Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/794

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

301 !

    1. PRÉDESTINATION##


PRÉDESTINATION. SA CERTITUDE

31)10

nettement, pour les conduire à une humilité plus vraie ; mais comment concevoir la permission divine du péché d’impénitence finale’?

On doit répondre que le péché d’impénitence finale n’est généralement permis par Dieu que comme un châtiment de beaucoup d’autres fautes et d’une dernière résistance au dernier appel. Cf. saint Thomas, Ia-HaB ( q. lxxix, a. 3 : Cau.su subtraclionis gratis est non sohun ille, qui ponit obslaculum gratin*, sed etiam Deus, qui suo judicio gratiam non apponit.

Certes, il y a là un très grand mystère, le plus obscur de tous ceux qui nous occupent ici, car les mystères d’iniquité sont obscurs en soi, tandis que les mystères de grâce, souverainement lumineux en eux-mêmes, ne sont obscurs que pour nous. Il y a là quelque chose d’impénétrable : Dieu permet l’impénitence finale de plusieurs, par exemple du mauvais larron plutôt que de l’autre, en punition de fautes graves antérieures et pour un plus grand bien, qui inclut la manifestation de la splendeur de l’infinie justice.

C’est la proposition la plus obscure de toutes celles que nous avons formulées, il faut en convenir ; mais, pour montrer qu’un croyant ne peut la nier, il faut considérer directement la proposition contradictoire, et nous verrons qu’aucune intelligence ne peu., parvenir à la prouver. Nul ne peut établir la vérité de cette assertion : Dieu ne peut pas permettre, l’impénitence finale d’un pécheur, du mauvais larron par exemple, en punition de ses fautes précédentes et pour manifester son infinie justice. Cette assertion ne saurait être démontrée. De plus, nier la possibilité de la permission divine du péché, ce serait nier la possibilité du péché : contra jaclum non valet ratio.

Sur la splendeur de la justice, voir ce que dit saint Thomas, I", q. cxiii, a. 7 : Utrum angeli doleant de malis eorum quos cuslodiunl. Il répond négativement : Quia voluntas eorum tctaliter inhæret ordini divinæ justifias : nihil aukm fit in mundo, nisi quod per divinain justitiam fit, aul permillitur. L’auteur de l’Imitation, t. I, c. xxiv, n. 4, manifeste cette splendeur de la justice en disant : Eslo modo sollicitas et dolens pro peccaiis tuis, ut in die judicii securus sis cum bealis… Tune stabit ad judicandum, qui modo se subjicit humililer judieiis hominuiti. Tune magnum pduciam habebit pauper et humilis, et pavebit undique superbus.

On s’est demandé si le péché originel est un motif suffisant de la réprobation. Il paraît certain que non, s’il s’agit des réprouvés auxquels le péché originel a été remis, bien que subsistent en eux des suites de ce péché, comme la concupiscence qui incline au mal. -Mais il n’en est pas de même des enfants morts sans baptême avant l’âge de raison ; c’est à cause de la faute originelle qu’ils sont privés de la vision béatifique, sans avoir pourtant à supporter, dira-t-on de bonneheure, lapeinedusens.Cf. Denzinger, n.410, 1526.

On compte parmi les effets de la réprobation : a) la permission des péchés qui ne seront pas remis ; b) le refus divin de la grâce ; c, ) l’aveuglement ; d) l’endurcissement, et enfin e) la peine de la damnation. Le péché lui-même n’est pas l’effet de la réprobation, car Dieu n’est nullement cause du péché, ni directement, ni indirectement par insuffisance de secours ; cette insuffisance de. secours serait une négligence divine, c’est-à-dire une absurdité.

Quant à la défaillance morale permise par Dieu, elle contribue à manifester par contraste le prix et la force de la grâce divine qui donne la fidélité. En ce sens, saint Paul a dit, Rom., ix, 22 : Deus… suslinuit in multa patientia vusa ira apia in interitum, ut oslenderet divitias glorise suse in vasa misericordiæ, qua ? prseparavil in glorian^, et, Eph., i. fi : Pncdalinavit nos… secundum proposilum voluntatis suse, « in tandem glorise gratise suse ».

Après la question du motif de la prédestination et de celui de la réprobation, reste celle de leur certitude.

6° De la certitude de la prédestination. - Cette question peut être prise en deux sens : 1. La prédestination est-elle certaine en ce sens que son effet arrive infailliblement ? 2. Peut-on avoir sur la terre la certitude d’être prédestiné ?

1. Certitude objective.

La prédestination est absolument certaine quant à l’arrivée infaillible de ses effets : vocation, justification, glorification. C’est la révélation qui l’affirme, par la bouche de Notre-Seigneur, dans les textes Joa., vi, 39, et x, 28, cités ci-dessus, col. 3005.

Cette certitude infaillible de la prédestination est indiquée dans la définition qu’en a donnée saint Augustin : Prsescientia et præparatio benepeiorum quibus certissime liberantur quieumque liberantur. Cette infaillibilité a été plusieurs fois affirmée par les conciles. Cf. Denzinger, n. 300, 316, 321, 1784.

Mais on s’est demandé si cette certitude de la prédestination est seulement une certitude de prescience ou aussi une certitude de causalité.

Il est certain que la certitude de la prévision divine du péché est seulement une certitude de prescience et non de causalité, puisque Dieu ne peut être cause du péché, ni directement, ni indirectement, et c’est ainsi qu’on distingue les prsesciti des pr.vdeslinati. Le concile de Valence de 855 dit : In malis ipsorum maliliam (Deum) præscivisse, quia ex ipsis est, non prædeslinasse, quia ex illo non est. Denzinger, n. 322.

Pour la prédestination, quelle est sa certitude à l’égard de la détermination libre des actes salutaires des élus ? Si l’on estime que Dieu ne produit pas infailliblement en nous et avec nous cette détermination et son mode libre, on ne verra là qu’une certitude de prescience. Si l’on pense au contraire que Dieu produit infailliblement, fortiler et suaviler, cette détermination salutaire et son mode libre, on y verra une certitude non seulement de prescience, mais de causalité.

Cette dernière n’est-elle pas exprimée par la parole de Notre-Seigneur : Nemo rapil oves mcas de manu mea, Joa., x, 28 ? Elle est affirmée aussi dans la définition augustinienne que nous venons de rappeler. Saint Augustin a même nettement affirmé ces deux certitudes réunies : Horum (elcclorum) si quisquam périt, fallitur Deus ; sed nemo eorum périt, quia non fallitur Deus. Horum si quisquam périt, vilio Immano vincitur Deu s, sed nemo eorum péril, quia nu lia re vincitur Deus. De correpl. et gralia, vii, 14.

Saint Thomas parle plus nettement encore : Cum prœdeslinatio includat divinam voluntatem, sicut supra diclum est (q. xix, a. 3 et 8) quod Deum velle aliquid creatum est necessarium ex suppositione, proplcr immutabililatem divinic voluntatis, non lamen absolule ; ila dicendum est de prsedestinatione. I a, q. xxiii, a. fi, ad 3um.

La prédestination inclut la volonté conséquente ou efficace du salut des élus, et saint Thomas a mon tir, I a, q. xix, a. 6, ad lum, que quidquid Deus simpliciter vull pi, licel illud quod aiileceden/rr mill, non pat.

Dans le De veritate, q. VI, a. 3, saint Thomas est encore plus explicite :

Non potest dici quod prædestinatio supra certitudinem providentife nihil aliud addit nisi certitudinem prsescientiæ, ut si dicatur quod Deus ordinat prædestinatum ad salutem. sicut’et quemlibet alium, sed cum hoc de prædestinato scit quod non deficiet a sainte. Sic enim dicendo, non diceretur prsedestinatus differre a non prsedestinatoe parle ordinls (causas ad eftectum), sed tantum ex parte prsescientiae eventu* ; et sic prsescientia effet causa prædestinationis, nec prædestinatio effet per clectionem prædestinantis, quod est contra auctoritatem Scripturæ et dicta sanctorum. Unde prêter certiiudinem præscientiæ ipse ordo prsedestinationis