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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/172

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177 ! ’PIERRE (SAINT). Il’* ÉPITRE, CONTACTS LITTÉRAIRES

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dans la lettre aucune allusion au problème des observances mosaïques et, d’autre part, rien ne prouve que l’auteur ait eu antérieurement des relations personnelles avec les destinataires de l’épîtrc, aucune déduction certaine ne pouvant être tirée de i. 12, 16 ; m. 2. Quant à identifier les destinataires de la II’— 1 l’rlri avec ceux de la I a Pétri parce que l’auteur dit à ses correspondants que cette lettre est la seconde qu’il leur envoie, ni, 1, c’est présupposer que la lettre visée est notre I™ épître canonique de Pierre. Or. rien ne prouve que l’allusion doive être ainsi entendue ; il y a même des raisons positives d’écarter cette identification ; d’une part, il n’est pas parlé dans la 11* Pétri de la persécution qui est dans la / a Pétri la préoccupation principale de l’auteur : d’autre part, on ne trouve pas, dans la I 1 Pétri, les avertissements que l’auteur de la //" Pétri dit avoir donnés précédemment a ses correspondants, tu, 2-7. En somme, nous ne savons rien de précis sur les destinataires de l’épître. III. Contacts littéraires.

1° Avec l’épître de saint Jude. — Une comparaison même superliciclle de la 7/ a Pétri avec l’épître de Jude révèle une parenté étroite entre ces deux écrits, aussi bien pour le fond que pour la forme. Les ressemblances sont particulièrement frappantes entre Jud., 4-18, et II Petr., ii. 1 —m, 3 ; de part et d’autre, les erreurs des faux docteurs sont décrites de même façon, l’ordre et l’enchaînement des pensées sont identiques, les exemples bibliques allégués sont les mêmes avec de légères variantes de détail ; en outre, plusieurs des mots communs aux deux textes sont employés des deux côtés avec un sens particulier, ainsi pour aâp^ et à.yâr.1], ou ne se rencontrent pas dans les autres écrits du Nouveau Testament, ainsi pour â<jz6éo>, èpvraxbtTnç, Ç6<poç (une fois dans l’épître aux Hébreux), aoveutoxéop-ai, ôrcfpoyxoç ; enfin les deux passages olïrent un emploi identique du pléonasme, de l’ellipse, de la périphrase et de l’anacoluthe.

Les ressemblances sont de telle nature que la dépendance littéraire est manifeste : l’un des deux auteurs a utilisé l’écrit de l’autre, à moins que tous les deux ne dépendent d’une source commune. Comme rien n’invite ni autorise à supposer l’utilisation, par les deux écrivains, d’un document préexistant, il faut décider de quel côté est la priorité : est-ce la // a Pétri qui dépend de l’épître de Jude, ou est-ce l’inverse ? Les interprètes modernes et contemporains sont partagés en deux camps, la majorité se prononçant pour la dépendance de la 11* Pétri. Kaulen, Belser, Cornely, Schâfer-Meinertz, Camerlynck, parmi les catholiques, sont de cet avis, ainsi que B. Weiss, H. Holtzmann, von Soden, Jùlicher. Harnack, Knopf, Bousset, Windisch, parmi les critiques indépendants. Au contraire, Plummer, Spitta, Zahn, Wolhenberg, Bigg soutiennent la priorité de la 11 3 — Pétri.

En faveur de la priorité de l’épître de Jude on fait valoir les arguments suivants : 1. Dans l’épître de Jude la phrase est d’une manière générale plus simple et plus claire, le tour moins périphrastique, le développement mieux ordonné et plus concis. 2. On comprendrait diflicilement que l’auteur de l’épître de Jude n’ait retenu, pour s’en inspirer, que la partie centrale de la II* Pétri s’il avait cette lettre sous les yeux. 3. Ce qui est dit des anges dans II Petr., ii, 11, ne devient pleinement intelligible que si l’on se reporte au passage correspondant de l’épître de Jude. ꝟ. 9, où il est t’ait allusion à la lutte de l’archange.Michel avec le diable pour la possession du corps de Moïse : ceci paraît bien avoir inspiré cela. I. En ce qui regarde la critique littéraire, c’est un axiome confirmé par des obser vations multiples qu’un auteur a tendance à ampli fier et à compliquer le texte dont il s’inspire ; or, la peinture des faux docteurs est à la fois plus sobre et

DICT. DE rHÉOL. « AI II.

plus précise dans l’épître de Jude que dans la /PPétri.

Les partisans de la thèse adverse opposent les remarques suivantes : l. Dans la// » Pétri, ii, 1-3, il est parlé des faux docteurs qui propageront une doctrine erronée, tandis que dans l’épître de Jude. il est dit de ces mêmes personnages qu’ils se sont introduits parmi les fidèles ; donc d’un côté le futur, et, de l’autre, le passé ou tout au moins le présent. 2. Si l’auteur de l’épître de Jude déclare écrire parce qu’il a eu connaissance des agissements auxquels se livrent les faux docteurs, 3-1, c’est que la nouvelle lui est venue par la II* Pétri, et l’utilisation de cette dernière lettre pour la partie traitant des adversaires en question s’explique ainsi tout naturellement. 3— Comment expliquer la parfaite homogénéité du texte de la II* Pétri au point de vue de la langue et surtout du style, si l’auteur, pour une partie de sa lettre, a imité servilement l’épître de Jude ? 4. Pour ce qui regarde le fond, le chapitre second de la II* Pétri, qui est précisément en jeu, se rattache parfaitement au chapitre précédent et se relie bien au suivant.

Comme les arguments produits par les défenseurs des deux thèses sont plutôt d’ordre subjectif, il est difficile de conclure. Sans doute, on ne peut pas douter que l’un des deux auteurs ne soit dépendant de l’autre ; mais quel est celui qui a emprunté ? Au dire d’un helléniste qualifié, M. Aimé Puech, « le juge le plus subtil restera indécis. La présence des deux citations apocryphes dans l’épître de Jude, leur absence dans celle de Pierre peuvent faire croire à une suppression volontaire du fait de l’auteur de cette dernière. Par contre, quand on vient de lire le ꝟ. 3 du c. iii, dans l’épître de Pierre, sur les imposteurs qui viendront aux derniers jours, et qu’on lit ensuite le t. 18 de celle de Jude, on est porté à croire que Jude utilise Pierre ». Histoire de la littérature grecque chrétienne, t. i, p. 338. En somme, le problème demeure entier.

Voir, sur cette question, J.-B. Mayor, The epistle of St. Jude and the II epistle of St. Peter, introduction, p. 1 sq. ; C. Bigg, Epistles of St. Peter and St. Jude, p. 216 sq. ; M. Schwienhorst, Das Vcrhùllnis des Judasbriefes zum zweiten Petrusbrief untersucht ; et l’article Jude ( Épitre de), t. viii, col. 10(58 sq.

Avec V Apocalypse de Pierre.

L’Apocalypse de

Pierre, ou Revelatio Pétri, figure au nombre des Écritures saintes dans le Canon de Muratori et dans le catalogue du Codex Claromontanus. Cet écrit, d’origine palestinienne ou égyptienne, est du 11e siècle, peut-être du temps d’Hadrien. Les rapports de la II* Pétri avec l’Apocalypse de Pierre ont été étudiés notamment par Harnack, Spitta, Weinel et Chase. Les coïncidences verbales entre les deux écrits ne peuvent être fortuites ; pour le détail, voir Chase, Diclionary of the Bible de Hastings, t. iii, p. 814-816. Le point délicat est de déterminer de quel côté est la dépendance. D’après Harnack, l’auteur de la 11* Pétri a utilisé l’Apocalypse de Pierre, notamment dans iii, 3-13 ; cf. Die Chronologie, t. 1, p. 470-472 ; Die Pelrusapokalypse in der ulten abendlândischen Kirche, dans Texte und Unlersuchunr/en, t. xiii. fasc. 1, p. 71 sq. Zahn est d’un avis contraire et formule ainsi sa conclusion : « L’hypothèse que l’auteur de la lettre dépend de l’Apocalypse devrait, en dehors de beaucoup d’autres considérations, tomber du fait que l’auteur de la lettre ne dit pas le plus petit mot d’une révéla tion particulière qu’il aurait reçue pour la communauté, ou d’un livre qu’il aurait composé pour l’aire connaître cette révélation. » Geschichte des neutésta mentlichen Kanons, t. n. p. <X20.

Il est une autre hypothèse, celle d’une source commune exploitée par l’auteur de la II’Pétri et celui de la Revelatio Pétri. Mais on ne peut l’étayer sur aucune preuve solide.

T.

XII