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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/260

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1955
1956
PIERRE LOMBARD. COMMENTAIRE SUR SAINT PAUL


l’adoptianisme et de l’utilisation d’un texte de l’Ambrosiaster attribué à tort à Ambroise Autpert, Libellas de online… toc. cit., t. III, p. 275, lig. 42 : voir plus haut, col. 1945. C’est donc un peu avant cet le date

que l’ouvrage a été composé ; Gerhoch, qui se tenait fidèlement au courant de ce qui se passait dans les écoles de Paris, a-t-il connu l’achèvement définitif de

l'œuvre OU seulement une première rédaction"? L’introduction ultérieure de passages de Jean Damascène, a propos de Rom., i, 3 ; n. 2. etc. P. L., t. CXCI, col. 1307-1308A, si celle-ci n’est pas le l’ait d’un copiste, témoignerait donc de retouches opérées par l’auteur après l’entrée de l’œuvre du Damascène en Occident. c’est-à-dire bien après 11 15. vers 1 152, selon ce qui a été dit plus haut du voyage de Rome ; mais il y a plutôt lieu de voir dans ces textes des interpolations de copiste, car d’autres passages, comme l’hil., ii, 9, qui appelaient des enrichissements damascéniens du même genre, ne les présentent pas, bien que l’auteur les ait utilisés dans Sentent.. 1. III. dist. IX, 2, p. 591-592 ; la glose de W’alafrid Strabon, au moins dans le texte imprimé, a aussi du Jean Damascène, Biblia sacra eum glossa ordinaria, t. vi, Anvers, 1634, p. 15 (Rom., i, 3). La déclaration d’Herbert de Boseham, rappelée à propos des psaumes, confirme plutôt l’explication par retouches que celle par interpolation, pour ces quatre passages de l'épître aux Romains ou aux Corinthiens, P. L., t. cxci, col. 1307 D-1308 A, 1337B, 1379 C, 1686 C.

II n’est pas malaisé, contrairement à ce que croit Landgraf, article cité ci-dessous de Biblica, t. x, 1929, p. 468-469, de déterminer le rapport chronologique de ce commentaire avec celui d’un autre théologien contemporain, chef d'école lui aussi, Gilbert de la Porrée, commentaire très répandu, encore inédit, voir Denifle, Op. cit., p. 30, 40, 334 sq., connu déjà et attaqué par (ierhoch de Reichersberg en 1142-1143, op. et loc. supra citalis, souvent désigné sous le nom de média glossatura, voir plus loin, et qu’on a attribué à tort à Gilbert de Saint-Amand. Denifle, op. cit., p. 30-31 et 334. Les deux œuvres dépendent l’une de l’autre ; Vincent de Beauvais, à la suite de Robert de SaintMarien d’Auxerre, Mon. Gerrn. hist., Script., t. xxvi, p. 237, plaçait celle du Lombard après celle de Gilbert, Spéculum historicité, t. xxix. 1, dans la Bibliotheca Mundi, t. iv, Douai, 1624, p. 1185. Il a raison, à en juger par les emprunts que lui fait Pierre Lombard déjà dans le prologue, Denifle, op. cit., p. 57, n. 1 : j). 69, n. 1, et par la rectification d’avis qu’il énonce à propos des Phil., ii, 9, P. L., t. cxcii, col. 237 B-238. Denifle, op. cit., p. 256, 365, etc.

Diffusion.

L'œuvre nous est parvenue dans un

grand nombre de mss. ; on peut en voir une dizaine indiqués par Denifle, Qucllenbelege, cité plus haut, p. 56 et 57, liste qu’il serait facile d’allonger, entre autres par ceux de la bibliothèque Mazarine, à Paris, n. 143, 261, 262, 264, 265, 266, 267, 26'.), ceux de la bibliothèque de Reims, n. 164, 155, 156, 157, 158, Ï59, etc., et ceux de la bibliothèque de Troyes, n. 48, 'i, 90, 121, 122, LU, 109. 175. 233, 2 :  ;.S.' 245, 389, 431. Plusieurs fois édité ou réimprimé, déjà vers 1473, à Essling, par Conrad Fyner, Hain, Repertorium, n. 10 20l, puis au moins huit fois à Paris cnlrc 1535 et 1555, c’est le texte de 1535, dû à Josse Bade d’Assche, que reproduit P. L.. t. cxci, col. 12971696 et t. cxcii, col. 9-520 : texte qui appellerait une profonde revision critique, tant au point de vue des leçons que des références intercalées dans l’exposé et de l’indication exacte des emprunts.

La vogue de ce commentaire est attestée, non seulement par les très nombreux manuscrits qui nous l’ont transmis, mais aussi par la place qu’il prend à côté de la glose de W’alafrid Strabon (car la Glossa ordinaria

pour saint Paul n’est pas celle de Strabon, les prologues mis à part, mais celle de Pierre Lombard)Denifle, op. cit.. p. 16, 56-57, 00 et 91 ; par les nom, breux résumés, citations, gloses et utilisations dont il est l’objet, voir par exemple Denifle, op. cit.. p. 65 sq., 94 sq., 130, etc., et Landgraf, Beitrage zur Erkenntnis der Schule Abælards, dans Zeitschr. fur kathol. Theol., t. liv, 1930, p. 372 sq. ; Familienbildung bei Pauluskommentaren des xii. Jahrhunderts, dans Biblica, t. xiii, 1932, p. 169-193 (avec les rapports entre ce commentaire, Robert de Melun et diverses quæstiones inédites), surtout chez Pierre de Corbeil, donc avant la fin du xii° siècle, Denifle, ibid., p. 90, chez un anonyme du xiie siècle, peut-être peu après 1171, pris à tort pour Hugues de Saint-Victor, P. L., t. clxxv, col. 431-634, Qusestiones et decisiones in epistolas Pauli, Denifle, op. cit., p. 65-74, et chez Etienne Langton, qui donne de cette glose un ample commentaire, Postillæ super apostotum, G. Lacombe, Sludies on the Commentaries oj cardinal Stephen Langton, part. 1. dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, t. v, 1930, p. 57-61 sq., et Denifle, op. cit., p. 94106 (qui n’avait pas identifié l’auteur) ; enfin, par le titre qu’il garantit désormais à son auteur, celui de glossator, parfois expositor, Denifle, ibid., p. 90, 72, n. 2, p. 94, 112 : ce qui correspond parfaitement à l’affirmation contemporaine d’Aubri des Trois-Fontaines, rappelée plus haut (col. 1951), à propos de la glossa continua, glossatura major, et à la mention plusieurs fois répétée dans le grand catalogue de la chartreuse de Salvatorberg près d’Erfurt, en t477. P.Lehmann, .1/ ittelallerliche Bi biioihekskalaloge Deulschtands und der Schweiz-, t. ii, Munich, 1928, p. 282, lig. 19 ; p. 327, lig. 18 ; p. 555, lig. 8. Par suite, il est bon de faire remarquer que les exemplaires de Walafrid Strabon, postérieurs au xiie siècle, ont plus d’une fois des interpolations de provenance lombardienne.

L’importance qui s’attache à ce commentaire de Pierre Lombard s’affirme jusque dans les noms qu’on lui donne : c’est la Glossatura major, ou les Majores glossse epistolarum. ou la Glossa continua, comme le veulent Aubri des Trois-Fontaines, Jean Boston de Bury, les chartreux de Salvatorberg et d’autres, voir plus haut à propos des Glossæ psalterii ; ou la Magna glossatura, comme l’appellent Etienne Langton et, un peu après lui, Guillaume des Monts, au début du xme siècle, voir De eliminalione errorum, Oxford, bibl. Bodl., Miscell. I.and. 345, fol. 15, cf. Béryl Smalley et G. Lacombe, The Lombard’s Commentary on Isaias, dans The new scholasticism, t. v, 1931, p. 154, n. 32, tandis que la glose ordinaire de Walafrid Strabon sur ces livres était nommée par Lawgton la Parva glossatura, sur d’autres livres (Job, Prophètes, etc.) la Commuais glossatura, Landgraf, Zur Méthode der biblischen Kritik im XII. Jahrhundert, dans Biblica, t. x, 1929, p. 453, n. 2, et celle de Gilbert de la Porrée portait le nom de Media glossatura, Landgraf, ibid., G. Lacombe, Studies on the Commentaries oj cardinal Stephen Langton, c. 1, dans recueil cité, t. v, 1930, p. 60, n. 3, et ms. de Bruxelles, bibl. royale, 131, fol. 262 : glosse… secundum magistrum Gilbertum quee appellantur de média glossatura (le Catalogue des manuscrits de la bibl. royale, par Van den Gheyn, t. 1, Bruxelles, 1901, p. 64, 11. 1, mentionne à tort Gilbert de Saint-Amand. comme l’avait fait Hauréau, Journal des savants, 1886, p. 355, et 1885, ]>. 433 ; Denifle, op. cit., p. 334 sq. a écarté cette fausse attribution).

1° Caractéristiques.— Dans l'état actuel des éditions, l'élude des sources ne peut se faire sur les imprimés. Contentons-nous de constater que le choix des auteurs est plus vaste ; dès le prologue, on trouve des textes pris directement ou indirectement au commentaire de Pelage, voir P. L., t. cxci, col. 1297 B, 1299 C, et