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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/500

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IV. LA PROVIDENCE SELON LA THÉOLOGIE.

Ce titra vont Indiquai que dans cette partie de l’article nous nous placerons moins au point de vue des différents systèmes théologiques qu’à celui tl>> la ie theologique communément reçue dans l’ÉglIsi. pour insister >ur if qu’il a de plus certain et pour montrer quo les vérités les plus profondes et les plus hautes sont les vérités élémentaires scrutées, longuement méditées et devenues objet de contemplation,

1 es grands problèmes théologiques relatifs a la pro vidence se vont surtout posis a propos de cette partie de la providence qu’est la prédestination. Aussi. au cours de l’article Prédestination, avons-nous expose, selon l’ordre chronologique, les principales théories des théologiens scolastiques relatives a la prescience, aux décrets de la volonté divine, à la prédestination, et doue à la providence elle-même, dont la prédestination est. à raison de son objet, la partie la plus élevée.

Nous ne recommencerons pas ici cette étude historique et critique. Il est clair, d’après ce qui a été dit a l’article Prédestination, que, quand il s’auit du mode selon lequel Dieu ordonne Infailliblement toutes choses, y compris nos actes salutaires et méritoires, les théologiens sont divises, suivant qu’ils admettent ou non la théorie île la science moyenne, ou la prescience des futoribles antérieure à tout décret divin, proposée Molli a. 1 es molinistes et l°s congruistes, a la manière de saint Robert Bellarmin et de Suarez, admettant la science moyenne, nient l’existence des décrets divins prédéterminants îe’atifs à nos actes libres et salutaires. Les thomistes et la plupart des théologiens qui rejettent la science moyenne adn eltent les décrets divins prédéterminants qui s étendent, disent-ils, jusqu’au mode libre de nos actes salutaires.

Nous ne reviendrons pas ici sur cette divergence fondamentale, et sur les oppositions secondaires qui en dérivent et que nous avons longuement examinées à l’art. Prémotion. Nous les signalerons cependant au cours de cet article, où nous suivrons surtout la doctrine de saint Thomas, selon sa propre terminologie.

D’après sa méthode de recherche et d’exposition, l’ordre qui nous paraît le. mieux convenir est le suivant : I. Définition nominale de la providence et méthode à suivre. II. Les difficultés du problème et les différentes doctrines relatives à la providence 9871. III. Principaux enseignements que la théologie trouve dans l’Écriture sur la providence 990). IV. Preuve a posteriori de l’existence de la providence (col. 998). Y. Preuve quasi a priori de l’existence de la providence selon la déduction des attributs divins, a la lumière de l’enseignement de -. VI. Nature intime de la providence : ce qu’e’le présuppose du côté de l’intelligence et de la volonté divines (col. 101 81. VIL L’extension de la providence : comment s’étend-elle immédiatement a toutis chose-, si infimes qu’elles soient ? -. Vin. L’infaillibilité de la providence et le libre arbitre moI Pli, IX. La providence et le mal 1 17 V La prière et l’abandon confiant a la provi XL La fin du gouvernement

divin (col. Il 21 1.

I. Définition nominale de iv providence et iv iu. —

Les théologiens scolastiques

I communément qu’il faut partir du quid nominis

lite les questions an til et quidsit.

ni fient d’abord le mot providence » ou le

verbe providert tel qu’on l’emploie communément dans

l’ordi es humaine--. 1 Le verbe pronidere sienific

a ! j ! r et pourvoir ou ordonner des moyens à

-ni ion d’une fin | réalablement voulue. Les Latins

ent communément : hir homo bene providel ne quid

  • uk familia : desil ; providere oporlel de re /rumentaria.

Nous disons d’un homme qui prend « le sages mesures qu’il est pré 0) anl.

Samt Thomas, en traitant de la prudence, II- 1 11 1’.

q. xux, a. 6, nous « ht qu’elle comporte la pro> idence ou prévoyance, qui est la prévision et préordination des moyens en vue d’une Dn. Saint Thomas dit même, ibid., ail 1° M| : Providentia est prinetpalior inier omnes parles prudentite, quia omnia alia, que requiruntur ad prudentiam, ad hoc necessaria sunt, m aliquid recte ordi netur in flnem. El ideo nomen ipsms prudentia sumitur a providentiel, sieut a principaliori sua pai le. i.a pi ov idence ou prévoj aine est en effet cet le partie de la prudence qui regarde l’avenir, l’obtention d’une liii, et ordonne, prescrit, connue il faut, les moyens pour l’ob tenir. IL 1 [ !, q, XL VII I, a. 1. (’.lie/, l’homme, c’est une vertu de la raison pratique, qui suppose h. rectification de la volonté et de la sensibilité par les vérins morales de justice, de force et de tempérance. Au dessus de la

prudence et de la prévoyance personnelle, il y a celle

ii père de famille, qui doit pourvoir aux besoins de la famille, et celle du chef d’État, qui veille an bien commun d’une nation. S’il en est ainsi, en s’élevan ! des choses humaines aux choses divines que nous ne connaissons pas immédiatement, peut-on dire que la providence est une perfection divine qui ordonne toutes choses au bien de l’univers ? Faut-il attribuer à Dieu cette vertu de l’intelligence, comme on lui attribue l’amour du bien et les vertus de la volonté qui sont la justice et la miséricorde ?

La méthode à suivre dans la solution de ce problème est manifestement la méthode d’analogie. Il est en effet certain, d’après les principes communément reçus au sujet des < noms divins », tels que saint’Thomas les a formulés, I ». q. xiii, a. 3, 4, ô, 6, que la providence, comme la bonté, la justice, la miséricorde, ne peut s’attribuer à Dieu univoquement ou de la même manière qu’à l’homme, mais seulement d’une façon analogique, qui comporte des ressemblances et des différences. Les agnostiques concéderont facilement qu’elle lui est attribuable selon une analogie métaphorique, comme on dit par métaphore que Dieu est irrité, bien qu’on sache qu’il n’y a pas de passion proprement dite, de mouvement de sensibilité, dans l’esprit pur. La question est de savoir si la providence est attribuablc a Dieu selon une analogie non métaphorique, selon le sens propre ou le signifié formel du mot providence.

A ce sujet, il faut noter que le sens propre du mot providence, « ordination convenable des moyens à une fin à obtenir, peut être sauvegardé malgré des différences considérables entre la providence divine et la prévoyance humaine, (l’est ainsi que l’être est attribué proprement à Dieu et a la créature, bien que de façons très différentes : Dieu est l’Être par soi. la créature n’est être que par participation. De même, la science ou sagesse est attribuée proprement a Dieu et non pas seulement par métaphore comme la colère, avec cette très grande différence cependant que la science de i lieu est cause des choses, tandis que la nôtre est causée pâlies choses. Non secundum eamdem rationem hoc nomen sapiens de Heo et de liomine dicitur, dit saint Thomas, I », q. xiii, a, 5. De même encore, l’amour de Dieu pour la créature est cause de la bonté qui est en elle, tandis que notre amour suppose la bontéou l’amabilité de i eux que nous aimons. 1°. q. xx. a. 2. Aussi, le [Ve concile du Latran dit-il : IuI<t Creatorem et creaturam non est tanla similiiudo, gain sri semper major dissimililudo nolanda. Denz.-Bannw., n. 132. Nous avons longuement montré ailleurs combien cette con< eption est sauvegardée dans la notion thomiste de l’analogie ; < i. Dieu, son existence

et sa nature. 5° éd., p. 528-5f18. (In voit par la que dans la question présente la méthode à suivre est celle

d’analogie, qui doit noter attentivement les resscmblances et les différences entre la prévoyance humaine