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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/594

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PORTUGAL. SITUATION RELIGIEUSE

sa forme, est entièrement libre, et ne dépend d’aucune caution, censure ou permission antérieure, niais l’abus de ce droit est punissable dans les cas et dans la tonne déterminés par la Loi ;
l’art, 14 dit que « le droit de réunion est libre », et
l’art. 23 ne permet en aucun cas la confiscation de biens.

Telles sont les dispositions de la Constitution de 1911, concernant la religion et l’exercice du culte. L’art. 12 est un démenti formel à tous les autres. Il est en particulier en contradiction avec les art. 6, 7 et 14. Si la liberté de conscience et de croyance est inviolable, si le droit d’association est libre, si personne ne peut être poursuivi pour motif de religion, ni interrogé, par aucune autorité, sur la religion qu’il professe, de quel droit persécute-t-on ceux qui veulent jouir de la liberté de s’associer dans un but religieux ?

Le même esprit sectaire animait déjà la loi de séparation (du 20 avril 1911). Le contre-coup heureux de cette loi fut la liberté des nominations épiscopales. L’État ne reconnaissant plus le catholicisme comme sa religion, ni la hiérarchie ecclésiastique, la nomination des évêques passait directement au Saint-Siège. Mais le Beneplacitum du gouvernement pour les instructions du Saint-Siège restait en vigueur, l’apostasie officielle était consacrée, et on lisait dans la loi des dispositions outrageantes pour la discipline ecclésiastique, comme le fameux article 125, qui transmet la dotation des prêtres pensionnaires à leurs veuves et à leurs fils !

La loi était mauvaise. Son interprétation sectaire fut encore pire. Elle provoqua de la part des évêques des représentations aux pouvoirs publics. On leur répondit par des insultes et des bannissements. Les séminaires furent confisqués, la faculté de théologie supprimée à l’université, et le premier ministre des Cultes de la nouvelle république — l’inspirateur de toutes ces lois — déclarait qu’après deux générations la religion catholique n’existerait plus au Portugal.

La rénovation catholique : rapports actuels entre l’Église et l’État.

La persécution épura l’esprit catholique au Portugal. Peu à peu se dessina un mouvement favorable. Mais ce ne fut qu’en 1918, après l’avènement de Sidônio Pais, à la suite d’un coup d’État conservateur, que commença une politique de réparation. Quelques évêques qui étaient encore bannis de leurs diocèses furent rappelés. Ensuite, un décret (22 février 1918) abolit certaines dispositions de la loi de séparation : l’obligation de demander à l’autorité une permission préalable pour exercer le culte au de la d’une heure fixée ; le contrôle de l’État sur les séminaires et la défense d’y enseigner les disciplines préparatoires ; le Beneplacitum ; la pension aux veuves et fils de prêtres ; la défense de porter publiquement des habits ecclésiastiques. Aussi, malgré la loi de séparation, on organisa officiellement l’assistance religieuse des soldats portugais de la Grande Guerre. Enfin, le 10 juillet 1918, les relations avec le Saint-Siège furent rétablies, par la nomination simultanée d’un nonce à Lisbonne et d’un ministre portugais au Vatican.

Sur ces entrefaites, se groupait autour du catholicisme toute une élite intellectuelle, issue du Centro académico de democracia cristâ et d’ailleurs. Nombre d’écrivains se déclaraient franchement catholiques. Depuis 1918, aucun gouvernement n’a ouvertement persécuté la religion. Pour la défendre sur le terrain politique, fut créé, sous l’égide des évêques, le Centro catolico qui, faisant abstraction de la question de régime (monarchie OU république), acceptait sans arrière-pensée les pouvoirs publics. Il parvint même a occuper quelques sièges au Parlement. On a pu réunir a Lisbonne un concile national (1926), le premier des temps modernes. L’avènement au pouvoir d’une dictature militaire (28 mai 1926) a beaucoup facilité ce résultat. Celle-ci a donné satisfaction aux catholiques sur beaucoup de leurs réclamations ; cependant l’État n’est pas arrivé à reconnaître d’une manière satisfaisante la personnalité juridique de l’Église, malgré un décret dans ce sens. Mais il a reconnu la hiérarchie ecclésiastique et il apporte une aide efficace aux missions catholiques dans les colonies. De plus, il a réglé par deux accords avec le Saint-Siège la question du Padroado et celle de la double juridiction aux Indes. Au sujet de renseignement confessionnel, disons qu’il a été autorisé en 1926, dans les établissements privés, sans contrôle de l’État (déc. 1930). Il continue cependant à être défendu dans les établissements officiels, de même que le culte public, auquel il est assimilé par la loi de séparation encore en vigueur. Une nouvelle constitution de la République, dont le projet a déjà été publié, promet de donner une entière liberté aux catholiques.

Le clergé portugais.

Le Portugal est divisé en trois provinces ecclésiastiques : Braga (primat), Lisbonne, Evora. Le métropolitain de Lisbonne porte le titre de patriarche, auquel est attaché, par tradition, la dignité cardinalice. En plus, il y a la province ecclésiastique de Goa (ville portugaise dans les Indes) dont le métropolitain porte aussi le titre de patriarche des Indes et primat d’Orient. Les divisions ecclésiastiques ne concordent pas avec les divisions civiles. Il n’y a que trois exceptions dans le Portugal continental, Villa Real et Bragance, à l’extrême-Nord et Faro, au Sud. (L’Atlas hierarchicus de Streit, Ratisbonne, 1929, est fautif en les faisant coïncider toutes avec les divisions civiles.)

Lisbonne. — Guarda, Leiria, Portalègre, Funchal (Madère), Angra (Açores), Angola, Cap-Vert, Sâo-Tomé et Principe (actuellement sede vacante, administré par Angola).

Braga. — Villa Real, Bragance, Porto, Lamego, Vizeu, Coïmbre.

Evora. — Beja, Faro.

Goa. — Cochin, Méliapour, Macao (Chine), Mozambique (Afrique).

Pour une vue d’ensemble, nous avons groupé dans un seul tableau tout le clergé portugais de la métropole, des colonies et des missions. Nous y avons ajouté le nombre de paroisses et de séminaristes fréquentant les séminaires en 1933.

TABLEAU GÉNÉRAL DU CLERGÉ PORTUGAIS
Diocèses
Archidiocèses
Paroisses
ou
stations
missions
Prêtres Séminaires Séminaristes
Portugal continental
1. 
Beja 
114 145 iii 172
2. 
Braga 
837 820 iii 478
3. 
Bragance 
315 191 iii 217
4. 
Coïmbre 
307 349 iii 163
5. 
Evora 
176 180 iii 115
6. 
Faro 
167 151 iii 140
7. 
Guarda 
357 338 iii 183
8. 
Lamego 
216 156 iii 175
9. 
Leiria 
155 177 iii 175
10. 
Lisbonne 
317 336 iii 233
11. 
Portalègre 
153 203 iii 201
12. 
Porto 
478 650 iii 346
13. 
Villa Real 
256 203 iii 106
14. 
Vizen 
209 266 iii 147

3 857&ensp ;

3 765&ensp ;

xxiii&emsp ;

2 551&ensp ;
Portugal insulaire
15. 
Funchal (Madère) 
150 180 iii 116
16. 
Angra (Açores) 
179 274 iii 156

229

354

iii

272