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RAT HIER DE VÉRONE — RATIONALISME


a manifesté, au milieu de 968, son intention de rentrer à Lobbes.

Sermons.

Les Ballerini ont recueilli onze sermons de Rathier, tous prêches, seinble-t-il, après le

troisième retour à Vérone. Vogel en a public un autre op. cit., t. ii, p. 231-238.

De l’année 903, nous avons un sermon prononcé en carême (Serm., i, col. 689), un pour Pâques (Serm., iv, col. 719), un pour l’Ascension (Scrm., viii, col. 734), un pour la Pentecôte (Serm., x, col. 745) ; ils ne présentent rien de particulier.

A l’année 964 se rapporte un long sermon de carême (Serm., ii, col. (592-714), qui porte dans un ms. ce litre singulier : Sermo valde prolixus de quadragesimo Ratherii Veronensis vel inefflcax se vivente, ut est sibi visum garritus ; il n’a certainement pas été prononcé tel quel, et nous avons affaire avec un opuscule mis en circulation dans le public. La première partie traite de divers abus qui se glissent dans l’observance du carême ou d’autres préceptes, n. 1-28. Une seconde partie s'élève contre « l’hérésie des anthropomorphites », dont Rathier avait perçu quelques échos dans son voisinage ; elle s'élève aussi contre une superstition qui attribuait une valeur très spéciale à la messe célébrée le lundi en l’honneur de l’archange saint Michel, dans tel sanctuaire de Vérone. Les précisions doctrinales fournies par l'évêque furent mal comprises. Il dut s’expliquer dans un petit tract, où il voulut être plus clair encore ; cf. col. 713-714. En plusieurs manuscrits, la sortie de l'évêque contre les anlhropomorphiles figure comme un opuscule spécial. — De la même année 963 nous avons aussi un sermon pour le jeudi saint (.Serm., ni, col. 714-719) ; il faut compléter le texte très lacuneux des Ballerini par l'édition donnée par Vogel. Le sermon roule non sur l’eucharistie, mais sur la réconciliation des pénitents et l’absolution qui se donnait ce jour-là, comme prélude à la communion. Intéressant pour l’histoire de la pénitence.

Pour 965, nous n’avons qu’un seul sermon (Serm., i, col. 749) intitulé De Maria et Marlha, et prononcé le dimanche qui avait suivi la fête du 15 août. Il n’y est pas question de la sainte Vierge et l’histoire de Marthe et de Marie ne vient guère que pour permettre à l'évêque de répondre à diverses accusations portées contre lui.

L’année 968 est l’année des grandes difficultés ; toute une série de sermons en traitent qui permettent de préciser et les vues réformatrices de Rathier et les oppositions auxquelles il se heurte : sermon de Pâques (Serm., v, col. 723), très dur à l'égard de ceux que le carême n’a pas amendés ; sermon de Quasimodo (Ser/7?., vi, col. 726), où l'évêque, reprenant le mot de Jésus à Judas, demande à ses ennemis dont il n’ignore pas les agissements de « faire vite » ; sermon pour un des dimanches après Pâques (Serm., ii, co. 732), de même inspiration que les deux précédents ; semblablement le sermon pour l’Ascension (Serm., ix, col. 740), et celui pour la Pentecôte (il n’est pas dans P. L., le voir dans Vogel, t. ii, p. 231-238), qui se termine par un hymne à la charité, cette vertu dont avaient tant besoin les diocésains de Rathier.

Tel est l’ensemble de la production littéraire de Rathier, de celle du moins qui est venue jusqu'à nous. Elle permet de se faire une idée du personnage. Admirablement armé pour la lutte — aucun de ses contemporains ne saurait, pour la culture intellectuelle, lui être comparé — animé des meilleures intentions, pénétré de l’urgence qu’il y avait de travailler à la réforme de l'Église, il laisse néanmoins l’impression d’une vie gâchée. Peut-être lui manquait-il surtout le sens des réalités, le souci de la mesure, la claire vue des possibilités. Il réfléchissait pourtant beaucoup ; mais il réfléchissait trop. Hauck le caractérise fort bien quand

il le nomme « un génie de la réflexion ». Le reploiement sur soi-même, l’habitude de tout soupeser, de voir les diverses faces des choses n’est pas toujours favorable à l’action ; l’hésitant, après de multiples tâtonnements, se décide tout à coup pour une solution, qui n’est pas toujours celle qui convient. Trop préoccupé de son moi, d’ailleurs, Rathier ne pouvait que susciter autour de lui des antipathies qui ne pardonneraient pas, des oppositions qui ne désarmeraient jamais. Il ne semble pas qu’il ait jamais été aimé, ni qu’il ait aimé personne. Et pourtant il apparaît au milieu du x c siècle comme l’un des hommes qui comptent ; s’il n’a, de son vivant, abouti à rien, il est resté quelque chose des idées qu’il a mises en circulation. Il n’est guère vraisemblable, sans doute, qu’il ait été beaucoup lu. Mal écrite, mal composée, obscure à plaisir, sa production littéraire n’a pas dû sortir des milieux monastiques qui seuls pouvaient, non sans effort, y entendre quelque chose. Il ne faut donc pas se hâter d’en faire un des précurseurs au sens propre du mot de la réforme grégorienne. Ce dont on s’est entretenu longtemps dans les monastères de Basse-Lorraine, c’est bien plutôt, pensons-nous, de son énergie, de sa résistance aux puissants, de son désir de faire triompher, envers et contre tous, la cause qui lui était chère de la réforme de l'Église.

1. Vie.

1. Sources essentielles. — Elles sont constituées d’abord par les ouvrages mêmes de Rathier, qui abondent en indications ; la lettre v, au pape Agapet, en particulier donne une tranche considérable du curricidurn vitiv de l’auteur. Folcuin, dans les Gesta abbatum Laubiensium, complète ces renseignements, n. 19, 20, 22-24, 28, P. L.. t. cxxxvii, col. 560 sq. ; quelques-uns aussi, dans Liutprand. Anlapodosis, t. III, n. 43 et 52, P. L., t. cxxxiv, col. 852. 856.

2. Travaux.

Mabillon, Acta sanctor. ord. S. Bened., siec. v, p. 478-487 ; Fabricius, Bibl. latina medim et infimes wtatis, t. vi, p. 144-149 ; P. et.T. Ballerini, Rutherii vila, dans les prolégomènes de leur édition, reproduite dans P. L., t. cxxxvi, col. 27-142, travail sérieux et qui a servi de base aux études ultérieures ; R. Ceillier, Hist. des auteurs ecclés., t. xix, p. 633-658, antérieur au travail des Ballerini et quiest fort insuffisant, même dans la nouvelle édition ; Histoire littéraire de lu France, t. vi ; Biographie nationale île Belgique, t. xviii, col. 772 ; Alb. Vogel, Ratherius von Verona und das zehnte Jahrhundert, 2 vol., Iéna, 1854 ; fi. Pavani, Un vescovo belga in Italia net secolo X. Studio storico-critico su Raterio di Verona, Turin, 1920.

II. Œuvres. — - 1° Éditions. — Le rassemblement des œuvres de Rathier s’est fait lentement : Surins, Vitæ sanct. april., 1572, donne la Vila Ursmari ;.1. Chapeauville, dans les Gesta poniif. Tungren., t. i, 1613, donne les lettres, v, vi, iv et xiv (Évéracle à Rathier) ; I.. d’Achery, Spicilegium, t. n (de la l rr éd.) donne la plus grande partie des opuscules, et les plus importants des sermons ; B. Pez, en 1729, au t. vi de son Thésaurus (— Cod. diplomatico-historico-epistolaris), donne les décrets sur les réordinations, les lettres xii, xiii, xi. et le.Judicalum ; c’est à Martène et Durand que l’on doit l'édition des Pnvloquia, et de trois lettres, ii, iii, vu, dans Ampliss… collectio, t. ix, 1733. Ce sont les Ballerini qui fournissent l'édition définitive, Vérone, 170°>, à laquelle il y a eu peu d’apports nouveaux, en dehors du Sermon sur la Pentecôte de 968, édité par Vogel, t. ii, p. 231 sq., et d’un fragment de lettre àBaldtïc de Liège édité par R’immlcr dans Xenes Archiv, t. iv, 1879. p. 178-180.

2° Études. - Outre les travaux cités ci-dessus, voir les modernes histoires de la littérature médiévale : Ebert, Literatur des M. A., t. in. p. 373 ; Hauck, Kirchengesch. Deutschlands, 3-1° éd., t. iii, 1900, p. 284-295 ; A. Eliche, l.a réforme grégorienne, t. i, 1920 (= Spieil. l.ovan., fasc. 6), passim et surtout p. 75-92 ; Manitius, Gesch. derlat. Littéral. des M. I.. I. ii, 192.' !, p. 34-52 (étude littéraire très soignée).

É. Amann,

    1. RATIONALISME##


RATIONALISME. — I. Idée générale. II. Les origines (col. 1690). III. Le xvi 8 siècle (col. 1697).

IV. Le xvir siècle : liberl ins et esprits forts (col. 1720).

V. Le xviiie siècle : le philosophisme (col. 1737).

VI. Le xix° siècle : le scientisme (col. 1765).