Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

473

    1. PROBABILISME##


PROBABILISME. AVÈNEMENT, SUAREZ

dernier refuge solide de la morale médiévale ne tardera pas a être à son tour emporté.

3e Suarez, La contribution de François Suarez au probabilisme, tel qu’il s’est historiquement établi, tel qu’il devait prospérer, concerne précisément ce tutiorisme traditionnel dont l’autorité es1 jusqu’alors maintenue. L’omission sérail grave de ne point mentionner. aux origines du probabilisme tel qu’on l’a de lait entendu et pratiqué, ce théologien de qui les thèses en

I i matière représentent par rapport aux précédentes

une nouveauté el non point une conséquence. Si Médina et Vasquez oui en l’affaire la pari que nous avons dite, Suarez a la sienne, dont nous verrons qu’elle est loin d’fitre négligeable.

Il a touché aux problèmes de la conscience en trois endroits principaux de son œuvre : au traite de la bonté el malice des actes humains, don ! lepremiei en

scellement remonte aux années 1581 1582, au Collège

romain ; la première édition, qui est posthume) est de 1()28 (sur ces dates et lieux, cf. l’ouvrage cité de li. de Scoraille, passim ; dans l’édition Vives, t. iv, tr. III,

disp. XII, p. 437-454) ; au traité’des lois, enseigné’a

Coïmbre, dans la chaire île Prime, en 1601-1603, édité

par l’auteur en 1612 Céd. Vives, t. vi) ; au traité de la vertu et de l’étal de religion, édité par l’auteur en 1608-1609, en l’élude du vieil, tr. VI (éd. Vives, I. XIV,

p.’X', :, 940).

L’une des insistances de Suarez est la nécessité d’une certitude au moins pratique pour la licéile de l’action.

II entend que la conscience peut être pratiquement

certaine quand spéculativemeni elle ne l’est pas ; en quoi il suit Cajétan, qu’aval ! eu l’occasion de récuser Vasquez. Mais il en vient a une Idée de la certitude pral Ique qui. par rapport à Cajétan, est une nouveauté. Sur le passage du spéculai il au pratique, Silure/, ai traité des actes humains, a ce texte :

Débet ergo flerl es nifflcientl aliqua auctoritate va ratione, vci per sufïlclentia principia practlca, per quæ bomo siin ratlonabillter persuade ! lue ci aune licite posse non tri |uxta taie judiclum speculatlvum, et tune ui deposita conscientia formallter alla. De bon. el mal. hum. net., disp. XII, secl. IV, I. IV, p. 117.

Quels sont ces principes pratiques. dont le nom même est nouveau ? Nous les Mirons Justifiés et mis en œuvre scion les différents doutes a convertir en cei titudes.

Quant aux doutes de droit, il advient qu’ils ion cei neiii l’existence de la loi : fut-elle ou non portée ? En ri’i ; is, énonce Suarez, la règle générale est qu’il n’j a point obligation. Mais commeni Justifie i il cette soin tion ? il n’invoque, remarquons-le, aucun auteur. Nous touchons ici l’initiative d’un théologien qui prend sur lui d’introduire dans les matières si délicates et si périlleuses du doute moral un principe nouveau de

BOlUtion, et dans un sens qui s’oppose direcleinent a

celui de la tradition (le goût de la nouveauté lut sou vent reproché a Suarez de son vivant) de la pari même des siens ; cf. IL de Scoraille, op. fil., passiml. Le bref énonce de la règle est aussitôt suivi de son

explication :

Ratio peii potest ex Ulo principia quod in dubiis melior est conditio possidentls ; homo autem contins ! Ubertatem suain. Vel ccric ex Ulo, quod in materia notandum est, quod tes non obligat oisl sit sufuclenter promulgata : quamdiu autem ratlonabillter dubltatur an lata sit, non est sufllclen ici promulgata. Ibtd., sect., p. lis.

D’un seul coup, et sans autre forme de procès, nous sommes celle foison plein probabilisme. Le texte que nous venons de lire ne signifie rien de moins que la rupture consommée avec l’un des principes les plus Inviolables de la théologie morale, consacre par un usage séculaire et l’adhésion des théologiens, que Médina et Vasque/, eux-mêmes, hardis initiateurs.

n’avaient point récusé mais énergiquement défendu. Désormais, on retrouvera partout les deux raisons entre lesquelles hésite ici Suarez : la possession de la liberté, l’insuffisante promulgation de la loi. Nombre de probabil ist es prétendront découvrir la seconde au moins dans saint Thomas ; nous p vons ici quel contresens historique ils commettent. Suarez n’invoque ni saint Thomas ni personne. Il a préféré même ranger le cas ainsi décidé sous le principe général du tutiorisme, ^losé-, il est vrai, en termes inattendus : /(/ eue agendam quod juxta materia exigenliam et negotii qualilalem minora imbrt incommoda omnibus pensatis. Dès la que les avantages ou les inconvénients d’une conduite s’érigent en critère moral, substitués a l’idée de sécurité et de péril, le vieil axiome perd I" aueoup de sa rigueur, Au fond, on peut le dis< crin i. Suarez est mu par la crainte non blâmable en soi d’imposer aux âmes un joug Intolérable Me même

mobile qui lil commettre a Médina son erreur) : t… H

est souverainement dur que l’homme soit toujours obligé au plus sur puisqu’il devrait alors toujours ou jeûner ou restituer, etc., chaque i"is qu’il doute s’il y est tenu. Mais la règle du plus sur est loin d’avoir cette inflexibilité ; elle s’entend moyennant des pré< isions ci adapi al ions qui avaient été le soin des 11 giens jusqu’alors et de ceux là même qui en avaient les premiers introduit l’usage comme règle des mœurs

i Indiennes.

Ou bien on doute non pins de l’existenci. mais du sens de la loi connue connue promulguée. Su.iie/ en décide selon la même règle (I pour la ménie raison ;

avec cei le seule réserve que dans un tel cas on recourra

au supérieur si l’on peut le faire facilement.

Pour d’autres doutes, au contraire, il renon appliquer sa règle, limitant donc lui même mil. ment l’extension de cette liberté qu’il a octroyé* ; mais, pas plus que Médina ni asquez pour les huis. M ne —, maître de son principe, et d’autres en porteront beaucoup plus loin l’usage. Si l’on sait la loi pi UlgU

qu’on ne doute point de son sens, doutant seulement si elle oblige dans un cas particulier, alors la ri raie veut, sj| n’a point de raison d’excuse suffisante ci probable, qu’on obéisse a la lof, car elle possède son droit qu’il Importe par dessus tout d’observer, le bien

commun (tant intéresse. Il est plus facile A Su

(die lois, de renvoyer a saint Thomas, < ajétan et autres. Ou bien, poursuit 11, le doute cerne l’obll

gatlon de la loi dans la concurrence d’une autre OU

choisira abus le moindre mal Ou bien on doute si le

pie impose est Justl IS, nouvelle ilistmc

hon : si le doute se réfère a la Juridiction <u supérieur, on obéira S’il s.- réfère a la nature de l’action commandée, on vérifiera si ion doutait de sa licéité dès

avant le précepte, auquel eus on. « .1 1 i i BU pli., pli ;

ou si. ihs avant le précepte, on la tenait certainement pour Illicite, auquel i as on s’assurera si elle est ou non Intrinsèquement mauvaise dans la négative, elle peut être rendue licite par le précepte même, i alors ou obi

Les doutes de droit sont mentionnés encore au traite des lois, 1. l.c mu. t. vi, p. 30 sq. Nousn’j avons pas retrouvé la règle de la non obligation de la

loi douteuse en son existence OU en son sens. Lien plutôt, au chapitre de la promulgation de la loi. loin d’identifier le doute à une Insuffisante promulgation,

l’auteur aouc que, s’il fallait en tendre la promulgation de la parfaite (laite de la loi. ne laissant place a aucun doute ni a aucune opinion, elle appartiendrait non à l’essence, mais a la perfection de la loi : El

diligentia humana adhiberi (/un oiteniur dubia qum circa legum intelligentiam oriuntur. L. I. c xi, t.. p. 50. H

y aurait lieu d’élucider cette divergence des deux t rai les sur le même point, lai l’étude de l’epikeîa est