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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/419

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grande famille et que s’introduisait la liberté de tester (fin du vie siècle pour.i hènes, du [V poui Sparte). La propriété devenue mobilière, la plèbe pul j accéder.

L’endettement ei la concentration « les propriétés sont les deux effets opposés que peut engendrer la liberté. Pour les écarter, philosophes et hommes d’État fixaient tantôt un maximum et tantôt un mini iiiiini ; il serait interdit <le posséder des terres au delà d’une étendue déterminée, ou bien, en deçà d’une cer taine étendue, la propriété foncière serait indivisible cl inaliénable. Pour conserver le patrimoine, non seu lement on pratiqua l’indivision, ce qui tendait à reconstituer artificiellement la grande famille d’autan, mais Sparte— admit en certains cas la polyandrie, cl Athènes légalisa le mariage du frère et de la sœur, pourvu qu’ils ne fussent pas nés de la même mère. Les femmes n’étant pas appelées à succéder, si l’héritière était une tille, on la nommait épiclère. c’esl adiré adjointe au patrimoine ; son plus proche parent devait l’épouser, s’il voulait recueillir la succession : s’il ne le voulait ou ne le pouvait, il renonçait à l’héritage, (lui passait alors avec la tille au plus proche parent suivant. Du reste, on admettait le divorce, en ce cas. tant pour libérer une épiclère déjà mariée qui ne préférait pas renoncer à tous ses droits pour rester avec sou mari, que pour permettre à un parent de se marier avec une riche épiclère.

Pour corriger les excès individualistes de la libre propriété, les Grecs ont-ils admis certaines formes de communisme ? Rappelons l’usage fréquent à Sparte des repas de munificence privés, celui des repas officiels et obligatoires ou syssities. Ces institutions eurent pour résultat d’imposer aux riches et à l’État la charge de nourrir les pauvres. L’était, si l’on peut dire, du socialisme d’État. Mais les Spartiates ne pratiquaient pas le vrai communisme ; seulement, l’égalité absolue régnait entre eux pour la manière de vivre, c’est-à-dire en ce qui concerne l’utilisation des richesses.

Le collectivisme des gens de Lipari ressemblait davantage au communisme ; mais Lipari était un nid de corsaires, dont la constitution demeure exceptionnelle.

Jamais le communisme ne tut admis à Athènes ; cependant, les Athéniens se partageaient le plus possible les revenus de l’État par des distributions de blé. par des repas publics, par les honoraires accordés aux citoyens pour l’exercice de certaines fonctions, voire par la répartition entre eux d’excédents budgétaires. D’autre part, chaque cité grecque possédait des pacages communaux.

Bref, l’évolution de la propriété privée en Grèce n’obéit pas à un principe simple. Sans doute, depuis le viiie ou le vii° siècle jusqu’à la conquête romaine du me siècle, on constate que la propriété familiale cède la place à une propriété individuelle qui semble de plus en plus dégagée d’entraves ; mais, en revanche, on constate aussi que les abus de la liberté ont régulièrement suscité des correctifs plus ou moins satisfaisants ; la propriété du sol, c’est-à-dire du moyen de production par excellence, demeure privée, mais l’usage des produits demeure sensiblement égal et commun, grâce aux distributions d’argent et de vivres, aux repas communs, aux fréquentes réductions ou abolitions des dettes privées et aux mille artifices du socialisme d’État. Cette analyse des laits explique l’importance attachée par Aristote au problème social de la propriété, source principale des révolutions. La solution qu’il en propose, par une distinction entre le pouvoir de gestion et de disposition, qui appartient au propriétaire à titre privé, el [’usage des biens, qu’il faut s’efforcer de rendre commun, s’inspire, on le voit, de l’expérience.

2. La propriété dans la liorne ancienne. L’Italie

et.iil peuplée dès le début du néolithique. Durant cette

période, la Péninsule devait porter une population assez dense, a en juger par l’importance et la richesse îles stations lacustres et des terramares qui en restent. .Mais, depuis lois, par vagues successives, divi

populations s’installèrent dans le pays, après avoir

soumis et dépossédé les habitants.

Les premiers siècles de Rome échappent encore a

l’histoire. Tout lait supposer que les premiers Romaine ne différaient guère des autres populations de race latine, pasteurs conquérants commençant a s’enraciner, adonnés a l’élevage et à la culture, sous un régime de grande famille patriarcale. La gens était à l’origine cette grande famille. Elle portait le nom (nomen gentililium ) de l’ancêtre éponyme dont, par les mâles. Ions ses membres descendaient. Chaque gens possédait un territoire plus ou moins étendu. Heaucoup plus tard, sous la république, un territoire sera encore l’accessoire indispensable d’une gens. Le Sabin Atta Clausus, qui avait obtenu le droit de cité romaine, reçut le sien aux bords de l’Anio pour sa gens et ses clients. Tite-Live, t. VI, c. xx. Mais la fondation de la ville témoigne déjà d’une évolution sociale peu favorable a la gens. Les génies, trop nombreuses, s’étaient divisées. Ions leurs membres ne pouvant plus cohabiter : les branches cadettes constituaient à leur tour des domus. ou grandes familles au sein de la gens. Les gentes demeuraient toutefois en principe propriétaires de leur territoire ; une sorte de collectivisme agraire régnait entre les domiis individualisées, sur le territoire gentilice qui leur était sans doute périodiquement réparti. Peu à peu, les patres familias, probablement par désuétude des reprises de lots et des partages, virent se consolider leur droit sur la parcelle qu’ils cultivaient ; la domus se trouvait insensiblement promue à la propriété de son lot. Mais le droit de la gens revivait en certaines circonstances : ainsi, à défaut d’héritiers naturels, la succession était déférée aux gentiles ; de même la gens fournissait tuteurs et curateurs aux chefs de famille incapables, non dans l’intérêt de ceux-ci, mais au profit de la gens elle-même. Notons encore que les clients de la gens recevaient fréquemment, à titre de concession précaire et en récompense de leurs services, un lot de terre cultivable ; à leur profit également s’opéra une consolidation graduelle, et ils devinrent les propriétaires effectifs de leur parcelle, moyennant la prestation de certains obsequia et d’operse. Une plèbe agricole se formait.

Les gentes entrant en relations se fédérèrent en tribus ; chaque tribu eut son centre distinct. Les nécessités d’une vie..ociale de plus en plus dense amenèrent les tribus à s’unir entre elles à leur tour : ce fut l’origine de la cité. Il fallait en effet un centre nouveau, qui ne se trouvât sur le territoire d’aucune tribu, d’aucune gens, un centre d’échanges, un lieu de culte, un forum judiciaire et politique. Le territoire fédéral avait été divisé en trente curies, chaquedomus recevant 2 arpents de terre afin d’y établir son domicile urbain. Ainsi, la gens demeurait maîtresse en principe sur son territoire, mais, par l’organisation en curies. l’État entrait en contact direct avec les domus ; celles-ci échappaient d’autant à l’autorité gentilice.

A côté de cette population qui y faisait de courtes apparitions aux jours de marché ou de culte, le territoire de la cité accueillit d’autres éléments, ceux-là en marge de la vie politique et civile : commerçants et artisans immigrés, clients évadés du cadre de leur gens, réfugiés de cités voisines et peut-être aussi descendants des populations autochtones, qui avaient bien pu être vaincues et soumises, mais non pas tout à fait éliminées. Cette plèbe, profitant des avantages de la vie urbaine et remplissant des fonctions économiques importantes et lucratives, s’organisa avec la faveur des premiers rois en corporations et confréries de métiers.