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PHILIPPIENS (EPITRE AUX ; — PHILIPPINS


à la perfection, mais je fais effort pour la saisir, s’il est possible, ce en vue de quoi j’ai été moi-même saisi par le Christ Jésus ». iii, 12. Leçon délicate à l’égard de ceux qui, dans la communauté de Philippes, étaient tentés de se ranger dans la catégorie des parfaits et de penser ne tenir que d’eux-mêmes leur valeur spirituelle. Le salut, bien au contraire, s’opère avec crainte et tremblement, ii, 12, et, s’il exige les efforts réguliers et persévérants de l’homme, il dépend de Dieu « qui opère en nous le vouloir et le faire en vue de satisfaire son inclination ». ii, 13.

Ainsi, la perfection réclame une humilité foncière, une certaine défiance de soi-même qui fait mépriser les avantages extérieurs, une abnégation dont Paul donne l’exemple ; iii, 17 ; iv, 9, en se réjouissant des succès de ceux qui, même contre lui, travaillent à répandre l’Évangile. Cette confiance en sa propre justice est celle du judaïsant, elle est vaine. Seule la justice qui vient par la foi au Christ donne d’être incorporé à lui, de le connaître lui-même et la puissance de sa résurrection, iii, 10, 11, de participer à ses souffrances, de devenir semblable à sa mort. Elle réclame donc une part d’effort de l’homme, une continuité que l’Apôtre traduit par « l’effort pour saisir la perfection, qu’il estime ne pas avoir encore atteinte ». m, 12, 13. Et cet élan vers l’idéal, iii, 14, ne doit point connaître d’arrêt, ni de retour en arrière, mais tendre sans cesse vers « la récompense du céleste appel de Dieu dans le Christ Jésus ». ni, 15. Citoyen du ciel, il faut vivre sur terre comme si déjà le terme était atteint et ne point céder au relâchement que des mœurs païennes tenteraient d’introduire. L’homme nouveau doit donc définitivement prendre la place du vieil homme et les attraits du monde ne doivent avoir aucune emprise, iii, 19, sur ceux qui appartiennent au Christ. Paul semble avoir en vue, dans cet avertissement de iii, 18, 19, des chrétiens qui avaient tendance à garder de leur vie passée des usages qui ne peuvent en aucune manière s’accorder avec la vie nouvelle que l’adhésion à l’Évangile impose.

La charité manifestée dans la concorde et la bienveillance, dans l’esprit d’union, iv, 2-5, s’établit sur l’humilité. N’est-elle pas nécessaire au milieu d’une génération perverse et pour le progrès de l’Évangile, i, 27, pour supporter courageusement des difficultés semblables à celles de l’Apôtre, i, 30 ; et ceci nous donne à entendre qu’à Philippes la communauté avait pu souffrir d’être molestée et exciter l’envie et la haine. De plus, la charité est conquérante et l’exemple de vies sans tache et adonnées au bien est une lumière pour le monde, iii, 15. Que soient donc évitées les discordes, les rivalités mesquines, la vaine gloire, les dissensions, ii, 2, 3, 4. Le Christ donne ce parfait exemple de la charité et, par là, les fidèles participent à l’Esprit et trouvent ainsi les véritables sentiments de compassion et de pitié, n. 1.

Alors la joie de Paul, joie débordante, sera la leur : 1 Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur », iv, 4, avec une sérénité d’âme qui laisse toute Inquiétude, iv, (i, assurés que la prière est entendue de Dieu et qu’au terme de cette vie il y a la résurrection glorieuse

qui rend semblable au Christ, qui transformera le

Corps de notre humiliation pour le rendre semblable au corps de sa gloire ». ni, 21.

S ; iini Jean Chryiostome, in Philipp. lu un., v. G., t. lxii, col. 205 298 ; Théodore de Mopsueste, In epist. beati Pault commentaria, / G., t. Lxvi.col, 922-920 ; Théodoret, Opéra, P. G., t. lxxxii, col, 557-589 ; Pseudo-Athanase, Synopsis, P. G., t. xxviii, col, t^o ; CBcumeniut, t. i w iii, col. 12501325 ; Théophylacte, t. <

, col. 1140-1204. Saint

Thomas d’Aquin, in omnet <iu>i Pautt apostoli epi comtnentaria ; Estlus, Velasquez, Cornélius a Lapide.

.1. Beleen, Commentartut in epistolam mi Philippe Louvaln, t.s.">2 ; Knabenbauer, s.. !., Commentarll in tanefi

Pauli epistolas ad Ephesios, Philippenses et Colossenses, Paris, Lethielleux, 1912 ; F. Prat, S. J., La théologie de saint Paul, Paris, 1908 sq. ; A. Lemonnyer, O. P., ïîpilres de saint Paul, 1913.

.Von catholiques. — John Albert Bengel, Gnomon Novi Testamenti, éd. Stendel, 1855, traduction par Fausset, Edimbourg, et par Lewis et Vincent, Philadelphie, 1800 ; A. Rilliet, Commentaire sur l’épître de l’apôtre Paul aux Philippiens, 1841 ; Henry Alford, Greek Testament 18491861 ; De Wette, Kurzgefassles exegetisches Handbuch zum N. T., 1830-1848 : H. A. W. Meyer, Kritiseh exegetisches Handbuch ùber die Briefe an die Philipper, 5° éd., 1886 ; Ellicott, A eritical and grammatical commentary on St. Paul’s epistle to the Philippians, 5e éd. ; Lightfoot, St. Paul’s epistle to the Philippians, 12e éd., 1896 ; B. Weiss, lier Philipperbrief ausgesetzl und die Geschichie seiner Auslegung kritiseh dargestellt, 1859 ; A. Klôpper, Der Rricj des Apostels Paulus an die Philipper, 1893 ; J. AgarBett, .1 commentary on Si. Pau>'s epistles io the Ephesians, Philippians…, 1891 ; J. Rawson Lumbꝟ. 77te epistle of Paul to the Philippians, lcS82 ; B.-A. Lipsius, Briefe an die Galater, Rômer, Philipper, dans le Hand-Commentar zum.V. T. de Holtzmann, Lipsius, Schmiedel et von Soden, 1892 ; Von Soden, Der Rrief des Apostels Paulus an die Philipper, 1889 ; Moule, The epistle of Paul the apostle to the Philippians, Cambridge, 1924 ; R. Vincent, A eritical and exegelical commentary on the epistles to the Philippians and to Philemon, dans The international eritical commentarꝟ. 1897 ; K. Lohmeyer, Der Briej an die Philipper, dans Kritiseh-cxcgetiseher Kommentar ùber das N. T., fondé par Heinr. Ang. Meyer, 1928.

E. Robin.

    1. PHILIPPINS##


PHILIPPINS. — On donne assez communément ce nom aux membres de la congrégation de l’Oratoire fondée par saint Philippe Néri au xvie siècle. On les appelle encore oratoriens d’Italie, ou oratoriens de Saint-Philippe, pour les distinguer des membres de l’Oratoire de France ou Oratoire de Jésus.

I. Origines de l’Oratoire. — Saint Philippe Néri naquit à Florence, en 1515, d’une famille de petite bourgeoisie. Destiné au commerce, il fut confié à un oncle paternel, riche négociant de San Germano. Mais Philippe abandonna bientôt cette situation et les perspectives qu’elle lui ouvrait et se rendit à Rome vers 1533. Simultanément étudiant, précepteur, « ermite », prédicateur libre, il mena d’abord une vie étrange et mal définie, gagnant au jour le jour son pain quotidien, jouissant du minimum de confort et du maximum de liberté. A l’approche de l’année 1550, cette vie errante prit fin. Philippe organisa, a ec son confesseur, Persiano Rosa, la confraternité de la Trinité des pèlerins, pour venir en aide aux nombreux étrangers que devait amener à Rome l’année jubilaire. L’entreprise réussit parfaitement ; en 1550, un grand nombre de pèlerins fuient hébergés, soignés, secourus. Plus tard, pour le jubilé de 1575, l’œuvre se développa dans des proportions considérables. Mais Philippe en avait depuis longtemps abandonné la direction. En tnai 1551, sur les conseils de son confesseur, il avait reçu le sacerdoce et s’était agrégea la congrégation de Saint-Jérôme de la Charité, sorte de convict ecelé siastique destiné à desservir une église.

Des cette époque, Philippe s’est orienté vers un

genre d’apostolat tout à fait particulier. Il réunit

autour de lui les jeunes gens désœuvrés, si nombreux dans la Rome de la Renaissance. Il les instruit, les

distrait et les édifie par des récits et des conversations familières ; il les emmène visiter les églises ou soigner

les malades dans les hôpitaux. Peu à peu, ces réunions

prennent un caractère plus officiel le public devient de plus en plus nombreux c’est la création d’une

méthode d’apostolat nouvelle, d’une sorte de loin lion extra liturgique, {’Oratorio. Il est difficile de

définir exactement cette institution : elle prit des

formes usez diverses, car la spontanéité est l’un de ses principaux traits ; pourtant, quelques cléments en sont caractéristiques : chaque réunion comprend, en