Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/564

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1113
1114
PSAUMES LIVRE DES). THÉOLOGIE

11o- Littératures parallèles.

Il y a longtemps que l’attention des exégètes a été attirée par les parallèles que l’on trouve dans la littérature assyro-babylonien ne.1 certaines compositions du psautier hébraïque : - Jastrow, Die Religion Babyloniens und.ts>i/ t. ii, Giessen. 1912, p. 133 137, a consacré tout un paragraphe a cette comparaison. Il suffit de par courir Dhorme, Choix de textes religieux assyro-baby-Ioniens, Paris. 1907, el Fr. Martin, restes religieux ns et babyloniens, Paris, 1903, pour avoir une Idée du parallélisme entre le psautier et la littérature assyro-babylonienne : l’un des textes les plus [rap p.mtv a cet égard est le poème du juste souffrant, Dborme, op. cit., p. 3 Ie problème a tenté M. Fr

Stummer, qui en fait l’objet d’une tbèse, soutenue en 1917 il publiée en 1922, Sumeriseh-akkadisehe Paralleltn zum Au/ba. der alttestamentlichen PsaUnen, Pa ierborn, î

En rapportant quelques exemples dans une longue noie de n.mi ouvrage, Les - Puupres d’Israël, Strasbourg, 1922, p. 126-127, M. A. Causse formule cette juste appréciation : Les analogies sont plus formelles que réelles. Elles portent sur la phraséologie religieuse plus que sur l’expérience religieuse elle-même. Cela n’est ni la même théologie ni la même éthique. La religion des psaumes babyloniens reste profondément polythéiste, l’autre part le mécanisme de la repentance et de la délivrance qui en découle est beaucoup plus rituel que moral. Nous sommes Ici en pleine ma-il ne saurait être question d’une Influence directe de Babylone sur la Bible mais seulement d’une parenté plus ou moins lointaine dans la langue de la pieté. Et quand on a étudié dans tous ses détails cette parenté et que l’on a classe les textes parallèles, on n’est sans doute encore qu’au côté extérieur et secondaire des problèmes. Il reste toujours que les psaumes hébreux sont les documents d’une expérience reliisenticllement personnelle et originale… la « prière de l’homme de Dieu (Ps., m. 7. 9, 12). Voir aussi A Causse, Les plus vieux chants de la liiblc, Paris. 1926, p. II I. note 3.

C’est à la même conclusion qu’aboutit M.G.R. Driver, au terme de sa conférence sur The palms in the light Babylonian research, dans The psalmists, Oxford, Avant signalé quelques ressemblances, il écrit, p. 172 : « Mais combien plus significatives sont les différences, à la fois morales et spirituelles. » Quant aux points de ressemblance eux-mêmes, il ajoute, p. 173  : « Je suis convaincu que beaucoup de tes point s. si non la ma jorite. sunt le résultat d’une réflexion indépendante.

Dans la même série de conférences. M. A. -M. Blackman a étudie The psalms in the light o Egyplian reli, lue. cit., p. 177-197. Il conclut son parallèle par ces mots qui nous semblent exagérer quelque peu l’influence de l’Egypte, même réduite à que I que s 1 rail s aux. p. l7 : I.a somme totale des conceptions des Égyptiens sur la vie et la religion impliquai ! deux constituantes importantes. D’une part, (’était leur vue concrète sur le fait du péché el le besoin du pardon : i était d’origine sémitique. D’autre part, c’étaient . sprit. telles qu’une naturelle sensibilité pour les beautés de la nature, un ir pour bs et rcs ivants. même pour les hippopo ! ’les. de la gaieté, un sens du plaii une remarquable bonté eur. I.a pn la combinaison de ces coilsti lisation et i.i religion ég> pi iennes Kmsables des conceptions reli mar ia période de la XVIIe dynastie et des suivantes, conceptions qui ressemblent si étroitement à celles des psalmistes que l’on peut presque dire que les chants de Sion ont été chantés sur une terre étrangère avant d’être chantés a Sion même. »

Voir encore dans l’article de M. A. Causse, La secte juive et la nouvelle pitié, dans Revue d’histoire et de philosophie religieuses, sept.-oct., 1935, les notes 28 sq. sur le parallélisme entre le psautier et les textes religieux assyro-babyloniens.


II. Théologie des psaumes.

Il y aurait deux méthodes pour retracer la théologie du psautier. La première consisterait, après avoir daté chaque psaume, à en extraire le contenu doctrinal et a marquer ensuite les progrès des idées religieuses et morales dans le développement successif du psautier. Nous aurions ainsi une théologie historique du psautier ; cette théologie historique devrait tenir compte du milieu littéraire et religieux ou est né chacun des psaumes, afin de saisir les influences qui ont pu s’exercer sur chaque psalmiste et de discerner les répercussions qu’a pu avoir à son tour chacun des psaumes. Cette tâche serait considérable, pour ne pas dire impossible : elle se heurterait tout d’abord a la difficulté de donner souvent une date précise a tel ou tel psaume : en outre, les psaumes étant fréquemment anonymes, même quand on serait en mesure de leur fixer une date approximative, il deviendrait malaise de déterminer le milieu qui les a vus naître et d’indiquer sous quelles influences diverses ils ont été écrits. Encore faudrait il essayer de rendre leur physionomie primitive a des psaumes qui ont été remanies et adaptés a de nouvelles circonstances. Tout au plus, par conséquent, peut-on jalonner de quelques points fixes l’histoire de telle doctrine religieuse, par exemple l’histoire du messianisme, ainsi qu’on a tenté de le faire dans la première partie de l’art. Messianisme.

L’autre méthode celle que nous suivrons prend le psautier comme un tout. Elle l’étudié a partir du moment où il a été définitivement constitué, et, après en avoir recherché patiemment les principales idées, les organise sous des thèmes hiérarchisés dont la contexture nous est offerte par la théologie actuelle. Cette méthode a l’avantage de nous présenter en une vue synthétique, encore que schématique, l’ensemble des conceptions morales et religieuses qui ont imprégné l’esprit et inspiré la dévotion des Israélites a partir du iiie siècle avant Jésus-Christ, et qui continuent d’exercer leur bienfaisante action sur tous ceux qui, par fonction et par piété, se livrent à la lecture des psaumes. Dès lors, il ne saurait être question, cela va de soi, de faire de la théologie comparée, soit historique en recourant aux livres qui sont de même date que certains psaumes, soit même doctrinale, en instituant des parallèles avec les autres livres didactiques de la sainte Écriture. Voir, sur la comparaison entre Job et les psaumes, Dhorme, Le livre de Job, Paris, 1926, p. cxxix, xc. note. 1 : p. xci, note 1 : p. ci, civ, cv. A ce dernier point de vue, quiconque a tant soit peu pratiqué la lecture de la Bible peut avoir, a propos de telle ou telle doctrine, une préférence pour un livre déterminé de l’Ancien Testament ; par exemple sur le problème du mal pour Job, sur la doctrine sapientielle, pour l’Ecclésiastique ou la Sagesse ; mais s’il veut porter un jugement d’ordre général, il n’hésitera pas a trouver dans le psautier le plus bel ensemble doctrinal qui existe dans tout l’Ancien Testament. Le psautier est, sans contredit, le résumé le plus complet et en même temps l’exposé le plus nuancé, le plus riche et le plus vivant de toute la pensée religieuse et morale contenue dans le canon de l’Ancien Testament.

Nous diviserons cet exposé en trois parties :
1o Dieu ; 2o homme ; 3o Le Messie.

Le psautier, en effet, envisage avant tout les relations concrètes qui unissent Dieu et l’homme. Ces deux termes ne sont pas étudiés pour eux-mêmes et abstraction faite de l’un ou de l’autre : quand le psalmiste parle de Dieu ou de ses attributs, c’est toujours en référence avec l’homme, que