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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/591

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    1. REVELATION##


REVELATION. POSSIBILITE

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demeure avant tout une manifestation de connaissances.

IV. ESPÈCES.

Par rapport au sujet auquel une vérité est dévoilée, la révélation est immédiate ou médiate.

Elle, est immédiate quand elle est faite directement à quelqu’un. Dieu s’est révélé à Abraham, le Christ a parlé à ses disciples lors de son passage sur la terre. La révélation faite aux hommes par les anges est communément appelée immédiate. Les anges, en effet, agissent non seulement sur l’ordre divin mais aussi d’euxmêmes, lorsque Dieu les autorise. Puisqu’ils savent beaucoup de choses ils peuvent ainsi les révéler. En ce cas, s’ils interviennent seulement par permission de Dieu, la révélation est immédiate ; lorsque c’est sur ordre de Dieu et en qualité de légats leur révélation est médiate. Dorsch, Institutiones theoloqiæ fundamentalis, p. 301, qui renvoie lui-même à Schilfini, De. virtutibus infusis, p. 120, n. 80 ; voir aussi en même sens Ottiger, Theologia fundamentalis, t. i, p. 47, contre Jansen, Prœtectioncs théologies fundamentalis, Utrccht, 18751876, p. 118 et les autres.

La révélation immédiate est interne ou externe selon que Dieu agit sur la faculté intellectuelle elle-même ou produit quelque connaissance chez l’homme en lui proposant extérieurement quelques objets (voir plus haut les modes de la Révélation).

Elle est médiate pour ceux à qui le prophète, après avoir reçu communication d’une vérité, transmet le message divin. Ce fut le cas des prophètes de l’Ancien Testament ou des apôtres, messagers de la bonne nouvelle à travers le monde. La mission du légat n’est remplie avec fruit que s’il a une autorité suffisante auprès des foules et s’il ne peut pas tomber dans l’erreur. Pour que l’envoyé obtienne créance, Dieu confirme sa parole par des signes de crédibilité, tels que les miracles ou les prophéties. Pour qu’il ne se trompe pas, ne déforme pas son message et ne l’exprime pas d’une manière inadéquate, il reçoit le don de l’infaillibilité.

II. Possibilité de la révélation.

Il faut considérer successivement la révélation immédiate et celle que nous avons appelée médiate.

I. LA RÉVÉLATION IMMÉDIATE EST POSSIBLE.

Non seulement, en effet, elle ne présente pas de contradictions internes ou externes, elle ne « répugne » pas, comim disent les logiciens, mais, tout au contraire, elle convient.

Elle ne répugne pas.

Ontologiquement, la possibilité, considérée d’une manière générale, est la même chose que l’aptitude à l’existence. Elle est interne quand il n’y a pas de contradiction ou de répugnance dans les éléments constitutifs d’une chose : entre dans cette catégorie tout ce qui peut être pensé. Elle est externe lorsque la cause efficiente a la force suffisante pour faire passer à l’existence ce qui est pensable. Une chose est physiquement possible, si elle l’est intérieurement et extérieurement. Il y a possibilité morale, quand la cause (créée) ellieiente est douée de raison et qu’elle est apte à faire passer à l’existence ce qui est possible intérieurement et extérieurement, malgré les circonstances et les tendances du milieu et en dépit de ses habitudes propres. Ce qui est physiquement possible peut donc parfois, à cause de difficultés et d’obstacles de toute sorte, être m iralement impossible. La révélation immédiate et médiate, telle que nous l’avons analytiquement définie, est-elle physiquement et moralement possible ? Elle l’est, car elle ne répugne ni de la part de Dieu, ni de celle de l’homme, ni de celle de l’objet.

1. La révélation ne répugne pas de la part de Dieu. —

a) Elle, est physiquement possible. —

Dieu, qui a créé l’homme et lui a donné la faculté de la parole, est à même de faire par lui-même et immédiatement ce qu’il a accordé à la créature. Il en a la puissance physique. Une affirmation contraire serait absurde et rappellerait à l’esprit les paroles du psalmiste :

Celui qui a planté l’oreille n’entendrait-il pas ? Celui qui a formé l’œil ne verrait-il pas ? [trait-il pas ? Celui qui donne à l’homme l’intelligence ne reconnai (Ps. xr.iv, 9-11).

Rien ne s’oppose à ce que Dieu, être personnel et vérité absolue, dévoile ses connaissances de la façon et dans la mesure où il le veut à un sujet capable de les recevoir. Possible, en tant qu’elle est la parole divine, la révélation l’est également si l’on considère l’influx divin de la lumière intérieure, qui permet au prophète de porter un jugement infaillible sur l’origine des vérités qui lui sont dévoilées.

Dieu, en effet, qui gouverne le monde des êtres matériels et le monde des esprits selon les lois qu’il a lui-même établies, demeure absolument libre et jouit du plein pouvoir d’y faire ce qu’il veut. Rien ne l’empêche donc d’exercer sur l’intelligence de l’homme, qui lui demeure soumise, un influx immédiat, comme celui qui est requis dans la révélation. Sans doute cette lumière intérieure est d’ordre surnaturel, mais rien n’y répugne, car, si les causes secondes agissent selon des lois qui sont considérées comme stables et constantes, elles peuvent cependant varier dans leurs effets, sous l’action de la cause première. La révélation apparaît ainsi comme un miracle d’ordre intellectuel. Dieu y meut d’une manière surnaturelle l’intelligence du prophète, objectivement en agençant et en ordonnant ses idées, subjectivement en l’éclairant, afin qu’il juge sans erreur du caractère surhumain de la communication qui lui est faite. A cela rien ne s’oppose ; l’intervention divine peut s’exercer en dehors des lois physiques et psychologiques, étant donné que celles-ci ne sont qu’hypothétiquement nécessaires. S. Thomas, Sum. theol., I a, q. cv, a. 3 ; a. 6 ; Cont. gent., t. III, c. c. Pour le détail se reporter à l’art Miracle.

Malgré les difficultés opposées par le déisme, les variations, introduites par la révélation dans l’orientation des créatures vers Dieu, n’affectent nullement l’immutabilité, la sagesse et la majesté divines. Au contraire, elles permettent d’entrevoir sa puissance et ne pas l’admettre serait la limiter arbitrairement. Toutefois, remarquons-le, Dieu, en lui-même, n’a pas changé ; ses conseils demeurent immuables ; ceci est vrai du miracle physique, tout autant que du miracle intellectuel. A ce sujet le cardinal MaLzella écrit : Quemadmodum igitur, ab œterno cursum natures modumque naturalis cognitionis Deus constitua, ita etiam ab œterno decrevil per revelationem supernaturalem homini veritates communicare, atque duplicem hune tum naturalis tum supernaturalis cognitionis ordinem harmonice disposait. De religione et Ecclesia, p. C3.

L’acte divin, en effet, est unique, simple et éternel. Il atteint, comme il convient, tout ce que Dieu fait en dehors de lui, mais d’une manière diverse selon les circonstances de temps, de lieu et autres. Par la révélation, dans laquelle il est tenu compte de la nature de l’intelligence et de la volonté humaines, s’ajoute une nouvelle relation externe, qui perfectionne l’ordre naturel, mais il ne se produit aucun changement interne en Dieu. Saint Thomas montre avec clarté que la révélation ne contredit nullement à l’immutabilité divine : Aliud est mutare voluntatem et aliud est velle aliquarum rcrum mntationem. Potesl enim aliquis eadem voluntate immobiliter permanente velle, quod nunc fiât hoc. et postea fiai conlrarium. Sed tune volunlas mutarctur, si aliquis inciperel velle. quod prius non volait, vel desineret velle, quod voluit. Sum. theol., I 8, q. xix, a. 7.