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RABBOULA — RABESANUS (LIÉVIN)


t. vii, col. 24 1. Or, en 435 (ou 436), ce sera Ibas lui-même qui succédera à Rabboula. Il entreprendra dès lors une vive réaction contre l'œuvre de ce dernier, traduisant en syriaque les œuvres de Théodore, propageant avec ardeur les idées qu’avait combattues son prédécesseur. Cette activité se heurterait d’ailleurs, elle aussi, à une très forte opposition. Voir Ibas et Trois Chapitres.

Il nous reste à relever dans ce qui s’est conservé des œuvres de Rabboula les autres indications dogmatiques.

Outre la maternité divine, Rabboula loue dans ses Hymnes, encore en usage dans la liturgie syriaque, la virginité de Marie, il l’appelle « parfaitement sainte ou sainte de toute manière ». Cf. Overbeck, p. 245 sq.

Dans ces mêmes hymnes, il glorilie le courage des martyrs, parle des âmes des défunts qui attendent et nos prières et la résurrection, de la pénitence et du ciel. On possède encore de lui un discours inédit sur les aumônes offertes pour soulager les âmes des défunts, et par conséquent on y trouve une preuve en faveur du dogme du purgatoire ; il y prône la célébration des fêtes à propos de la commémoraison’des morts ; cf. ms. de la Laurentienne de Florence, Év. Assémani, Cat. cod. mss. Bib. Palat. Medic, p. 107 ; voir aussi les canons 33 et 36 dans Nau, op. cit., p. 86 sq.

Sa pensée sur la présence réelle, le sacrifice de la messe et ses effets n’est pas moins explicite. Il semble que de son temps l'Église syriaque employait le pain azyme dans la liturgie. En effet il blâme les moines de Perrhes, dans sa Lettre à Gamalinus, et leur reproche de faire fermenter le pain devant servir au saint sacrifice et de s’en nourrir trois fois par jour apaisant ainsi leur faim et leur soif, avec le corps et le sang de NotreSeigneur..Mais il ne leur reproche pas de mettre de l’eau chaude, dans le calice, comme cela se pratique encore dans la liturgie byzantine ; il dit aussi que l’on ne doit pas célébrer la liturgie les jours de jeûne. Cf. Overbeck, op. cit., p. 230 sq. ; Land, Hisloria miscellanea dans Analecla sijriaca, t. iii, p. 316 ; Assémani, Bibliotheca orientalis, 1. 1, p. 197 et 409. Il est intéressant de noter que Rabboula recommande à ses clercs et moines de bien nettoyer l’endroit où serait tombée une parcelle du saint corps ; il faut même gratter la table, enlever la poussière et la distribuer aux fidèles, y placer, s’il le faut, des charbons ardents. Cf. can. 85, Nau, op. cit., p. 91. On a pu chicaner Rabboula sur ses idées relatives au mode de présence ; sa pensée est peut-être hésitante, elle n’est pas hétérodoxe. — Il prescrit à ses moines la vénération des reliques des martyrs et le culte des saints. Can. 21, ibid., p. 85.

Action dans le domaine scripluraire.

Rabboula

rétablit dans la liturgie le texte original des saintes Écritures. Le Diulessaron avait fait fortune en Syrie jusqu'à l'époque de Rabboula ; mais on commençait déjà à le combattre, l’on ordonnait d’en brûler les exemplaires. C’est ce que firent Théodoret de Cyr et Rabboula. P. G., t. lxxxiii, col. 372 A. Ce dernier obligea ses moines et ses clercs à mettre un exemplaire des

Évangiles séparés » dans chaque église. Can. 68, Nau, op. cit., p. 90. Pour ce faire, il traduisit le Nouveau Testament du grec en syriaque, ou tout au moins revisa une ancienne traduction ; ainsi nous laissa-t-il le Nouveau Testament de la Peshitto ; cf. Overbeck, op. cit., p. 220.

Rurkitt croit que vers 200 l'évêque d'Édesse, Palout, avait traduit du grec Y Evangelion da Mepharreshe (Évangiles séparés) et que Rabboula n’a fait que reprendre cette traduction pour la conformer davantage au texte grec lu à Antioche au ve siècle et nous légua ainsi la Peshilto publiée par son autorité comme substitut du Dialessaron. Rubens Duval cite Rurkitt et le critique au sujet de la version de Palout, mais il ajoute : « plus vraisemblable est l’hypothèse que la version du Nouveau Testament attribuée à Rabboula

par le biographe de cet évêque d'Édesse, est la Peshilto du Nouveau Testament, devenue la vulgate des Syriens. » Cf. Rubens Duval, op. cit., p. 38 sq. Le P. Lagrange est plus explicite : le Nouveau Testament de la Peshilto est très probablement de Rabboula ; cf. M.-J. Lagrange, Histoire ancienne du canon du Nouveau Testament, Paris, 1933, p. 130, 162.

Rabboula est l’un des premiers, parmi les Pères de l'Église syriaque, à parler des Actes de Paul comme Écriture ; cf. ibid., p. 128 ; Overbeck, op. cit., p. 237.

Action dans le domaine canonique.

Rabboula

évêque, n’oublia pas qu’il était moine : sévère et austère pour lui-même, il voulait l'être pour ses religieux, son clergé et son diocèse. Outre son petit traité intitulé Canons, il écrivit des Avertissements aux moines et des Ordonnances et avertissements relatifs aux clercs et religieux. Texte dans Overbeck, op. cit., p. 210-221 : traduction française dans Nau, op. cit., p. 83 sq. Il y parle de l’obéissance, de la chasteté, de la pauvreté, de l’office à réciter le jour et la nuit (can. 15), du jeûne, de la prière et de l’aumône (can. 36).

A ses prêtres il donne des règles pour bâtir des églises avec abside et asile adjacent, can. 16, 41, 47, 79. Il crée des hôpitaux et des asiles avec des frères hospitaliers, des diaconesses et des religieuses, cf. Lagrange, Mélanges, p. 207, et ordonne que les biens des clercs demeurent à l'Église après leur mort, can. 65.. Pour lui, l’indissolubilité du mariage n’est nullement discutable ; il énumère aussi certains degrés de parenté interdisant le mariage. Can. 81, Nau, p. 83-90. Enfin il mentionne avec les prêtres, les périodeutes.

Sa vie de privation et de sévérité le lit beaucoup estimer, mais il était plus craint qu’aimé. Après sa mort un grand relâchement eut lieu dans le clergé et les monastères d'Édesse ; aussi faudra-t-il attendre Jacques d'Édesse au VIIe siècle pour tenter une nouvelle réforme.

I. Textes et traductions.

J.-J. Overbeck, S. Ephræmi syri, Rabulve episcopi Edesseni, Batxi aliorumque opéra selecta, Oxford, 1865, donne le texte de la Vita, p. 159 sq., les œuvres en prose conservées, p. 210 sq., et quelques textes poétiques, p. 245-250 ; p. 362 sq., 370 sq. ; on trouvera une traduction allemande des textes en prose par Bickell, dans la Bibliothek der Kirclierwàler deTallhOler, n. 102, Ausgewâ'dte syrische Texte, Kempten, 1874 ; Bcdjan, Acta martyrum. et sanctorum, t. iv, Paris, 1894, p. 396-470, donne aussi le texte syriaque de la biographie, cf. ibid., t. v, p. 628696 ; la biographie grecque d’Alexandre l’Acompte, dans P. O., t. vi, p. 663-675 ; les Canons et résolutions canoniques de Rabboula, dans F. Nau, Ancienne littérat. syriaque, fasc. 2, Paris, 1906, p. 79-91.

II. Travaux.

1° Histoires littéraire*. — Assémani, Biblioth. orient., t. i, p. 197, 409 ; Wright, A short bistory of sijriæ lileruture, Londres, 1894 ; Rulens Duval, La littérature syriaque, 3e éd., Paris, 1907 ; A. B îumstark, Gesch. der syrischen Literatur, Bonn, 1922 ; O. Bardenliewer, Allkirchliche Literatur, t. IV, Fribourg-en-B., 1924, p. 388-392.

Monographies.

Lamy, s. Rabulas, dans la Renne

catholique de Louvain, 1868, p. 519 sq. ; M.-J. Lagrange. Rabulas, évêque d'Édesse, dans Mélanges d’hist. rclig., Paris, 1915, p. 185-226 (réimpression d’un article de la Science catholique de 1888) ; P. Peeters, La vie de Rabboula, dans Recherches de se. rel., 1928, p. 170-204, a soumis à une sévère critique les données de la Vita,

I. Ziadk.

    1. RABESANUS Llévfn##


RABESANUS Llévfn, frère mineur de la province de Venise (xviie siècle). Originaire de Montorso (province de Vicencc), il publia un Cursus philosophicus ad mentent Scoti, Venise, 1664.

J. H. Sbaralea, Supplementum ad scriplores ord, minnrum, t. ii, Home, 1921, p. 120 ; S. Dupasquier, Summa philosophise scholasticæ et scotisticm, t. i, Lyon, 1692, préface, où à la suite de Mastrius, Bellutus, Columbus, Sonnenus, Poncius, Frassen, il cite Rabesanus parmi les auteurs qui récemment ont composé des ouvrages ad tnentem Scoti.

A. Teetært.