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PESSIMISME ET OPTIMISME — PETAU (DENYS)


de son système déborde largement la question du pessimisme. Il a voulu réaliser une synthèse des idées de Hegel et de Schopenhauer. Le fond du monde est l’inconscient, à la l’ois raison et volonté ; l’inconscient est conçu à la manière de l’instinct animal. Il poursuit son développement avec une finalité parfaite, et le monde est le meilleur possible ; malgré cela, il aurait mieux valu qu’il ne fût pas. Hartmann rejette toute morale ascétique ou négative ; c’est par une active collaboration à l’évolution que nous pouvons hâter le dénoùment. Le plaisir est un état psychologique positif ; mais du bilan des plaisirs et douleurs résulte la prédominance de la souffrance. Le processus mondial s’achèvera par un suicide cosmique ; c’est ainsi que l’inconscient trouvera la voie de son propre salut. Vers la fin du xixe siècle, le pessimisme est en déclin et, s’il y eut de nouvelles crises pessimistes après la grande guerre, en Allemagne et en Russie, il ne paraît pas qu’elles aient produit une expression philosophique digne d’être mentionnée.

On consultera les auteurs cités (bibliographie dans Ueberweg), les histoires de la philosophie, les dictionnaires ; nous mentionnons spécialement les articles de Martin et de Griswold dans l’Encyclopsedia de Hastings. Parmi les monographies, tort nombreuses, mais vieillies, nous citerons : Sully, Le pessimisme, trad. Bertrand et Gérard, Paris, 1882 ; .louvin, Le pessimisme, Paris, 1892 ; C.aro, Le pessimisme au XIXe siècle, Paris, 1878 ; Gass, Oplimismus and Pessimismus, Berlin, 1876 ; Huber, Ihr Pessimismus, Munich, 1876 ; Wentscher, Ueber den Pessimismus und seine Wurzeln, Bonn, 1897 ; KowalewsUi, Sludien zur Psychologie des Pessimismus, Wiesbaden, 1904.

F. A. SCH.M.CK.

    1. PETAU Denys##


PETAU Denys, de la Compagnie de Jésus (15831652). — Il est né à Orléans le 21 août 1583, fils de Jérôme Petau, négociant et homme de lettres, neveu de Paul Petau, conseiller au parlement de Paris, célèbre érudil et collectionneur de manuscrits. Formé dans ce milieu passionnément humaniste et ardemment catholique, il lait ses études à Orléans, puis à Paris, où il logea quelque temps chez le même maître de pension que le futur abbé de Saint-Cyran. Rapin, Histoire da jansénisme* 1. 1. p. : « ». Familiarisé de très bonne heure avec les langues anciennes, à la lin de sa philosophie, il soutient ses thèses de maître es arts en grec. Étudiant de théologie, il suit les cours d’Isambert, de Du val. de Gamaches (Dogm. theol. : De incarn., Appendix libri XIII, c. i. éd. Vives, t. vii, p. 343), mais travaille aussi a la bibliothèque du roi, dont le directeur, Casaubon, correspond avec lui en grec (Casaubonit eptat., 1028, 1034, 1038, 1044, 1105). A 19 ans, il obtient au concours la chaire de philosophie à l’université de Bourges et y enseigne durant deux ans. Déjà chanoine d’Orléans, il > est ordonné se ni sdiacre et revient, en 1604, poursuivre, à Paris, ses éi udea de i béologie. 1 1 les Interrompt pour entrer dans la Compagnie de Jésus, le 15 juin 1605. Deux nouvelles années de théologie à l’université de Pool à Mousson (1607-1609), puis il devient professeur de rhétorique a Reims, a La Flèche, finalement au Collège de Clermont à Paris ( 1618 1620) ; il enseigne la théologie positive dans ce même collège, de 1621 a L644, et j reste bibliothécaire en même temps que directeur de congrégation jusqu’à sa mort, le II décembre 1652.

I. Formation générale, Humaniste, érudit cl historien. Petau dut d’abord sa réputation a ses publications de textes et a ses ouvrages de chronologie. Pré

ludant aux éditions bénédictines de la Bu du siècle, et

continuant celles du p. Fronton du Duc. SOU prédécesseur au Collège de Clermont, il avait fait paraître, dès

1612, une première édil ion des nuvres de S} nésius ; en 1313 et 1614, 1 Y-dit ion îles discours de ThémistiUS « I de Julien I’poslat : en 1616, le Hrennr luni hlsloricum de Nicéphore ; l’édition des œuvres de saint Éplphane, en

D1C1. Dl i n : ci CATHOL.

1622, marqua en quelque sorte sa prise de possession de la chaire de théologie positive et elle fut suivie, en 1633, d’une seconde édition de Synésius, le tout traduit par lui en latin et accompagné de notes et de dissertations historiques.

En même temps, il avait préparé un grand ouvrage sur la chronologie, destiné à supplanter le De emendalione temporum de Scaliger, qui, depuis près d’un demisiècle, faisait autorité en cette matière. Le De doclrina temporum parut en 1627 et fut suivi, en 1633, du Ralionarium temporum, « jui en appliquait les principes aux grandes époques de l’histoire. Ce dernier ouvrage, qui fut traduit en toutes les langues, était comme l’ébauche d’une histoire du monde et devait servir de guide a Bossuet pour son Discours sur l’histoire universelle.

Ces ouvrages ne sont signalés ici, entre beaucoup d’autres, que comme indices de la préparation très spéciale et très complète que Petau apportait à l’enseignement de la théologie. Préparation unique : à la formation théologique commune, complétée par deux années d’enseignement philosophique, s’est ajoutée une formation historique sans exemple chez un théologien de profession. Dans son discours d’ouverture, en 1621, et dans une lettre de 1641 au P. Vavasseur, qui devait lui succéder dans sa chaire, Petau dira la nécessité de cet te préparation : une science qui emprunte ses principes à l’Écriture et à la tradition ne saurait être enseignée sans une connaissance approfondie des langues et de l’antiquité ecclésiastiques. Il lui dut, en tout cas, pour sa part, de discerner, dès l’abord, l’erreur fondamentale du jansénisme. Sa première intervention contre l’Augustinus (De libero urbilrio, libri très, et De pelagianorum et semipelagianorum liœresi, liber unus, 1643) fut pour ruiner la thèse historique sur laquelle Jansénius — l’Armacanus, comme l’appelle toujours Petau, du pseudonyme (m’avait pris, en 1635, l’évêque d’Ypres dans le pamphlet contre la politique de Richelieu intitulé Mars gallicus — s’était appliqué à établir sa doctrine. Il n’est pas exact que la liberté, telle qu’elle a toujours été entendue, se réduise à l’absence de coaction : acte « libre » ne dit pas seulement acte « volontaire ». L’erreur pélagienne ou semi-pélagienne n’a pas consisté i’i admettre qu’il soit au pouvoir de l’homme de consentir ou de résister à la grâce : on reconnaît la matière des propositions 2. 3, I, qui seront condamnées.

Quand paraît le livre De la fréquente communion d’Arnauld. Petau va de même tout droit à ce qui en fiiil réellement le danger ou le vice caché. Il y discerne, sans doute, sur la pratique pénitentielle de l’antiquité, des conceptions Inexactes qu’il dénonce ; mais, par de la ces erreurs de fait. il voit surtout la prétention que

cel te pratique, quelle qu’en ail été la forme, ait pu lier l’Église elle-même, Condamner la pratique actuelle, telle que l’Église l’approuve, du seul fait de son opposition à hi pratique ancienne, revient à contester l’autorité et l’infaillibilité de l’Église. De la pénitence publique et de la préparation à la communion, 1644 Ainsi concentre t-il l’attention et la discussion sur le sens auquel se doit entendre la tradition vivante qui

sert de base a la doctrine catholique. Comme théolo

gien, son œuvre se résumera dans la mise en valeur de

cet argument, qui. pour être reconnu comme l’argu ment propre de la science t héologiquc. n’en est pas

moins, d’ordinaire, totalement omis ou très imparfaitement présenté.

II. Œi m s Nous n’avons pas à nous occupei

des travaux de Petau sur la chronologie : il nous suffit

d’avoir dit la célébrll é qui lui en revient. Encore moins nous arrêterons nous a ses œuvres d’humaniste

poésies, lettres, discours de circonstance, suiloiil en I en latin, curent grand succès en leur temps ; on

en trouvera la liste dans les ouvrages signalés à la

T. — XII

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