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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.1.djvu/691

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    1. PUSÉYISME##


PUSÉYISME. LA SUCCESSION APOSTOLIQ1 I.

i :  ; i, s

proposent de revenir à la tradition el à la doctrine catholiques. Ils onl le souci d’établir que l’Église est une société Fondée par Dieu, avec des caractères dis tinctifs essentiels à son intégrité, que ses dogmes sont surnaturellement révélés, ses sacrements divinemenl institués, que sa hiérarchie dérive des apôtres et pos sède l’autorité du Christ. C’est l’identité de l’Église anglicane avec l’Église apostolique sons ce triple aspect que les successeurs des tractariens veulenl restaurer. Cf. Sparrow Simpson, The Anglo-ealholic revival from 1845, Londres, 1932, p. ! » sq.

1° Situation du « revival » en 184, 5. — Au lendemain de la conversion de Newman, Pusey avait publié dans l’English Churchman, l(i octobre 181°), un manifeste où, par des considérations surnaturelles très élevées, il explique à ses amis cette conversion et où il précise son altitude, qui ne sera pas d’hostilité mais de neutralité, envers Home, qu’il continue d’admirer. Dans sa correspondance avec Samuel Wilberforce, nommé évêque d’Oxford en 1845, qui se détachait de plus en plus du parti tractarien et qui venait de se montrer très dur pour lui, Pusey expose franchement sa position doctrinale : possibilité de concilier la doctrine formellement définie par l’Église romaine avec la souscription des trente-neuf articles, dette profession de foi amena une condamnation de tout le mouvement d’Oxford (5 déc. 1845). Cf. Liddon, Life of Pusey, t. iii, p. 40-48 ; Life of Wilberforce, t. i, p. 299-305.

Dans la lutte qu’il va entreprendre, Pusey sera entouré et soutenu par un groupe d’amis fidèles, qui avaient fortement subi l’empreinte de Newman. J. Keble, promoteur du mouvement d’Oxford, se rapprocha davantage de Pusey, après la conversion de Newman, professant les mêmes idées que lui sur la possibilité d’une union en corps avec Rome, ayant la même mentalité envers le centre de la chrétienté. Liddon, Life of Pusey, t. ii, p. 464. Ch. Marriott, collaborateur de la Bibliothèque des Pères, fut aussi fidèle à Pusey qu’il l’avait été à Newman. Il en fut de même, mais avec plus de réserve, de Fr. Rogers, cme les tendances romanisantes de Newman avaient un moment écarté du groupe des tractariens ; de R.-W. Church, l’historien du mouvement d’Oxford, qui, découragé, quitte la ville universitaire pour le ministère paroissial. J.-B. Mozley, fellow de Magdalen depuis 1840, prendra une place importante dans l’œuvre du revival. Il fut un des fondateurs du Guardian, qui, publié à Londres à partir du 21 janvier 184(3, devait répandre les idées tractariennes, avec le concours de Fr. Rogers. du légiste Haddan, de Montague Bernard, un laïque, et de deux clergymen, Church et Arthur Haddan. Pusey et Keble restèrent en dehors de la direction du journal. Celui-ci complétait fort heureusement l’action déjà exercée par le périodique trimestriel Christian remembrancer. Manning, enfin, que son aversion pour Rome avait séparé de Newman et des premiers tractariens, se fait un défenseur de l’idée, particulièrement chère aux puséyistes, de l’indépendance spirituelle de l’Eglise.

2° La théorie de la succession apostolique de l’Eglise anglicane. — La foi des tractariens à la vérité de leur Knlise et à l’efficacité de ses sacrements reposait sur le principe de la succession apostolique : l’Église est la seule dispensatrice légitime des sacrements parce que seule elle possède la succession apostolique.

Cette idée est à l’origine du mouvement. File est exposée par Newman dans le tract 1, Thoughts on the ministerial commission, par Keble, dans le tract 4, Adhérence to the aposlolic succession, par Pusey, dans les Catense Patrum (tracts 76, 78, 81), par les conservateurs du parti, Rcse, Palmer, Perceval, aussi bien que par les progressistes, Froude et Newman. La

grande charte sacerdotale est la mission du Christ. « II a donné a ses disciples son Esprit, ceux-ci ont imposé les mains a leurs successeurs, ces derniers aux leurs, et ainsi le saint don est descendu sur les évoques actuels qui nous ont institués leurs auxiliaires. Tract 1. Depuis l’âge apostolique jusqu’à la Déforme, l’ordination n’a jamais été laite que par les évêques. File n’est pas seulement, d’après Keble, la succession dans le service de la parole, dans l’administration des sacrements et le pouvoir des clefs, mais avant tout un don divin. Ce don divin ne peut être obtenu que par la succession apostolique : il rend capable de dispenser les sacrements, surtout la mystérieuse confection du corps et du sang du Christ, . Quiconque n’est pas un anneau dans cette chaîne apostolique n’a pas le droit d’exercer ces fonctions, car seule la mission du Christ, transmise par la succession apostolique, donne leur efficacité aux sacrements.

La succession apostolique est le signe de la véritable Église, dans lequel sont contenus tous les autres : apostolicité, catholicité, et autonomie ; c’est le signum signons. A ce point de vue, l’Église anglicane épiscopalienne est la plus parfaite ; les autres Églises épiscopaliennes sont malades ; les Églises non épiscopaliennes sont des rameaux coupés », des sectes, dans lesquelles il n’y a pas de moyens de salut parce qu’il leur manque la succession apostolique. L’Église romaine n’est pas une secte, elle est dans la succession apostolique, mais, par le fait de son enseignement sur la puissance et l’infaillibilité du souverain pontife, elle n’a pas maintenu la doctrine apostolique. L’Église grecque a mieux conservé la communion et la doctrine apostoliques. « Seule l’Église d’Angleterre, qui unit l’Orient et l’Occident, qui étend ses rameaux aux quatre coins du monde, est une sorte de type de l’unique Église catholique. » Pusey, cité par Buddensieg, art. Traktarianismus dans Prolest. Realencyklopàdie, 3e éd., t. xx. 1908, p. 46.

En revendiquant ainsi la succession apostolique, les tractariens n’étaient pas des novateurs. Pusey a recueilli un grand nombre de textes d’autorités anglicanes du xviie siècle : les archevêques Laud, Bramhall, Wake, les évêques Andrews, Sanderson, Jer. Taylor. Pearson, Beveridge, toute une série de « non-jureurs », les évêques Wilson, Horsley, Jebb, Van Mildert, affirmant la permanence de la fonction apostolique dans l’Église, le droit divin de l’épiscopat, qui, suivant le sentiment des Pères, a vraiment succédé à l’apostolat ; le droit d’ordonner exclusivement réservé à l’évêque, en vertu de la commission donnée par le Christ aux apôtres ; la possession sans discontinuité de la succession apostolique par l’Angleterre. Cf. Simpson, op. cit., p. 25-27.

Mais Pusey et ses disciples ne se contentent pas de se rattacher à l’enseignement des théologiens anglicans postérieurs à la Réforme. Comme ils attachent une importance extrême à cette doctrine, ils vont rechercher les témoignages de l’Église primitive. Arthur Haddan recueille, en 1869, les textes des Pères sur cette question dans Aposlolic succession in the Church of England. Ces textes ont aidé à réfuter ceux qui prétendaient que succession apostolique, au iie siècle, signifiait succession à un prédécesseur, non à un ordinant. Pour être évêque successeur des apôtres, il faut avoir reçu l’ordination et se rattacher à la ligne apostolique. Cf. Turner, dans Smet, Essays on the earhj history of the Church and the ministrꝟ. 1918. ]). 117. C’est cette ligne apostolique qui a été brisée par la Réforme. Les réformateurs se donnèrent un nouveau ministère, d’après l’Écriture et l’âge apostolique, suivant deux théories : retenir le principe de la succession, en accordant à tout ministre le pouvoir d’ordonner : accorder le pouvoir ministériel au corps