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PERSÉVÉRANCE. LE CONCILE DE TRENTE


Un bon nombre de théologiens, généralement thomistes, voient dans ce secours spécial la grâce actuelle efficace, nécessaire à la persévérance finale. Jean de Saint-Thomas, De gratia, disp. XXI, a. 2, n. 1, Cursus theologicus, t. vi, Paris, 1885, p. 785 ; Gonet, Clypeus theol. Ihom., tract. VII, a. 8, n. 350, t. iv, Paris, 1876, p. 681 ; Salmanticenses, Cursus theologicus, tract. XIV, De gratia, disp. III, n. 234, t. ix, Paris, 1878, p. 495 ; Billuart, Theologia, De gratia, dissert. III, a. 10, t. iii, Paris, 1878, p. 365 ; Del Prado, De gratia et libero arbitrio, t. i, Fribourg (Suisse), 1907, p. 121 ; Hugon, Tractatus dagmatici, t. ii, Paris, 1927, p. 140 sq. On peut ajouter les anciens thomistes indiqués par les Salmanticenses, op. cit., p. 494 et, parmi les auteurs contemporains, en dehors de l’école dominicaine : L. Janssens, Summa theologica, t. ix, De gratia Dei et Christi, p. 229 sq. ; Lépicier, Tractatus de gratia, Paris, 1907, p. 87-88. A cette interprétation, il est possible de faire quelques objections. Sans doute, la doctrine du concile n’exclut pas ici l’idée de la persévérance finale, avec le secours très spécial qu’elle comporte, voir col. 1286 sq. On peut même penser que cette préoccupation était prédominante dans l’esprit de Seripandi et des Pères qui votèrent avec lui. Néanmoins, le texte même du canon, sans exclure cette préoccupation, né paraît pas la viser directement. Il s’agit du « pouvoir persévérer » et le canon ne parle pas expressément de persévérance filiale : ce « pouvoir persévérer » suppose un secours spécial de Dieu non en raison de la coïncidence de la mort avec l’état de grâce, mais en raison des difficultés, dont le concile a parlé au début de la seconde partie du c. xi, voir col. 1279, et qui rendent à l’adulte, même justifié, l’observance des préceptes et la victoire sur toutes les tentations graves moralement impossibles, au moins s’il s’agit d’une longue durée. Le concile dit également qu’avec la grâce de Dieu cette victoire est possible et possible cette observance. Aussi d’excellents interprètes pensent-ils que le « secours spécial » du canon 22 ne saurait s’appliquer à ce que le concile de Trente appelle plus loin magnum perseverantiæ donum. Cf. Van der Meersch, Tractatus de divina gratia, Bruges, 1910, p. 319 ; Straub, op. cit., p. 114, 188, 221.

On a tenté d’interpréter le canon 22 comme si le secours « spécial » désignait la grâce actuelle qu’on prétend être toujours nécessaire, même à l’homme justifié, pour faire un acte surnaturel. Trouver dans une simple opinion théologique (car la nécessité d’une grâce actuelle élevante pour chaque acte surnaturel de l’homme justifié n’est qu’une opinion, voir Grâce, t. vi, col. 1678-1(>85) l’interprétation d’un document conciliaire semblera à coup sûr exagéré, tendancieux et incompatible avec la valeur doctrinale du document. C’est la tentative faite par Km. I. ingens, S. J., dans Zeitsehr. fur kathol. Theol., 1896, p. 40 sq., et

réfutée par Anl. Strauh, op. cit., p. 107-140. Le concours surnaturel dont parle le P. Llngens est aussi connaturel à l’homme justifie que le concours naturel <ie Dieu l’est dans l’activité naturelle « les êtres. Or, le

secours spécial dont parle le concile de Trente, tout en étant au pouvoir « les justes, doit cependant cire demandé par eux à Dieu. cf. canon 1 1 : petere quod non posais. C’est donc un secours qui doit s’ajouter aux

dons surnaturels habituels et au concours nie me surnaturel qui accompagne l’étal de grâce. Ci. Lange. De gratin. p. | 10. note.

D’autres théologiens, tout en demeurant dans la

considération du pouvoir persévérer ». affirment que

le secours -spécial -n’est pas iti i secours et raordin aire.

distinct de la collection des grâces act u elles nécessaires à l’homme jnstiiie pour surmonter les difficultés,

Vaincre les tentations, du moins pendant la longue

durée qui peut justifier le mot de persévérait

Interprétation assez commune chez les théologiens modernes de la Compagnie de Jésus : Hurter, Theologia specialis, disp. De gratia, n. 35 ; Mazzella, De gratia Christi, n. 315 ; Ch. Pesch, Pra’lectiones dogm., t. v, n. 184 ; B. Beraza, Tractatus de gratia Christi, n. 230, 236. Ce dernier auteur s’efforce de démontrer que Suarez, malgré les apparences contraires, De gratia, t. X, c. ii, Opéra, Paris, 1858, p. 571 sq., ne s’est pas écarté de ce sentiment. Le secours spécial serait dans la continuité même des secours, par ailleurs requis pour que le juste ne pèche pas.

Billot attaque vivement cette manière d’interpréter le texte conciliaire. De gratia Christi, thèse v. Le texte conciliaire, venant en complément des documents qui affirment fa nécessité de fa grâce pour accomplir les commandements, pour vaincre les tentations, signifie certainement quelque chose d’autre, sans quoi il se révélerait inutile. De plus, les grâces requises pour que le juste ne pèche pas ne font pas encore qu’il persévère : la fidélité du juste en chacune de ses actions n’épuise pas le concept de persévérance. Aussi Billot voit-il, dans le secours spécial du canon 22, « un instinct spécial de l’Esprit saint, gui s’ajoute à toutes les grâces actuelles », pour disposer l’âme à en user selon les exigences de la persévérance dans le bien. Cette thèse est développée surtout dans De virtutibus infusis, Borne, 1905, p. 171 sq. Elle peut être une excellente explication du 22e canon ; mais elle reflète beaucoup plus la doctrine de saint Thomas, IMlæ, q. ixviii, a. 2, ad 3um, que le sens obvie du texte conciliaire. Il est même douteux que les Pères de Trente aient pensé aux dons du Saint-Esprit en parlant de « secours spécial ».

Van Noort pense trouver l’explication de Vauailium spéciale dans ce fait que le secours nécessaire à la persévérance n’est pas, de par la nature des choses, un secours de grâce élevante, mais un secours de grâce médicinale. C’est donc en tant que la grâce ajouterait un caractère médicinal au caractère proprement surnaturel du secours accordé, que ce secours devrait être dit « spécial ». De gratia Christi. Amsterdam, 1911, n. 42.

Ne serait-il pas plus simple de considérer que le secours « spécial » s’explique par cette providence particulière dont Dieu entoure les justes, providence qui comprend tout un ensemble de grâces intérieures et de grâces extérieures, de grâces élevantes et de grâces médicinales, nécessaires â la volonté humaine pour se maintenir dans le bien, nonobstant les difficultés et les tentations, d’une part, et sa faiblesse, d’autre part ? Le terme auxilium dont les Pères se sont servis et qu’ils ont systématiquement préféré au terme « grâce » semble, en effet, postuler une explication très large. Le secours spécial serait ainsi tout l’ensemble des grâces diverses accordées â l’homme, mais précisément considérées dans cette suile et cette coordination providentielles, qui assurent, dans les desseins de Dieu, la

persévérance de qui en est le bénéficiaire. Cette explication, qui n’exclut aucune des théories proposées, semble rentrer dans les vues île Suarez, Inc. cit. m. l>r DOS DB PERSÊYÊRAJtCE (c. iii).

Slmlliter de perses cnuiPareillement, du don de

tiss niunere, de quo serinpersévérance, dont il est

lum esi : Qui perseoenweril écrit : Celui qui persévérera

usque ai flnem, hiesedou » eril Jusqu’à la tin sein sauvé. de

(Miiith., x, 22 ; xxiv, 13) ce don qu’on ne peut obtenir

(quod quidam aliunde haberl que de celui qui : > le pouvoii

non potest, nisi ; di en, qui de soutenu <|ui est de lioul et

potena est, eum, qui stat, de le maintenir ainsi, et de

statuera (Rom., iv, 80) ; m relever celui qui tombe ; de

persweranter stet, et eum, ce don. per s o n ne ne peut se

qui cadit, restituera), nemn promettre rien de certain,

~>in rerti aliquld armoluta d’une absolue certitude, bien

certitudlnc poWceatur, que tous doivent en former