée aux nouvelles opinions, in-12, Paris, 1710. Perchambault, pour se défendre, consulta la faculté de théologie de Nantes. Celle-ci, en 1713, critiqua vivement et d’une façon détaillée la doctrine exposée dans le Factum. C’est pour répondre à cette critique que Perchambault publia un second Factum, en 1713, et un Traité de l’intérêt et de l’usure. La faculté de théologie fit paraître une Réplique sommaire aux deux derniers ouvrages de M. Perchambault. Les deux écrits de la faculté sont signés de quatre docteurs et furent approuvés par les autres, le 2 mars 1713. D’autre part, l’abbé Écolasse, chanoine de Rennes, attaqua les écrits de Perchambault, en 1713, dans une Lettre critique. Perchambault lui intenta un procès en calomnie, mais le gouvernement fit arrêter la procédure, à cause des violences échangées. Écolasse publia des mémoires sous le titre de Préjugés légitimes contre les livres de M. Perchambault, in-12, Trévoux, 1713 ; à la fin, se trouvent huit Extraits de différentes propositions tirées des ouvrages de M. Perchambault, qui furent envoyés en mars 1713, aux docteurs de Sorbonne, et présentés comme contenant des idées hardies et dangereuses.

Michaud, Biographie universelle, t. xxxii, p. 451-452 ; Hoefer, Nouvelle biographie universelle, t. xxviii, col. 363364 (art. La Bigotière) ; Feller-Weiss, Biographie universelle, t. vi, p. 429 ; Poullain du Parc, Observations sur les ouvrages de feu M. de la Bigotière, in-8o, Rennes, 1766 ; Goujet, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du XVIIIe siècle, t. i, p. 142-181 ; Miorcet de Kerdanet, Les écrivains de Bretagne ; Rangeard, Mélanges académiques, bibl. d’Angers, ms. 577 ; C. Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. i, p. 345-346.

J. Carreyre.


PERCIN Jean-Jacques, dominicain du couvent de Toulouse. Il publia, en 1633, ses Monumenta conventus Tolosani ordents fr. prædicatorum primi ex velustissimis manuscriptis originalibus transcripta et S. S. Ecclesiæ Patrum placitis illustrata, Toulouse, in-fol., avec plusieurs paginations distinctes. Cet ouvrage touche aux questions théologiques par ce qui a trait aux origines de l’inquisition, à l’université de Toulouse, à saint Thomas d’Aquin dont le tombeau se trouvait dans le couvent, aux controverses albigeoises et à des controverses plus récentes.

Cet ouvrage n’est pas cité par Quétif-Echard.

M.-M. Gorge.


PÈRE. - Il ne s’agit pas, dans cet article, d’exposer la révélation concernant l’existence de la première personne divine. Cette révélation, corrélative à. celle du Fils, a été étudiée à l’art. Fils de Dieu et le sera aussi à l’art. Trinité. Mais, une fois cette révélation dûment établie, la théologie cherche par quels concepts elle peut distinguer la personne du Père de celle du Fils et de celle du Saint-Esprit. C’est, en somme, une application de la théorie générale des notions divines, exposée t. xi, col. 802.

Nous ne retiendrons ici que les noms par lesquels, précisant les données de la révélation, la théologie désigne à notre connaissance la première personne. Ce sont les noms de
1° Principe ;
2° Père ;
3° Inengendré.
Nous résumerons en les replaçant dans le cadre plus général de l’enseignement des Pères et de l’Église, les quatre articles de la q. xxxiii de la Somme théologique de saint Thomas, pars Ia.

Le nom de principe, propre au Père.

1. Le principe.

Pour être appliqué spécialement au Père, le terme « principe » doit être entendu au sens notionnel et non au sens essentiel. Voir Notion, t. xi, col. 802. Comme terme essentiel, en effet, le mot « principe » doit s’appliquer à la divinité, sans distinction des personnes, en tant que Dieu est la cause, la source d’être de toutes les créatures. Pater et Filius et Spiritus Sanctus non tria principia creaturæ, sed unum principium. Conc. de Florence, décret pro jacobitis. Denz.-Bannw., n. 701. Et il peut même être dit du Fils et du Saint-Esprit dans leurs relations ad extra ou par appropriation. Voir plus loin. Mais comme terme notionnel, le mot « principe » se dit proprement du Père. Du Père, en effet, procèdent les autres personnes : il en est donc le principe et, par cette désignation, il se distingue des deux autres personnes qui s’originent à lui. Voir l’exposé de cette double acception dans saint Augustin, De Trinitate, t. V, c. xiii, xiv, P. L., t. xtii, col. 920 sq.

Sans doute, dans la procession de l’Esprit-Saint, le Fils est, avec le Père, principe de la troisième personne. Spiritus sanctus æternaliter ex Patre et Filio… tanquam ex une principio… procedit, IIe conc. de Lyon, cap. De summa Trinitate, Denz.-Bannw., n. 460 ; Pater et Filius non duo principia Spiritus Sancti, sed unum principium, conc. de Florence, décret pro jacobilis, id., n. 704. Mais il faut observer que, par lui-même, le Fils ne saurait avoir la raison de principe ; cette raison, il la tient du Père. Filius, dit le même concile de Florence, quidquid est aut habet, habet a Patre et est principium de principio. Id., ibid. Aussi, par rapport à l’Esprit-Saint, ne forme-t-il qu’un principe avec le Père. Le IIe concile de Lyon avait pareillement marqué que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, non tanquam ex duobus principiis, sed tanquam ex une principio. Loc. est . Ainsi, il est bien affirmé que le Fils reçoit du Père d’être le principe du Saint-Esprit et que les deux personnes ne sont qu’un seul et unique principe. Ce qui permet d’éliminer le sens hérétique que les « orthodoxes » se plaisent à trouver dans le Filioque du symbole, comme si le Fils était placé au même rang que le Père dans l’ordre de l’origine. Les Latins souscrivent pleinement à cette assertion de saint Grégoire de Nysse : « Être sans principe d’origine n’appartient qu’au Père seul. » Cont. Eunomium, t. I, P. G., t. xtv, col. 396.

Ainsi donc, le terme « principe » convient au Père très particulièrement, parce qu’il est le principe sans principe. Conc. de Florence, loc. cit.

C’est l’idée exprimée déjà par Origène, affirmant que le Père est [texte grec]àurôGeoe c’est-à-dire, Dieu de lui-même et ne recevant pas la divinité par voie d’origine comme les deux autres personnes. In Joannem com-