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PERSEVERANCE. LES PREMIERS ACTES DU MAGISTÈRE


dclet omnino hsec oratio minima et quotidiana peccata, n. 71, t. xl, col. 265. Dans le De hæresibus (428), il oppose à la prétention des pélagiens la prière que doivent réciter tous les hommes sans exception : Dimitte nobis débita nostra, n. 88, P. L., t. xlii, col. 48. Ainsi, la doctrine d’Augustin est devenue de plus en plus ferme sur ce point. Voir Grâce, t. vi, col. 1594.

Saint Jérôme prit part, lui aussi, à l’affirmation catholique. Voir surtout Adversus Jovinianum, t. II, n. 30 sq., P. L., t. xxiii, col. 327. Citons également saint Léon le Grand, Serm., xv, c. i. P. L., t. liv, col. 174 ; saint Grégoire le Grand, Moral., I. XXI, c. xii. P. L., t. lxxvi, col. 201. Pour saint Cyrille d’Alexandrie, voir Weigl, op. cit., p. 272.

Cassien lui-même a longuement professé la doctrine catholique sur ce point, dans ses Collaliones, XXIII, c. xvii : quod sancti omnes veraciter immundos se et peccatores esse confessi sunt ; c. xviii : etiam justos et sanctos sine peccato non esse ; c. xix : ex dominiez precationis formula ostenditur neminem sine peccato vivere ; c. xx : quod in ipso quoque orationis tempore peccatum declinari vix possit. P. L., t. xlix, col. 12731278.

IV. LES PREMIER* DOCUMENTS DU MAG18TÈJIE. — La pensée officielle de l’Église se fait jour dans divers documents provoqués par les remous de la controverse pélagienne.

1° Déjà le synode de Diospolis avait contraint Pelage à avouer que l’homme, « converti de l’état de péché, pouvait, par ses propres efforts et la grâce de Dieu, ne plus pécher, sans prétendre, néanmoins, qu’il fût impeccable ». Voir Péi.agianisme, col. 092. Il est manifeste, dans ce document, que les Pères du concile exigent le secours de la grâce laquelle permet à l’homme justifié de persévérer dans le bien, sans pour cela le rendre totalement impeccable,

2° Le concile de Carthage de 418 affirme explicitement la nécessité de la grâce justifiante pour éviter les fautes à venir (can. 4) ; secours non seulement parce qu’elle éclaire notre intelligence et nous fait connaître ce que nous devons faire ou éviter, mais encore parce qu’elle nous donne la force indispensable pour aimer et pratiquer ce que nous savons être bon (can. 5). Il déclare enfin que la grâce (le la justification nous est donnée non seulement pour que nous puissions l’aire, avec plus de facilité, ce que nous devons (ou pouvons) faire par notre libre arbitre, niais parce que, sans elle, nous ne. pourrions aucunement le faire > (can. 6). Voir le texte de ces canons. I. x. col. 1750 ; 1 >cnL.-Bannv.. n. 103. 104, lo."> (can. 3, I. : > i : Cavallera. Thésaurus, n. 813.

(es canons sont dans l’esprit et même dans la lettre de la doctrine d’Augustin. La grâce de la justification n’est pas ici exclusivement ce que nous appellerions aujourd’hui la grâce sanct ifianle ; c’est toute espèce de secours surnaturel concourant a notre justification lui d’autres termes, le concile affirme la nécessité d’un secours spécifiquement surnaturel pour persévérer dans le bien et accomplir les préceptes divins.

3° Dans les capitula annexés à la lettre de Célestin I"

contre les semi pélagiens, voir t. ii, col. 2052 sq.. le c. m est le commentaire d’un passage de la lettre d’Innocent [ « aux eveques du concile de Cartilage. Le

secours divin j est affirmé nécessaire à la persévérance

dans une bonne vie, pour surmonter les embûches du

démon et vaincre les convoitises de la chair : Bien /pu Jésus-Christ Hit racheté l’homme de ses péchés passés, écril Innocent, sachant cependant qu’il pouvait pécher <nrore. il lui a réservé de nouvelles grâces pour réparer ses force » ri guérir ses blessures ! il nous offre donc, chaque mur, des remèdes, et ii nous n’appuyons pas tur ce tecours nos efforts rt notre confiance, nous ne

pourrons en aucune façon triompher des erreurs humaines. C’est l’inévitable loi ; avec, le secours de Dieu. nous sommes vainqueurs, sons lui nous sommes vaincus.

Le c. vu déclare que nul ne peut user du libre arbitre pour le bien que par la grâce du Christ.

Le c. ix rapporte également un texte du pape Zozime, proclamant la nécessité du secours divin contre les défaillances de la nature et les attaques des démons : commentaire de saint Paul, Eph., vi. Il sq., et Rom., vii, 12 sq.

Le c. x rapporte, en les approuvant, les canons ci-dessus cités du concile de Carthage de 118.

Le c. xi résume toute la doctrine et attribue à Dieu « le commencement dans la bonne volonté, le développement des efforts louables et leur persévérance jusqu’à la fin ».

4° Le deuxième concile d’Orange, voirt. xi.col. 1093 sq., vise surtout la doctrine de la nécessité de la grâce dans l’ordre spécifiquement surnaturel et de l’impuissance de la nature humaine à s’élever par elle-même à cet ordre. Toutefois, le can. 10 rappelle que les régénérés et les saints doivent, eux aussi, toujours implorer l’aide de Dieu, afin de pouvoir parvenir à une bonne fin et pouvoir persévérer dans le bien. Denz.-Bannw., n. 183 ; Cavallera. n. 854. On a fait observer, t. xi, col. 1096, que ce canon tend à parer au reproche, adressé par Fauste à la doctrine augustinienne. qu’elle rend la prière inutile. Néanmoins, il implique que le secours de Dieu est nécessaire pour persévérer dans le bien et parvenir à une bonne fin : à cet égard, il offre une base doctrinale sérieuse à la question théologique de la persévérance dans l’état de grâce.

La conclusion du concile affirme, au nom de la foi catholique, « qu’avec l’aide et la coopération du Christ, tous les baptisés peuvent et doivent, en vertu de la grâce revue au baptême, accomplir tout ce qui est nécessaire au salut de l’âme, s’ils veulent fidèlement y travailler ». Mais c’est Dieu qui, « antérieurement à tout mérite de notre part, nous inspire la fin (à laquelle nous devons tendre) et l’amour (que nous devons avoir) pour lui. afin « pic nous recherchions le baptême et qu’après le baptême nous soyons capables de faire, avec son aide, ce qui lui plaît >.

5° Aucun document ne sanctionne officiellement la doctrine de la persévérance finale, telle que l’expose saint Augustin. Néanmoins, il convient de rappeler les éloges adressés à la doctrine de saint Augustin par Gélase I er, dans Thiel. Epist. rom. pont., p. 571 : cf. P. L., t. i ix. col. 30 sq.. par llorniisdas, Denz.-Bannw. , n. 3027 ; Cavallera, n. 851. par Boniface 11. P. /… I. xi.v. col. 1700 ; DcnL. Bannw.. n. 3030 ; Cavallera, n. 857. On peut en ((inclure que la doctrine d’Augustin est pour le moins fortement recommandée.

6° Les controverses ultérieures sur la prédestination ont eu pour effet, au point de vue qui nous Intéresse, de mettre en relief l’infirmité de la volonté humaine, libre encore sans doute après le péché, mais d’une

liberté atténuée et affaiblie, et qui, par conséquent,

a besoin du secours de Dieu pour lui rester fidèle.

A la fin du Ve siècle, déjà, nous avons en ce sens foule une partie de la rétractation imposée par le concile d’Arles au piètre Lucidus. Cavallera, n. 847, P.L., t. in i. col. 683. Voir art. Lucidus, t.ix. col. 1023 Au IX’siècle, lois de la querelle autour de (iollschalk. lis deux partis, auguslinicn et anl iaugust inien. I’.ii dence de Troves. licniv de l, on. l’.bon de Grenoble, d’une part. Ilincmar et ses fidèles, de l’autre, ont affirmé unanimement, malgré certaines contradictions

plus verbales que réelles, la possibilité pour le libre arbitre, même après la (bute, de se diriger dans la voie i bien avec le secours de la grâce divine. Voir coin île de Quierzy, ’an. 2. Denz. Bannw., n. 317 ; Cavallera.