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    1. PERFECTION (Il RÉTIENNE##


PERFECTION (Il RÉTIENNE. DEGRÉS

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PERFECTIO SECUNDUM NATURAM (II 1 II’. (|. XXIV,

a. 8 ; q. xi.iv, a. 1, ad 2um ; q. clxxxiv, a 2 ; /)< car/L, a. W ; De perf. vitte spirit., c. iv ; /// Bp/ !., r/, leç. I : //i /Vi/7., ///, leç. 2). L’amour « le Dieu ne pouvant être parfait dans la créature < -.r parte objecti, ne peut l’être que ex parte diligentis, ut scilicet secundum suant totam oirtutem creatura rationalis diligai Deum. De perf., c. iv. C’est ce que saint Thomas nomme, dans le De caritate, l’amour parfait secundum naturam rationalis creaturse, quando rationalis creatura seeun dum suum passe ad Deum diligemlum coiwcrtitiir. S’autorisant de deux textes de l’Écriture, Deut., vi, 5 el t. ue., x, 27, où l’on déclare que Dieu doit être aimé ex toto corde, ex Iota anima, ex Iota jartitudine et ex omni mente, le coeur se rapportant à l’intention, la mens à la connaissance, l’âme ad affectum et la force ad exeeulioncm, saint Thomas affirme que notre amour de Dieu ne sera parfait secundum naturam que si niliil in lus omnibus nobis desit quin totum aciualiier convertatur in Deum. De perf.. ibid. Ailleurs, il n’énumère pas ainsi toutes les facultés de l’homme qui doivent être actualiter appliquées » Dieu pour que son amour de Dieu soit absolument parfait ; il ne mentionne que le cœur, ou l’affectus, ou l’action : </uod totum cor hominis actualiter semper jeratur in Deum. q. xxiv, a. 8 ; per/eclio quæ uttenditur secundum total ilatem absolutam ex parte diligentis, prout scilicet affectas secundum totum suum passe semper actualiter tendit in Deum, q. clxxxiv, a. 2 ; ut totam uctionem suum référât in Deum actualiter. In Phil., iii, leç. 2. Or, une telle application à Dieu de toutes nos facultés, une’adhésion » toujours actuelle, n’est pas possible pour nous en cette vie ; c’est la condition des bienheureux. Saint Thomas voit cette espèce de perfection secundum totalitatem absolutam ex ]>arle diligentis. mentionnée par saint Paul dans Phil., iii, 12 : non quod jam arceperim. mit jam perfeclus sim, sequor uutem si quo modo comprehendam, et il montre comment est réalisé dans le ciel, d’une manière absolument parfaite, le commandement de l’amour de Dieu ex toto corde, ex tota mente, ex tota anima et ex Iota fortitudine. De perf., c. iv, C’est dans le commentaire sur Eph., vi, leç. 4, que cette perfectio patriæ est qualifiée de perfectio totalis abundantiæ.

3° La perfection de conseil ou de surérugation (fl a -II 16, q. xxiv, a. 8 ; q. xliv, a. 4, ad 3um ; q. clxxxiv, a. 2 ; In Eph., rr, leç. 4 ; In Phil., iii, leç. 2 ; De carit.. a. Il ; De perf., c. vi). — Etsi comprehensorum perfectio non sit nobis possibilis in hac vita, œmulari tamen debemus ut "ïn simililudinem perfectionis illius, quantum possibile est, nos trahamus, et in hoc perfectio luijus vitæ consista, ad quam per consilia invitamur. De perf., c. vi. Nous pouvons donc, nous devons même, selon saint Thomas, nous efforcer d’imiter la perfection des bienheureux, qui consiste, nous le savons, dans une application permanente de toutes nos facultés à Dieu, et cette imitation nous est facilitée par la pratique des conseils évangéliques ; la seule pratique des conseils évangéliques ne constitue pas, mais elle permet de réaliser ce troisième degré ou cette troisième espèce de perfection. Celle-ci consiste en ce que homo sludium suum deputel ad vacandum Deo et rébus divinis, prsetermissis aliis, nisi quantum nécessitas præscntis vitæ requiril, q. xxiv, a. 8 ; en ce que homo. quantum possibile est, se abslrahal a rébus tempuralibus etiam licitis, quæ occupando animum impediunt actualem motum cordis in Deum, q. xi.iv, a. 4, ad 3um ; en ce que, enfin, ab affeclu hominis cxcluditur non solum itlud quod est caritati contrarium. sed eliam omne itlud quod impedit ne affectas mentis totalité/- dirigatur ad Deum. q. clxxxiv, a. 2. Le De carit.. a. 10, nous apprend que impeditur homo in hac vita, ne lotaliter mens ejus in Deum feratur. ex tribus :

primo quidem ci contraria inclinatione mentis, c’est-à-dire par le péché mortel ; secundo per occupationeni stecularium rerum ; tertio vero ex inftrmitale pressentis

vitæ, c’est-à-dire par les nécessités de la vie et ex ipsa corporis gravitate : les conseils évangéliques

viennent nous délivrer du second empêchement et nous permettre de mener la vie contemplative, en quoi consiste précisément noire troisième espèce de perfection.

On peut remarquer des nuances dans la manière dont saint Thomas caractérise ce second empêchement, qui met obstacle à noire vie contemplative : tantôt c’est occupalio stecularium rerum, comme nous venons de le voir, tantôt c’est affeclus temporolium, comme il s’exprime dans le De perfections, c vi : tanto perfectius animus hominis ad Deum diligendum fertur, quanta mugis ab affeclu temporalium revocatur ; le texte de saint Augustin, qui suit cet aphorisme, semblerait indiquer qu’il s’agit d’un affeclus désordonné : venenum caritalis est spes adipiscendarum aut relincndarum temporalium rerum ; augmentum vero ejus cupidilatis diminulio ; perfectio vero nulla cupidilas. Quoi qu’il en soit, que cet attachement aux choses temporelles soit licite ou illicite, il partage le cœur et la vie ; le supprimer, c’est faire plus large la part de Dieu, c’est consacrer tout son cœur et tout son temps à Dieu et aux choses divines : omnia igitur consilia… ad hoc pertinent ut animus hominis ab affeclu rerum temporalium avertatur, ut sic liberius mens tendat in Deum, conlemplando, amando et ejus voluntatem implendo. De perf., c. vi.

A propos de ce troisième genre de perfection, nous voyons apparaître une expression, une distinction, que nous aurons encore plus d’une fois l’occasion de rencontrer : c’est la distinction entre une perfection quæ ipsam speciem caritalis consequitur. ou quæ pertinet ad esse caritalis, et une perfection sine qua caritas esse potest, oi quæ pertinet ad bene esse caritalis ; et cette dernière consiste, dit le De carit.. a. 11. in remotione occupationum sœcularium, quibus affeclus humanns retardatur ne libère progrediatur in Deum. Enfin, cette perfection est aussi dénommée perfection de subrogation, dans le commentaire de Phil.. IH, leç. 2 : alia (perfectio) est supererogalionis. quando quis ultra communem statum inhseret Deo, quod fit removendo cor a temporalibus et sic magis appropinquat ad palriam, quia quanto déficit cupidilas, tanto plus crescit caritas.

Ce dernier membre de phrase, où l’on reconnaît la pensée de saint Augustin, nous laisse entendre que le troisième genre de perfection comporte différents degrés ; ces degrés se mesureront à la grandeur des renoncements que nous nous imposerons pour mieux vaquer à Dieu et aux choses divines, suivant cet autre texte de saint Augustin : Tanto magis inhæretur Deo, quanto minus diligitur bonum proprium. D’où saint Thomas tire cette conclusion : Igitur secundum ordinem propriorum bonorum. quæ homo propler Deum conlemnit, est atlendendus ordo eorum quibus ad perfeclam Dei inhœsionem pervenitur. De perf.. c. viii.

4° La perfection commune, ou d’obligation, dite encore perfectio essentialis ou sufficientie (ll a -II °e, q. xxiv. a. 8 ; q. xiiv, a. 4, ad 2um ; q. clxxxiv, a. 2 ; a. 3, ad 2um et3um ; In III" m Sent., dist. XXIX, q. I, a. 8, qu. 2 ; De carit., a. Il ; In Eph., ri, leç. 4 ; 7n Phil., iii, leç. 2 ; De perfectione, c. v). — La charité est parfaite ex parte diligentis. quando diligit tantum quantum potest ; ce principe, selon saint Thomas, peut recevoir trois applications et légitimer la distinction de trois espèces de perfection : celle des bienheureux, celle qui est de subrogation et enfin celle qui est d’obligation. On aime donc Dieu autant qu’on le peut d’une troisième manière : ita quod habitualiter