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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/408

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P ROPR] É II

vertueux. L’enseignement « K— l’Église affirme que les biens extérieurs nous appartiennent, mais que notre liberté, enrichie des vertus chrétiennes, doit en taire un usage chrétien. Par ailleurs, s’il souligne l’importance de telle ou t.— 1 K— vertu Fondamentale comme la charité, ou l’opportunité de telle autre en « cit. mus instances, par exemple lu magnificence, l’enseigne ment chrétien se garde de dresser une liste limitative .lis vertus nécessaires.1 1 usage correct des biens exté rieurs : en effet, toutes peuvent avoir a s’exercer « luis cet usage comme toutes ont besoin de s’j alimenter. . ; 1 gard, contentons nous de renvoyer 6 la conclusion de l’encyclique Quadra nno. On v voil que la solution des problèmes économiques et sociaux dépend de la solution préalable d’un problème moral. on&idérer les choses plus a rond, il apparaît avec évidence que cette restauration sociale tint désirée « toit être précédée par une complète rénovation de cel esprit chrétien qu’ont malheureusement tropsouvent perdu ceux <iui s’occupent des questions économiques ; sinon, tous les efforts seraient Nains, on construirait non sur le roc, mais sur un sable mouvant. Quadr. anno, p. 367. Suit une page émouvante où le souverain pontife analyse les causes du mal dont soutire l’économie moderne ; il les découvre dans la déchristianisation île la société, dans la ruine des disciplines morales. Il pourquoi le remède principal consiste, au jugement de l’Eglise, dans la reforme des m. cuis. Non que la vertu chrétienne dispense des réformes techniques : ait oublier les exigences mêmes de la charité et « le la justice. Mais les reformes purement techniques ne suffisent pas ; bien mieux, elles ne sont généralement mêmes que si l’on écarte au préalable beaucoup île haines, d’égolsmes, de lâchetés et de con-Donc, de toute façon. Pie XI peut fort bien distinguer, avec Léon XIII. le droit de propriété et l.e premier se trouve uaranti dés que chacun observe la justice commutât ive. tandis que le ni est plus exigeant : L’obligation qu’ont les protaires de ne faire jamais qu’un honnête usage de leurs biens ne s’impose pas à eux au nom de cette jusinais au nom des autres vertus. Si l’on ajoute a cela que l’État est qualifié pour extirper les vices nuibien commun, pour exiger la pratique des — vertueux dans la mesure où l’exige le bien coin mon, on ne sera pas surpris de voir l’Église reconnaître loi civile un droit de regard et un pouvoir de ition, a l’effet d’obtenir des propriétaires un usage nierai et vertueux de leur droit de propriété. Au nom justice légale, l’État peut et doit organiser le faciliter l’usage vertueux, découra ou interdire lus. me égoïste, modérer ou exciter s..if d’acquérir, l’instinct de l’épargne, dépense : il doit seconder les initiatives -. les susciter au besoin et. en cas d’urgence, nr lui-même. Aussi bien, cette tâche n’est qu’une partie de son programme ; la législation n’ayant d’autre but que d’organiser, dans une société donnée. l’usage vertueux de la liberté, le libre usage de ses biens par le propriétaire ne pose pas un problème exceptionnel. On le traite comme une liberté— a organiser dénient. Ainsi, la tradition chrétienne s’insère dans la ligne de la sagesse rationnelle et. en admettant gttimité du droit de propriété privée, elle exii ; e que Je par de belles et bonnes

lois. comme le voulait déjà

V. Erreurs ri i vttves m— droit nr. propre m’.

IStiqueS récents, tels que les

— erreurs sou-, deux chefs : le

disme et le libéralisme, selon qu’elles s’attaquent

M d de propriété ou qu’elles en corrompent

fus… formerons à cette distinction,

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qui est très justifiée. Mais auparavant il sied de rap

peler une erreur, ou plus précisément une attitude mentale, qui sape par la base la propriété en faussant la vraie conception des rapports entre l’homme et la nature.

On constate en effet que périodiquement, surtout

aux époques troublées, il se produit une lerinent al ion doctrinale de caractère dualiste ou panthéiste, avec 111.1111fest.il ions immorales et antisociales. I.a croyance

en deux principes antagonistes, le principe du bien et le principe du mal, dans la mesure où elle repose sur une réflexion philosophique, découle logiquement de ce que certains esprits cherchent à s’expliquer l’univ ers sans pouvoir se représenter la causalité du premier être autrement que sur le mode matérialiste de la par ticlpatlon et de l’émanation. Nous ne pouvons que Signaler ici cette erreur métaphysique tenace, dans laquelle versent Infailliblement tous ceux qui ne s’élè vent pas au degré d’abstraction d’une philosophie première fondée sur I analogie de l’être. En tait, l’historien ne se croit pas autorisé à établir entre toutes les manifestations de cette métaphysique un lien précis de dépendance ou de continuité. Il constate néanmoins une liaison troublante entre certaines prémisses panthéistes et certaines conséquences pratiques subversives de l’ordre moral et social sous couleur de liberté d’esprit. Les sectes néo-platoniciennes, les manichéens, les docètes éprouvent à l’égard de la matière nue insurmontable horreur ; l’homme spirituel 1 ne peut se diviniser qu’en renonçant non seulement au droit de propriété, mais, si possible, à tout contact avec les réalités matérielles, à tout usage, même purement naturel, des biens de ce monde. En théorie tout au moins, on considère que les conditions communes de la vie humaine, le mariage, le gain, la consommation, font l’objet d’un interdit. On les tolère dans l’homme « charnel », mais le parfait s’en abstient. Le conseil de pauvreté évangélique, pour ne rien dire de la continence, devient, au moins pour les spirituels, une stricte obligation. On reproche donc aux clercs, aux Églises, les biens qu’ils possèdent. Mais on généralise parfois : 1e droit de propriété lui-même est ébranlé dans ses fondements ; on le considère comme un fruit du péché et le résultat de la corruption humaine.

Il suffit de signaler cette attitude de refus préalable, avec sa racine métaphysique. Au cours des siècles, elle se manifeste de façon chronique, entraînant régulièrement avec elle des crises d’anarchie. D’après Clément d’Alexandrie, le gnostique hérétique Épiphane, fils de Carpocrate, préconisait au 11e siècle le communisme intégral, en se fondant sur la justice de Dieu : alias violata effet juslitia Dei quæ consista in œqualilaie communionis et se ostendii in ro quod omnia omnibus communia fecit. Strom., t. III, c. ir, P. G., t. viii, col. 1106. Saint Épiphane mentionne au 111° siècle une secte d’hérétiques qui s’appelaient apostolici ou apostalici, c’est-à-dire renonçants », et se glorifiaient d’imiter les apôtres en ne possédant rien. Sous le même nom d’apostoliques, dix siècles plus tard, Iionorius III. .Nicolas IV et lionifæe VIII s’efforcèrent de réprimer une sorte d’ordre mendiant anarchique qui, sous prélexle de reproduire la vie et la pauvreté des apôtres. combattait la propriété privée. De même, sous couleur de perfection évangélique, les spirituels prêchaient le communisme des biens. Toutefois, les historiens ont peine a discerner une doctrine économique ou philosophique dans cette effervescence ; ils y voient plus volontiers un socialisme par le fait, une crise d’anarchie sociale, de meurtres et de pillages. Le spectacle n’est

guère différent lors de la guerre des Paysans (1522

1525), avec les a na ba pi isl es. au moment on les troubles iOCiaUX mêlés a la Réforme allemande allaient portei leurs fruits les plus amers. Mun/er prêchait violem

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