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    1. RELIGIONS##


RELIGIONS. CLASSIFICATION, MAZDÉISME ET ISLAM

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Çakli (puissance créatrice) devient l'épouse de Çiva el la « connaissance » devient la révélation des sec ici s magiques qui procurent les voluptés dont elle dispose. La Maya pour beaucoup de Çaktistes est la puissance suprême qui supplante Çiva, la Dévi, la Durga, la Kali, enfin, déesse la plus populaire du Bengale, la mort génératrice de la vie, dont l’image, ceinturée de crânes humains, est inondée du sang de victimes qui autrefois étaient également humaines.

c. Par la bctkhli ou dévotion, au contraire, nombre d’Hindous de l'élite spirituelle ont paru et paraissent s’approcher de l’idée du vrai Dieu qu’on aime pour lui-même et plus que soi-même.

C’est elle qui a inspiré la Baghavad-Gita, le chant du Seigneur, le joyau de la littérature hindoue et l'œuvre la plus populaire de l’Hindoustan même ; « une âme de religion monothéiste y fait crever de toute part l’enveloppe panthéiste. » Ibid., p. 130. Elle a conduit l'école védantiste de Madhva (xiiie siècle) et Ramanuja (xie siècle) jusqu’au monothéisme lui-même. Malheureusement ce monothéisme n’a pas entièrement dominé le panthéisme, puisque, d’après ses tenants, il fait émaner le monde par une nécessité de nature, d’un Dieu qui en a besoin comme de son corps. Puis « le Dieu qu’adorent les bakhla reste en plus d’une de ses manifestations, cruel, sensuel et égoïste ». Ibid., p. 135.

A ce tableau il faut ajouter que les meilleurs parmi les Hindous « ne songent pas à supprimer, à peine osent-ils blâmer ce qui est le plus contraire â leurs propres aspirations » (p. 137) et que, dans une grande partie des classes instruites, la religion n’est plus qu’un ensemble d’observances tout extérieures, maintenu sous couleur de fidélité nationale, au dire même du Mahatma Gandi.

b) Le bouddhisme. - Dès le début de notre ère, le bouddhisme se scinda dans l’Inde, en deux grandes branches, divisée chacune en de nombreuses sectes. Il y eut le « Petit véhicule », le Hinayana (ainsi appelé par ses adversaires) dont tout le culte consiste en la vénération des reliques du Bouddha ; nihiliste, agnostique, athée, qui est responsable de la notion du Nirvâna-anéantisscment attribuée trop longtemps au maître. Le Mahayana ou « Grand véhicule » s’y oppose ; il enseigne l’universelle « vacuité », mais au fond professerait, disent ses adeptes d’aujourd’hui, une sorte de panthéisme idéaliste. Surtout il revient à la bakhti, ou dévotion, moyen d’union au principe suprême panthéiste, source de félicité, grâce â l’immortalité personnelle, au moins dans les paradis antérieurs au Nirvana, culte du Bouddha ou des Bouddhas célestes et surtout des Bodhisattvas, sauveurs qui diffèrent d'être des Bouddhas (par l’entrée dans le Nirvana) afin de secourir les hommes.

Le Mahayana (il « en principe ou en velléité sortir du phénoménisme agnostique ou réaliste, où se bornait le Hinayana et de cette morale de bienveillance froide, où la charité ne sert que d’expédient pour échapper a la souffrance vitale ». Allô, ibid., p. 143. Mais il laissa par le culte, des Bouddhas et des Bodhisattvas pénétrer dans le bouddhisme la superstition et le paganisme hindous.

On était loin de renseignement primitif, les théologiens maintinrent les droits de la tradition en distinguant la vérité supérieure et In vérité apparente. Au xii c siècle le bouddhisme disparut de sa patrie d’origine, hormis Ccylan et le Népal, parce que le Petit véhicule n'était plus une religion et que le Grand avait trop emprunté à l’hindouisme pour ne pas être réabsorbé par lui.

Les conquêtes faites par le bouddhisme hors de l’Inde ont compensé pour lui la perte de ce pays. L'île deCeylan.la Birmanie, le Siam, le Cambodge, onl héiité « lu Petit véhicule et de ses déficiences. Les sectateurs

laïques du bouddhisme, dans ces pays, sont des païens, ce à quoi les bonzes ne mettent aucun obstacle, vivant dans une pieuse et béate fainéantise.

Au nord, le bouddhisme s’est répandu depuis le Thibet jusqu’au Japon en s’inspirant du Grand véhicule. Deux traits l’y caractérisent : « la conception, plus hindoue et védantique qu’autre chose, de l'Être unique et absolu », qui flotte entre l’impersonnel et le personnel, ibid., p. 150, et puis le fait que partout il s’est amalgamé aux paganisrnes locaux dont les dieux sont devenus des Bouddhas. En Chine, il est tombé dans le mépris, au Japon il a gardé ou repris une certaine vie ; au Thibct, où les prêtres possèdent tout, naturellement il domine.

Dans toutes ces régions on constate ou retrouve les trois courants signalés plus haut : 1. le quiétisme contemplatif avec son horreur de l’action ; 2. letantrisme, surtout au Thibet où l'Église « rouge » des lamas tantristes est tolérée par l'Église « jaune » ; 3. la bakhli qui a sa meilleure expression dans le culte d’Amida, en Chine et surtout au Japon, où il groupe presque la moitié de la population. Les sectateurs croient « à un Dieu universel (sinon créateur), à un sauveur toujours actif, à un paradis qu’on gagne par la foi et le repentir pour y demeurer toujours ». Allô, ibid., p. 159.

Le médiateur Amida est accompagné d’une médiatrice toute miséricordieuse, Kwannon chez les Japonais. Mais il y a la métempsycose, des superstitions, des erreurs morales, comme la légitimité du suicide pour gagner plus tôt le paradis, puis Amida et Kwannon ne sont que des produits de mythologie, le Nirvana, « la vacuité » à l’horizon, et enfin une sanctification à bas prix. En Chine, tout l’amidisme est contrecarré par une mentalité générale mêlée « au culte formaliste des ancêtres, à la peur des esprits, et, au mieux, à un vague déisme naturel étouffé d’ailleurs sous un amas de superstitions ». Ibid, p. 162.

En somme, au bout de l’enquête on trouve : « la mystique qui a voulu supprimer le monde au profit de Dieu…, la rêverie d’identité et le quiétisme des Upanishads. Çakya-Mouni, trop agnostique, ou trop timide comme penseur, n’a pu enrayer cette marche à la mort. » Allô, ibid., p. 164.

Mazdéisme et Islam.

Plus sobres, plus directement accessibles à l’ensemble des hommes que le

bouddhisme et le brahmanisme orthodoxes, mais moins favorables, par eux-mêmes, aux formes les plus élevées du mysticisme, l’islamisme et le mazdéisme contiennent eux aussi des éléments d’infériorité.

1. Le m izdcisme.

Au sein d’un polythéisme assez semblable à celui que représentent les Védas dans l’Inde, s’est produit en Iran -à quelle date on l’ignore, bien qu’on penche de nos jours dans le monde savant pour une époque tardive - - une réforme dont la grandeur est indéniable et qui ramène tout à la lutte que, par la discipline morale et les rites, le fidèle mazdéen doit mener avec Ormuzd pour le bien et la lumière conlre Ahriman, les ténèbres et le mal. Mais cette réforme n’a que très imparfaitement éliminé le naturisme primitif, même dans les Écritures sacrées, l’Avesta ; elle fait trop peu de part au sentiment, au mysticisme ; l’ascétisme en est exclu pour la raison que tout est bon dans le monde bon, la justice stricte y domine et non l’amour ; enfin son dualisme, bien que moins absolu que celui du manichéisme (qui ne lui doitqu’une pari ic de ses éléments), tend à parquer les êtres en deux catégories ou ils sont fatalement enrôlés par leur prédéterminai ion originelle. C’est pourquoi le mazdéisme a eu beaucoup moins de rayonnement que le bouddhisme et le mahométisme qui lui sont philosophiquement inférieurs.

2. L’Islam. Quant à l' Islam voici le jugement que porte sur lui M. Loisy : « religion démarquée du ju-