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    1. PERSÉVÉRANCE##


PERSÉVÉRANCE. DONNEES SC RIPTURAIRES

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II. Les vices opposés (saint Thomas, II a -I I 3 ?, q. cxxxviii). —

La mollesse.

« Ce qui fait de la

persévérance une vertu, c’est l’attachement au bien, malgré l’endurance prolongée des difficultés et des souffrances. A quoi s’oppose directement la facilité de se détacher du bien à cause de quelques difficultés qu’on est incapable de supporter ; ce qui correspond bien à l’idée de mollesse, car on appelle mou ce qui cède à la moindre pression. » Saint Thomas, loc. cit., a. î ; cf. Ethicorum. t. VII, lect. 7.

L’opiniâtreté.


Ce vice est l’excès opposé : les opiniâtres sont ceux qui persévèrent dans leur opinion plus qu’il ne faut : < La persévérance est une vertu, parce qu’elle se tient dans le juste milieu, tandis que l’opiniâtreté pèche par excès et la mollesse, par défaut ». Id., a. 2.


II. PERSÉVÉRANCE-GRACE.

Le problème théologique de la grâce de la persévérance peut être envisagé du côté de la cause suprême de la persévérance, qui n’est autre que la prédestination. Ce premier aspect sera étudié à l’art. Prédestination. Mais le problème de la persévérance peut être envisagé du côté de sa cause prochaine, c’est-à-dire de la volonté humaine, soutenue par la grâce de Dieu. Ici encore, les théologiens introduisent, dans le problème de la persévérance, de multiples distinctions qu’il est opportun de signaler de prime abord. On distingue la persévérance imparfaite ou temporaire, par laquelle l’homme se maintient, pendant un temps assez long, en état de grâce, sans cependant se maintenir jusqu’à l’heure de la mort ; et la persévérance parfaite ou finale, qui, quelle que soit sa durée antérieure, aboutit à l’état de grâce à l’heure de la mort. Cette persévérance peut derechef être envisagée sous son aspect actif ou sous son aspect passif. La persévérance est dite active, quand on la considère par rapport à l’exercice des vertus et des bonnes œuvres nécessaires à la conservation et à l’accroissement de l’état de grâce : cette persévérance active est le fait des adultes. Elle est dite passive, quand on la considère par rapport à la conjonction opportune de l’instant de la mort avec l’état de grâce, abstraction faite de l’exercice des vertus, qui constitue la persévérance active et sans lequel, à la rigueur, la persévérance passive peut seule exister, par exemple chez les petits enfants baptisés et morts avant l’âge de raison, ou chez les adultes décédant peu après avoir reçu ou récupéré la justilication :


Ces distinctions n’ont qu’une importance très secondaire et surtout scolastique par rapport au courant de renseignement traditionnel sur la grâce de la persévérance. Bien que. « lu côté de Dieu, il n’y ait qu’une grâce de la pcrsé éi aucc. celle qui conduit effectivement l’homme au salui (el nous verrons combien saint Augustin insiste sur ce point), on peut, cependant, du (iiic (le l’homme, envisager la persévérance sous un double aspect, tout d’abord le passe perseverare, qui n’implique pas encore nécessairement l’acte final de la persévérance, puis cet acte lui-même. Les deux aspects sont d’ailleurs inséparables dans l’enseignement (le saint Augustin, ci c’est le concile de Trente qui a mis en un relief particulier le poste perseverare. Nous chercherons donc ici a préciser le développement et la suite de renseignement traditionnel sur la grâce de la persévérance, depuis les assertions encore générales de J’Kerilurr et des l’eres antérieurs a saint

Augustin, jusqu’aux dernières précisions du concile de Trente et des théologiens modernes. D’où les divisions suivantes :
1° Comment s’est précisé le problème, des apôtres aux théologiens du Moyen Age ;
2° la doctrine du concile de Trente ;
3° les cadres de la théologie moderne ;
4° le problème spécial de la persévérance finale. Nous ajouterons
5° des considérations sur quelques concepts extra-théologiques relatifs à la persévérance finale.

I. Comment s’est précisé le problème. —

A l’origine, le problème de la grâce de la persévérance ne s’est pas posé dans les termes mêmes où le progrès doctrinal l’a amené au concile de Trente. Nos modernes traités de la grâce ont construit des cadres où la pensée théologique affirme un souci des nuances qu’elle ne pouvait connaître à l’époque patristique. C’est ce progrès de dix siècles qui a permis aux théologiens de poser, en des termes de plus en plus exacts, le problème du pouvoir qu’ont les justes de persévérer dans la justice. Primitivement, le problème était implicitement posé et résolu dans la question plus générale de la nécessité pour l’homme de recourir à l’aide de Dieu pour éviter le péché et accomplir les actes nécessaires à cette fin. C’est sous cet aspect qu’on le découvre, dans l’Écriture, chez les Pères antérieurs à la controverse pélagienne et semi-pélagienne. Mais cette controverse même fera apparaître, principalement sous la plume de saint Augustin, le point de vue très particulier du don de la persévérance finale. Le magistère ecclésiastique intervient alors à plusieurs reprises pour formuler, contre pélagiens et semi-pélagiens, les exigences du dogme. Enfin, les théologiens du Moyen Age, et particulièrement saint Thomas d’Aquin, achèvent l’évolution qui aboutira aux précisions de la théologie moderne. On retracera ici les stades de cette évolution : f. Le fondement scripturaire ; 2. Les Pères avant la controverse pélagienne ; 3. Les Pères pendant la controverse pélagienne ; 4. Les documents du magistère ; 5. La théologie du Moyen Age.

I. LE FONDEMENT SCRIPTURAIRE.

Nous négligerons de parti pris les enseignements de l’Ancien Testament relatifs à la nécessité de la grâce pour le salut, pour nous en tenir au double fondement qu’on peut recueillir dans le Nouveau Testament :
1. L’impossibilité pour l’homme d’observer la loi sans le secours de Dieu ;
2. la nécessité, pour les justes eux-mêmes, de recourir à ce secours divin s’ils veulent surmonter les périls spirituels..

L’impossibilité pour l’homme d’observer la loi sans la grâce de Dieu trouve son fondement scripturaire dans saint Paul, Rom., vii, 12-24. L’intelligence de cette péricope suppose une doctrine plus générale, dont l’énoncé se trouve reporté au c. v, 1-2 : "Justifiés par la foi…, nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire des enfants de Dieu. » Mais à cette espérance de la gloire s’opposent des obstacles énumérés aux c. v-vn, que d’un mot l’Apôtre résume dans le « règne du péché » qui, depuis Adam, s’étend sur le monde entier : c’est le péché, Y) àp-apTÎa. avec ses satel Utes, la mort, la chair, la loi (car le péché abuse de la loi mosaïque pour mettre à mort spirituellement les hommes). La grâce de Dieu doit triompher de Ions ces obstacles, v-vi, passion. De l’Influence néfaste de la chair et de la nocivité de la loi sans la grâce, saint Paul parle dans le c. vu. Voici le texte Important :

12. Ainsi donc la loi est sainte, et le commandement saint et juste et bon. fil. Ce qui est bon est-il dune devenu pour moi la mort ? Loin de là. Mais le péché, afm de paraître péché, m’a donné la mort an moyen d’une chose bonne, afin que le péché soit (tenu) pour coupable à l’excès, par le fait du commandement, i i l ar nous snnm que lu loi est spirituelle ; mail moi je suis charnel, vendu au service du péclié. 15. Car ce que je fais, je ne le suis pas ; rai |riic fuis pas ce que |e veux, mais je fuis ce « pie |e hais. 16. si donc |e fais ce’pie je ne veux pas. Je reconnais que la lui est bonne 17. Mais alors ce n’est plus moi qui le fais, niais le pèche qui habite en nue 18. < ar je sais que ce n’est l’as le bien (|lli lia In te en moi, (’est a « lire dans ma (hall. I n elle !. le i.ulmi . ^t.. ma portée, nuit non la pratique du bien, 19. cai [ait pas le bien que |e veux, mais je fais le mal que je ne veux