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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.1.djvu/617

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PEREZ DE QUllMNJA

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dolid, 1721 ; Domestica bella philosophica, ln-4°, ibid.. 1721 : Vera axiomatum explicatif), in-4o, ibid., 1723.

II. Hurter, Nomenclator, ’.ï éd., t. iv, col. <>7<>.

Ara. Teetæht.

PEREZ DE UNANO Martin, de la Compagnie de Jésus, originaire de Valence en Espagne, mort, en L660, à Barcelone, à l’âge de 82 ans. Professeur de philosophie et de théologie dans ces deux villes, il publia plusieurs traités de théologie : De Deo uno et trino, disputationes XX ; De mirubili divini Verbi iricarnalione, disputation.es XL ; De s. matrimonii sacramento, disputationes LX ; De virtute et sacramento pu-nilentiæ, disputationes LVI1 (in-fol., Lyon, 1(539, 1642, 1646, 1656).

Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iii, col. 928 ; Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vi, col. 526.

P. Galtier.


PERFECTION CHRÉTIENNE.


I. En quoi consiste la perfection chrétienne ?
II. Ses degrés (col. 1226).
III. Est-elle possible ici-bas ? (col. 1230).
IV. Est-elle obligatoire ? (col. 1235).
V. L’état de perfection (col. 1244).
VI. Conclusion (col. 1249).

I. En quoi consiste la perfection chrétienne ?

— Il semble, à première vue, qu’aucune question ne soit plus facile à résoudre. Le sens commun ou le bon sens vous répondront immédiatement : « Un homme parfait est un homme qui n’a pas de défauts, qui possède toutes les qualités ; un chrétien parfait sera celui qui pratiquera parfaitement la morale chrétienne, donc qui évitera tout péché et accomplira parfaitement tous les commandements. » Mais, si nous consultons les théologiens, la chose ne paraît plus aussi simple. Le P. Zimmermann définit la perfection chrétienne : « l’excellence morale surnaturelle, grâce à laquelle le chrétien accomplit tout le bien possible pour lui. Au concret, elle consiste dans un côté négatif, à éviter toutes les fautes pleinement délibérées et, le plus possible, les fautes semi-délibérées, et un côté positif, à accomplir, autant que possible, tout le bien commandé ou conseillé par Dieu. » Revue d’ascétique et de mystique, 1930, p. 80. Cette définition, remarque le P. de Guibert, risque d’attirer à son auteur « le reproche de moralisme trop peu relié aux grandes réalités dogmatiques qui dominent toute notre vie spirituelle ». Ibid. Ces « grandes réalités dogmatiques » ne sont autre chose que la grâce sanctifiante, dont les accroissements « assurent le futur degré de notre possession de Dieu au ciel, et, partant, de notre perfection définitive in termino ». Ibid., p. 81. Il faudrait donc, pour éviter le reproche de moralisme, substituer ou du moins ajouter à l’idée d’une perfection morale celle d’une perfection, en quelque sorte ontologique, mesurée non plus par les accroissements de nos aptitudes psychologiques à faire le bien et à éviter le mal, mais par les accroissements de notre grâce sanctifiante ; c’est là une conception de la perfection chrétienne déjà rejetée par Suarez, De statu perjectionis, c. iv, n. 10-11.

Le congrès ascético-mystique en l’honneur de saint Jean de la Croix, tenu à Madrid en 1926, résume en ces termes la conception de la perfection chrétienne selon le Docteur mystique : « La perfection chrétienne consiste dans l’absence d’habitus défectueux plus ou moins volontaires et dans l’union intime avec Dieu, produite par la charité à un degré tel que notre volonté soit rendue entièrement conforme à la volonté divine. » Cf. Rev. d’asc. et demyst., 1930, p. 314. On peut remarquer que les deux parties de cette définition ne se contre-balancent pas exactement : « l’absence d’habitus défectueux » appellerait, dans la seconde partie, la présence d’autres habitas et non pas « l’union intime avec Dieu », qui est un acte. — D’autres théologiens, qui font aussi consister la perfection chrétienne dans l’union intime avec Dieu produite par la charité, en ont tiré cette conclusion que la contemplation mystique au sens strict, pour autant qu’elle n’est autre chose quc l’exercice passif ci éminent des vertus de foi et de charité, constitue la perfection par excellence ; clic est le terme final auquel doit tendre toute vie chrétienne qui, par ailleurs, ne rencontre pas d’obstacles insurmontables pour l’obtention de cette lin. » La vie spirituelle, août-sept. 1930, p. [26]. C’est l’opinion de dont .1. 1 luijben, soutenue aussi parle P. Garrigou-Lagrange, ibid., oct. 193(1, ]>. [35]-[37].

Les théologiens ne s’entendent donc pas sur la définition de la perfection chrétienne. Le concept de la sainteté ne paraît pas davantage éclairci ; tantôt un lu distingue de la perfection, tantôt on l’y ramène. La sainteté actuelle d’une âme se mesure au degré de grâce sanctifiante qu’elle possède, et la perfection de la vie qu’elle mène a l’empire toujours plus complet d’une charité théologique toujours plus intense sur tous les actes de cette vie », dit le P. de Guibert, Rev. d’asc. et de mi/st., 1927, p. 229 ; un peu plus loin, il énonce que l’objet de la théologie spirituelle est la perfection de la vie chrétienne comme voie à la sainteté la plus haute possible », p. 240. Par contre, essayant de dégager la conception que le peuple chrétien et l’Église se sont faite de la sainteté, le P. Delehaye aboutit à cette définition : « Le saint est le héros dans l’ordre moral et religieux ; c’est le chrétien parfait. » Sanctus, Bruxelles, 1927, p. 235 ; cf. Rev. d’asc. et de myst., 1927, p. 198-199.

La question qui nous occupe étant envisagée comme une question d’ordre théologique, on ne s’étonnera pas que nous en demandions la solution à la plus grande autorité théologique de l’Église catholique, à saint Thomas d’Aquin. En quoi le Doctor communis fait-il donc consister la perfection chrétienne ?

1° Les « parfaits », par opposition aux incipientes et aux proficie.ntes (Sum. theol., IIa-IIæ, q. xxiv. a. 9 ; q. clxxxiii, a. 4 ; I a -1 1^, q. lxi, a. 5 : In ///" m Sent., dist. XXIX, q. ï, a. 8). — La distinction de trois classes de chrétiens, par rapport au degré de leur vertu ou de leur charité, était traditionnelle dans l’Église : saint Thomas invoque à ce sujet l’autorité de saint Augustin et celle de saint Grégoire le Grand. Le texte de saint Augustin, cité en abrégé dans le Sed contra de l’a. 9 de la q. xxiv, se lisait in extenso dans P. Lombard, /// Sent., dist. XXIX : il s’agit de la charité : Sed numquid mox ut nascitur, eliam prorsus per/ecta est ? Immo ut per/iciatur, nascitur ; cum jueril nata, nutritur ; cum fueril nutrita, roboratur ; cum fuerit roborala perficitur. Saint Grégoire le Grand, cité dans le Sed contra de l’a. 4 de la q. clxxxiii, avait dit : Très sunt modi conversorum : inchoatio, medietas, atque perfectio ; et encore : aliu<t sunt virtutis exordia, aliud profeclus, aliud perfectio.

Qu’est-ce donc qui distingue l’une de l’autre ces trois classes de chrétiens ? Ce sont les occupations, ou mieux les préoccupations auxquelles ils sont portés par le degré de leur charité : distinguuntur secundum diversa studia, ad qu.se homo perducitur per caritalis augmentum. Q. xxiv, a. 9. Les commençants s’appliquent principalement ad recedendum a peccato, et resistendum concupiscentiis ejus, quæ in conlrarium caritatis movent. Les progressants se proposent principalement d’avancer dans le bien. Enfin, les parfaits ad hoc principaliter intendant ut Deo inlucreant et eo fruantur. — Les « parfaits », selon ce texte de saint Thomas, ce sont donc ceux qui ont, pour ainsi dire, terminé les deux premières tâches assignées à l’homme dans la vie présente, déclina a malo et jac bonum : il ne faut pas définir leur perfection par ce qui constitue leur occupation principale et dire : ils sont parfaits en tant que Deo inluvrent et eo jruuntur ; non, ils sont parfaits, et c’est pourquoi il leur est loisible d’être uni 1 - à